Malgré tout

Chapitre 7 - Charlotte

Edward ne m'a plus donné signe de vie depuis notre dernière conversation où je lui annonçais que je préférais rester seule. Seule... Je ne suis pas sûre que ce soit tout à fait vrai, mais en tout cas je suis contente d'être à nouveau la seule maître à bord. J'ai repris le cours de ma vie.
Suis-je heureuse ? Je peux dire que oui, même s'il me manque l'amour de ma vie. Alala ces femmes qui ne savent pas vivre sans un homme... Tout en bouclant ma valise, je rigole de mes propres pensées.

- Cha, tu prends le train de quelle heure ? me demande William.
Je regarde l'heure sur mon téléphone.
- Je pars d'ici quinze minutes. Mon train est dans une heure. Pourquoi ?
- Je t'accompagne jusqu'à la gare si tu veux ?
Je le serre dans mes bras en guise de réponse. Il me prépare un dernier café histoire de tenir en arrivant à Bruxelles.
- Je suis trop impatiente de commencer ce weekend de folie !!
- Tu m'étonnes ! Joyce l'est aussi j'imagine ?
- Pas spécialement, dis-je en rigolant. Elle a peur de ce que je lui ai préparé.
- Elle a raison d'avoir peur ?
- Mais non, elle exagère. Je ne suis pas si folle.
C'est au tour de William de se marrer. Je lui donne une petite tape sur l'épaule tout en lui faisant de grands yeux.
- Mais, c'est vrai ! Arrête de te moquer. De toute façon, je connais Joyce par cœur donc je ne ferais jamais aucune activité pour laquelle elle serait mal à l'aise.
Enfin, j'espère...
- Je suis seulement inquiète à l'idée de croiser Léo.
- Ce serait peut-être l'occasion de vous rapprocher à nouveau, tu ne crois pas ?
Je réfléchis à ce qu'il me dit, mais je ne pense pas qu'un retour en arrière soit possible pour nous deux. Toute notre histoire est partie tellement loin.

***

Installée dans la chambre d'amis de l'appartement de Jo, je reprends la liste de tout ce que nous allons faire demain. Je suis si heureuse d'avoir organisé tout cela. Je souhaite vraiment que Joyce passe un excellent moment et qu'elle en garde un souvenir impérissable.
Normalement, je ne devrais pas croiser Léo puisque nous faisons nos activités en même temps et à des endroits différents. Cette certitude m'ôte un stress flagrant et, pourtant, j'aimerais juste le voir quelques instants, de loin, afin de pouvoir l'observer. Seulement le regarder, sans lui parler. L'apercevoir sous son meilleur jour, sans qu'il ne me découvre et se referme en ma présence.

Joyce frappe à la porte et me sort de mes rêveries.
- Chachou, je ne te dérange pas ?
- Jamais ! Je pensais à Léo. Tu as bien fait d'entrer.
Elle me renvoie un petit sourire attendrissant. Je balaye mes idées d'un geste de la main.
- Je voudrais te demander une faveur pour le mariage.
- Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
Je la sens toute gênée. Depuis quand prend-elle tant de précautions pour me demander un service ?
- Est-ce que tu accepterais de chanter pendant la soirée ?
Oh... Je ne m'y attendais pas.
Je sais qu'elle adore me faire chanter - sans mauvais jeu de mots - mais je ne pensais pas qu'elle en aurait envie pour son mariage.
- D'accord, répondis-je simplement en lui souriant.
- Elle me fait un énorme câlin et pose sa tête sur la mienne.
- Tu peux choisir celle que tu veux. Je sais que tu trouveras celle qui fera mouche, me chuchote-t-elle.
Nous restons silencieuses un petit instant, toujours collées l'une à l'autre. Ma meilleure amie me manque tellement. Je sais qu'elle est dans ma vie, que je peux compter sur elle, mais je voudrais la voir dès que j'en ai envie ou besoin. Il suffirait que tu reviennes t'installer ici, me dit ma conscience. Je sais très bien que ce serait plus simple pour tout le monde.

***

Quelqu'un frappe à la porte de l'appartement, mais personne n'a l'air de réagir. Il est très tôt et je ne suis pas encore prête à démarrer la journée. Je passe devant la chambre de Joyce et Brice et j'entends la douche coulée. C'est donc pour cela que personne ne réagit.
Je cours pour aller ouvrir. La personne s'impatiente.

Léo...

La surprise sur son visage ne m'échappe pas. Il m'observe de la tête aux pieds.
Je sens son regard sur moi et un frisson me traverse toute entière. Ses yeux braqués sur mon corps me donnent la chair de poule. Ses yeux...
Finalement, je me rends compte que son air surpris est lié à ma tenue. Effectivement, je ne suis pas vraiment habillée.
Vraiment dommage.

- Oh, salut ! lancé-je embarrassée.
Il entre dans le salon et je ne sais pas où me mettre. Il regarde ses pieds, gêné.
- Je reviens.
Je cours vers ma chambre pour attraper un pull. Je sens mon coeur jusque dans mes tempes. Quand je pense que je voulais seulement le voir de loin, voilà que je me retrouve nez à nez avec lui dans le salon. Au secours, cette fois, l'univers a décidé de me contrarier dès le matin.

Je reviens davantage couverte.
Léo est toujours planté au milieu de la pièce.
- Tu es là tôt, dis-je pour lancer la conversation.
- Oui, Brice était censé être en bas il y a 10 minutes, mais apparemment il traîne.
Je fais des nœuds avec le bas de mon pull. Je suis terriblement nerveuse. Il est si beau, si grand, si sexy...
- Tu veux un café ?
- Non, merci. Dis-lui que je l'attends dans ma voiture, me répond-il en faisant demi-tour vers le couloir.
- Léo, attends.
Je me rapproche légèrement, mais je ne sais pas du tout ce que je veux lui dire. Je veux juste qu'il me regarde encore. Improvise.
- As-tu déjà écrit ton discours ?
- Non, j'ai un peu de mal à trouver les mots.
- Pareil.
Je sais qu'il ne m'a pas posé la question, mais je réponds tout de même.
Nous restons quelques secondes à nous contempler.
- A bientôt.
Je le regarde descendre les escaliers, presque en courant.
J'ai du mal à respirer... J'ai mal au ventre, à la tête, partout.

Brice arrive tout à coup, pressé et me prend par les épaules. Il est derrière moi et me fait pivoter face à lui.
- Tu sais qu'il peut être très froid. C'est sa manière de se protéger.
J'acquiesce.
- N'y pense plus et profite de cette journée. A demain !
Je referme la porte derrière lui et me dirige vers la chambre de Jo.
Elle a quasiment fini de se préparer donc il ne me reste plus qu'à me dépêcher.