Chapitre 25

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Le lendemain, j'arrive au travail prête à faire la tournée de mes clients mais qu'elle n'est pas ma surprise lorsque je ne trouve ma voiture nulle part sur le parking. J'entre dans les bureaux et m'apprête à toquer à la porte de Noémie lorsque je suis interpellée par Lebrun.

— Mademoiselle Bertin ! Dans mon bureau !

Son ton est sans appel, je sens les remontrances arriver, mon sang se fige. Je me présente devant sa porte et elle ne perd pas de temps :

— Mademoiselle Bertin, il me semble avoir été plutôt claire lorsque je vous ai expliqué que les déplacements à tout bout de champ n'étaient plus acceptables. Hors, on m'a rapporté que vous aviez prévu une journée complète de rendez-vous.

Elle marque un temps de pause. J'imagine qu'elle attend des explications mais mon cerveau est resté bloqué sur le début de sa dernière phrase. Comment est-il possible, au bout de quelques malheureux jours, que l'ambiance entre collègues ait à ce point décliné ? Je ne me fais pas trop d'illusions sur la personne qui lui a balancé l'information. Romain ne perd rien pour attendre. En temps normal je suis quelqu'un de plutôt paisible et je préfère plutôt arrondir les angles mais là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ma vengeance sera terrible. Enfin, c'est ce que j'espère parce qu'il faut bien l'avouer, je n'ai pas trop d'expérience en la matière.

Lebrun interrompt ma réflexion lorsqu'elle se racle la gorge. J'avise son air agacé, visiblement elle attend toujours que je me manifeste. Je ne compte pas lui faire ce plaisir. Plutôt crever que me rabaisser à des explications, ou pire, des excuses. Je soutiens donc son regard sans piper mot. Elle reprend donc son monologue :

— Je vois que vous n'avez rien à apporter pour votre défense. Je ne voulais pas en arriver là mais je me vois donc dans l'obligation de vous mettre à pied. Vous serez donc convoquée pour que je vous notifie la sanction dans les plus brefs délais. Je ne saurais que trop vous conseiller de vous en tenir à vos prérogatives d'ici là.

Je ne réponds toujours pas et la fixe droit dans les yeux. Pendant un instant, j'ai l'impression qu'elle est déstabilisée par mon manque de réaction. C'est très bref mais je crois bien avoir vu de la surprise dans son regard. Je continue de la fixer et je sens mes lèvres se relever toutes seules. Je souris. Si mon but est de saboter ma carrière, je crois que je ne pourrais pas mieux m'y prendre. Je vois son étonnement se transformer en colère, non plutôt en fureur. Je sens qu'elle perd le contrôle de la situation, ce qui me réjouit encore plus. Je n'ai toujours pas prononcé un mot, elle explose et se met à hurler :

— Sortez immédiatement de mon bureau !

Je tourne les talons et me dirige vers mon poste de travail. Je m'installe devant mon ordinateur et ouvre mon agenda. Je regarde ma liste de rendez-vous et je suis triste. Je vois les noms de tous mes clients et je réalise que je ne les verrais plus. Je vais devoir me contenter de passer ma journée au téléphone. Ce que j'aime le plus dans mon travail, c'est le contact humain. Si on me l'enlève, je ne suis plus une commerciale, je deviens une standardiste. Ce n'est pas ce que je veux. Je ne veux pas prendre de décision à la hâte mais je n'envisage pas cet avenir-là. Soudain, tout s'éclaire : je sais ce que je vais faire ! Je ne perds pas de temps et mets mon plan en action. Le timing va être serré.


Ce vendredi matin, Noémie débarque dans mon bureau comme une tempête :

— Emma, mais qu'est-ce que tu as fait !!?

— Bonjour à toi aussi.

Elle vient d'apprendre la nouvelle. Je n'en ai encore parlé à personne : aujourd'hui c'est mon dernier jour de présence. Ma décision peut paraître précipitée et c'est pour ça que Noémie est inquiète. En réalité, si j'ai effectivement été prompte à prendre la décision, je ne pense pas qu'elle soit irréfléchie. J'explique donc tout à Noémie :

Rénover ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant