Rénover ma vie

Chapitre 9

J'arrive sur les coups de dix heures, requinquée par une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner de compétition. Aujourd'hui je vais ranger la chambre. Elle est plutôt classique, les meubles, un lit, une armoire, une commode et deux tables de chevet, sont tous en chêne. Ils sont de très bonne qualité mais je ne les garderai pas. Je ne me vois pas dormir dans le lit de monsieur Largentière. Surtout pas après avoir vidé toutes ses affaires de la maison. Dans un angle se trouve un fauteuil avec une housse. J'enlève cette dernière et suis surprise de découvrir une bergère Louis XV. Le fauteuil est en chêne plutôt foncé et son tissu est blanc cassé avec des motifs floraux dans les tons vert et rose. Il est magnifique, il n'est même pas usé et j'en suis pour le moins surprise. Je remets la housse et m'assieds dessus. Il est tellement confortable que je m'imagine immédiatement bouquiner installée près de la fenêtre. Je vais le conserver c'est sûr.

Je commence par vider la penderie de tous les vêtements. Ils seront donnés à une association. Ensuite je m'attaque à la commode, dans les deux premiers tiroirs je n'ai pas de surprise : je trouve des sous-vêtements que je balance dans un grand sac poubelle. Lorsque j'ouvre le troisième tiroir, je trouve une belle boîte en fer. Je la prends et vais m'asseoir sur le fauteuil pour découvrir ce qu'elle renferme. J'ouvre la boîte avec précaution et trouve une pile de lettres. Je commence à lire la première. C'est une lettre écrite par monsieur Largentière à sa femme.

Vienne, le 13 mars 1980

Ma très chère Mathilde,

Je ne suis parti que depuis deux jours et déjà tu me manques. J'ai l'impression d'avoir un grand vide en moi quand je suis loin de toi. Même le temps me rappelle ton absence, il s'est mis à pleuvoir dès mon arrivée et la pluie ne s'est pas arrêtée depuis lors.

Je regrette d'avoir dû partir si tôt après notre mariage. J'espère que tu ne te sens pas trop seule dans notre nouvelle maison. Il me tarde tant de rentrer et de pouvoir te serrer dans mes bras. Nous pourrons alors pleinement profiter de notre mariage et aménager notre maison pour accueillir nos futurs enfants.

Je t'embrasse tendrement.

Ton amant dévoué,

Charles.

Il a donc été marié. Je suis heureuse d'en apprendre plus sur lui, sur Charles. J'ai aussi le cœur serré en me remémorant qu'il a fini seul. Comment est-il possible qu'un homme aussi amoureux de sa femme et qui semble aussi prévenant finisse tout seul ? Je mets la boîte de côté, je lirai les autres lettres plus tard. Celle-ci m'a déjà assez donné le cafard.

Tout à coup j'entends du bruit au rez-de-chaussée.

— Mel je suis en haut !

Pas de réponse, c'est bizarre. Je réalise alors que ce ne doit pas être elle.

— Monsieur Diaz ?

— Oui c'est moi, ne vous dérangez pas, je viens juste prendre des mesures.

Non mais quelle impolitesse, il entre sans s'annoncer et ne daigne même pas me saluer ! Mon sang ne fait qu'un tour, je ne vais pas pouvoir tenir ma langue. Je descends comme une furie et lui lance un bonjour pour le moins appuyé. Je vois sur son visage la surprise, il me répond timidement. Je crois bien qu'il a compris son erreur mais je vais quand même mettre les points sur les i.

— Monsieur Diaz, je peux imaginer que vous soyez pressé un samedi matin et que vous ne vouliez pas perdre de temps mais je souhaiterais cependant que vous fassiez preuve d'un minimum de politesse. Je n'apprécie pas du tout que vous entriez chez moi sans vous annoncer.