— Bien, cette année, vous apprendrez avec moi à vous défendre. Le monde des ombrumes est dangereux, vous pourriez vous promener dans les bois et tomber nez à nez avec un vampire...Ou un sorcier des plus abjects. Sans vouloir t'offenser, Roxanne.
Pas le moins vexée du monde, la jeune élève secoua la tête. La plupart des attaques contre les fées venaient de son espèce, et vice versa.
Si madame Gorgias avait donné une mauvaise impression à l'ensemble des premières années, mademoiselle Elira avait rassuré les plus émotifs, prêts à écrire une lettre à leurs parents pour s'envoler d'ici.
Leur nouvelle professeure était une fée aux boucles dorées si épaisses qu'elles camouflaient parfois ses yeux, et ces deux espèces de loupes qui les recouvraient. Mademoiselle Elira— ou Constance de son prénom— prétendait que les humains (des étranges et lointaines créatures que la sorcière espérait ne jamais rencontrer) surnommaient cette invention « lunettes » et Roxanne fut tentée de la croire.
— L'année prochaine, vous serez amenés à trouver votre spécialité. Eau, vent, foudre, zoologie, orfèvrerie, givre...Les possibilités sont nombreuses et je suis certaine que beaucoup d'entre vous ont déjà choisi. Les autres, pas d'inquiétude ! Mes collègues et moi sommes là pour vous aiguiller tout au long de l'année. En attendant, vous apprendrez les sorts que toute fée ou sorcière doit savoir invoquer, et ce peu importe votre avenir. Avec moi, vous saurez vous protéger, distraire un ennemi et, uniquement lorsque cela est nécessaire, le blesser. Comme il s'agit de notre premier cours, vous allez un par un me montrer de quoi vous êtes capables. Fly, veux-tu bien commencer ?
Le garçon acquiesça et monta au tableau blanc où l'enseignante avait noté les consignes. Protégez ce rongeur. Roxanne plissa les yeux. Sur le grand bureau, un écureuil aussi roux que sa propre chevelure, grignotait ses friandises sans se douter une seconde du sort que les vingt élèves de la classe lui réserveraient. D'un geste de la main, mademoiselle Elira éleva des ombres de loups autour du petit animal.
Fly les repoussa avec aisance. Il enveloppa d'un dôme de verre le petit rongeur puis lui offrit une poignée de noisettes grillées. Toutefois, il ne s'arrêta pas là : la protection évolua en boule à neige qui grossit pour permettre à l'écureuil de visiter un somptueux parc hivernal. Des vêtements d'hiver l'habillèrent. Ainsi vêtus, il ne s'inquiétait ni du froid des flocons, ni des regards curieux qui s'étaient approchés de lui.
Pour parfaire sa démonstration, le prince claqua des doigts : des feux follets hantèrent la prison du rongeur, l'effrayant quelque peu. Myrtille fronça les sourcils mais avant qu'elle ne puisse révéler le fond de sa pensée, Fly avait déjà libéré l'écureuil.
De concert avec les autres élèves, la prpfesseure ne put s'empêcher d'applaudir, et bien qu'il s'agisse du prince, Roxanne dissimula mal son émerveillement.
— Merci Fly. Sa Majesté ne mentait pas : ton niveau est impressionnant. Tu peux retourner t'asseoir. Qui veut essayer ?
Un long silence balaya la pièce. Difficile de rivaliser.
— Personne ? couina la professeure, gênée à l'idée de désigner le suivant.
Rassasié, l'écureuil s'était allongé sur le dos, posant ses petites pattes sur son ventre rond.
— J'attends qu'il termine de digérer et je me lance, lui murmura Myrtille, toujours aussi préoccupée par le bien être de la boule de poils.
— Et ça digère en combien de temps ? rétorqua Roxanne, un peu trop fort puisque mademoiselle Elira la remarqua.
— Roxanne ! s'écria-t-elle, toute souriante. Tu veux essayer ?
La studieuse sorcière n'avait jamais contredit un professeur. Et Constance Elira ne serait sans doute pas la première. Alors Roxanne obéit et quitta sa chaise, sa baguette en main. Quelques rires ricochèrent, avant même qu'elle ne commence.
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Orange Mandarine
FantastikRoxanne est admise dans la plus prestigieuse académie du monde. Le problème ? C'est une école pour fées. Des fées qui la méprisent, des fées que la nature a gâtées en magie bien plus que les maladroites sorcières. Mais Roxanne ne se laisse pas abat...