Chapitre 12

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Après une semaine pleine de rebondissements, je suis heureuse car c'est ce week-end que j'emménage. Jean-Paul, un gentil collègue de travail, me prête une camionnette ainsi que sa paire de bras pour m'aider. Jean-Paul est un grand gaillard costaud de 1m90, marié et père de cinq enfants. J'ai été agréablement surprise qu'il me propose son aide lorsqu'il a entendu une de mes conversations avec Noémie. Nous n'avons jamais été proches lui et moi mais je n'allais pas refuser l'aide d'une force de la nature pareille ainsi que la camionnette de son beau-frère. En tout cas, je me voyais mal déplacer mes meubles avec Mel. Nous avons beau être en forme, je crois bien que nous aurions eu du mal à porter le lave-linge ou encore le réfrigérateur. Sa proposition est vraiment tombée à point nommé.

J'ai fait mes cartons ce matin, mon deux-pièces a été rapidement vidé. Heureusement que je ne fais pas dans l'achat compulsif comme Mel. Pendant les quelques jours que j'ai passé chez elle, j'ai pu m'apercevoir qu'il ne restait pas une place dans ses placards. Peu importe la pièce, tous étaient remplis. Je peux aussi dire merci à mon repos forcé et à Marie Kondo qui m'a montré comment débarrasser ses placards. Dès que j'ai pu me tenir debout plus de 5 minutes, j'ai entrepris un grand rangement. Et enfin je peux dire merci à Paul qui, en récupérant ses affaires, a fini de faire place nette. Quoique tout bien réfléchi, je préfère ne pas lui dire merci. S'il ne s'était pas amouraché de notre agent immobilier, nous serions deux à déménager aujourd'hui. Mes yeux s'embuent, il faut que je me reprenne. Paul est un con, il ne faut pas que je l'oublie.

J'ai fait deux allers-retours avec des cartons et je les ai remisés dans une des chambres que je ne referai pas tout de suite. Je descends dans le salon que je n'ai pas encore commencé à remettre en état. Je suis déçue de ne pas avoir pu le faire avant d'emménager. Je ne me sens pas encore vraiment chez moi. D'ailleurs, j'appréhende un peu de me retrouver seule dans cette grande maison mais je n'ai pas le choix. Si j'attends encore, je risque de voir débarquer mon nouveau banquier. Je n'ai rien contre monsieur Pingre - c'est son vrai nom, je le jure - mais je n'ai rien pour non plus. Moins je le vois, mieux je me porte. Il est un peu vieille école, il n'a toujours pas compris pourquoi une femme seule achète une maison. Je pense qu'il est temps pour lui de prendre sa retraite.

Lorsque je sors pour retourner à l'appartement, j'aperçois de nouveau la DS garée en face. Il faut avouer que ma vision de loin n'est pas vraiment au top. Cependant, je refuse de porter des lunettes. Tant que j'arrive à décrypter les panneaux routiers, c'est suffisant pour moi. Apparemment, un homme est au volant. Enfin, c'est mon impression, c'est peut-être une femme aux cheveux courts et aux épaules plutôt larges. Je n'ai pas vraiment eu le temps de voir son visage car il a détourné la tête au moment où je sortais. Je ne sais pas si je me fais des idées mais c'est plutôt bizarre. Je décide de m'approcher pour me présenter mais la voiture démarre et s'éloigne rapidement, ce qui ajoute à mon malaise. Mon téléphone sonne à ce moment, c'est Mel qui m'annonce qu'elle est en chemin. Je ne m'attarde pas plus sur mon conducteur mystère et file la rejoindre à l'appartement.


Dès mon arrivée, j'aperçois Mel qui se gare. Je suis surprise de voir qu'elle n'est pas venue seule. Elle est accompagnée de Gérard, son père. Je connais Gérard depuis toujours, ou presque. Il est comme un deuxième père pour moi. Depuis que mes parents ont décidé d'aller vivre leur retraite au soleil, je suis bien contente de pouvoir aller dîner de temps en temps chez ceux de Mel. Malgré tout, je n'avais pas osé lui demander de l'aide. Je sais qu'il est en forme mais il me semblait plus juste de faire appel à une équipe plus jeune.

Avec son aide et celle de Jean-Paul, je suis sûre que tout va bien se passer. Ce dernier ne tarde d'ailleurs pas à arriver. Après quelques hésitations sur l'organisation, nous commençons à descendre les meubles jusqu'à la camionnette. Je suis ravie de voir qu'en deux voyages ce sera réglé. Je ne vais pas abuser de l'aide de Jean-Paul et de Gérard. Une fois l'appartement vidé, je les invite à boire un café à la maison en leur promettant de les inviter bientôt à ma pendaison de crémaillère. Jean-Paul s'éclipse rapidement suivi de peu de Gérard qui semble tout de même un peu fatigué. Je culpabilise de lui avoir fait porter mes meubles mais Mel m'assure qu'il était vraiment content de pouvoir donner un coup de main surprise.

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