Orange Mandarine

18- L'épée Au Dessus De la Tête (2/2)

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— Au fait, pourquoi tu es venue ici ? demanda-t-elle, d'un ton posé. Si tu as si peur de croiser l'assassin. Qu'est-ce qui te fait croire que ce n'est pas moi ?

Il pencha la tête sur le côté et la dévisagea, surpris.

— Toi ? Tu n'es même pas capable d'édifier un bouclier. Comment pourrais-tu enchanter un gâteau ?

Chassé le naturel. Il revient au galop...Vexée, elle plissa les yeux puis manqua de lui faire remarquer qu'un potion mortelle pouvait aussi bien se créer sans baguette magique. Il lui donnait d'ailleurs une bonne raison de vouloir l'empoisonner.

— En plus, ajouta-t-il d'une voix plus douce, quand j'ai fouillé ta chambre, tu...n'avais pas d'arc, ni de flèches. D'ailleurs, tes ongles ne sont pas noirs.

Sans poussière d'or pour se protéger, aucune ombrume ne pouvait manipuler un ballon de Cercène sans retrouver en retour ses ongles, doigts et  avant-bras recouvert d'une épaisse couche d'écailles noires. Ce qui expliquait les fameuses démangeaisons.

— C'est un argument recevable, même si tu avoues être entré par effraction dans ma chambre.

— Par effraction ? Avec Myrtille, vous ne fermez jamais la porte à clef, railla-t-il.

Elle leva les yeux au ciel.

— Idiot.

Un ange passa et les deux ombrumes s'évitèrent du regard. Pour la première fois, ils discutaient, se taquinaient comme des amis. Et ils étaient sur le point de tout gâcher.

— Tu sais, je ne l'ai pas fait pour te faire renvoyer. Je l'ai fait pour...te connaitre.

— Qu'est-ce qu'il y a à savoir sur moi ? Je ne suis pas une princesse, je viens d'une famille banale. Je n'ai jamais rien fait d'exceptionnelle de ma vie et ...

— Et tu intéresses ma mère, coupa-t-il. Tu es son dernier espoir. Maman espère depuis des années que la relation entre nos deux peuples évolue. La réussite d'une sorcière dans cette école...est un moyen pour elle d'y parvenir. Malheureusement, elle y passe trop de temps et ses conseillers s'en lassent. Ils estiment que mère ne devrait que se soucier des siens...alors ils lui ont posé un ultimatum. Cette année, soit tu réussis, soit elle abandonne pour de bon son projet d'école mixte pour se reconcentrer sur les fées.

Étouffée par cette nouvelle pression, Roxanne déglutit péniblement. Elle redressa ses épaules et effleura du bout du pouce sa baguette. Et Clarisse qui affirme qu'il n'y a aucun mal dans l'échec...

— Tu le penses aussi, n'est-ce pas ? marmonna-t-elle.

— Quoi, donc ?

— Que les sorcières et les fées ne devraient pas se mélanger.

— Non...Enfin, je n'ai pas d'opinion là-dessus. Mais je crois que...Je... j'étais un peu jaloux de toi.

Elle eut du mal à le croire. Qu'avait-elle qu'il ne pouvait obtenir ? Même sa magie lui était supérieure.

— J'ai douze frères et sœurs, et ma mère est la reine d'un des royaumes les plus puissants du monde. Elle n'a pas beaucoup de temps à nous consacrer, et moi trop peu d'occasions de lui prouver que... je vaux quelque chose. Tu l'as sans doute remarqué mais je ne suis pas le plus...irréprochable des princes. A côté de moi, mes frères et sœurs— même ma sœur jumelle Neige —sont la perfection incarnée, alors j'ai honte de...la décevoir.