Chapitre 4 - Léo

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Charlotte et moi n'avons plus parlé depuis le restaurant. Elle est repartie à Londres comme elle est venue à Bruxelles, c'est-à-dire sans faire de bruit. Le soulagement s'est fait ressentir au milieu de ma poitrine dès que je me suis retrouvé seul chez Brice et Joyce. Cette ambivalence dans mes émotions me rendait lunatique et je ne veux plus être cette espèce de taré désagréable.

Il est temps de me connecter sur Tinder. Je pense que je suis enfin prêt à discuter à nouveau avec de nouvelles femmes. Pour l'instant, je n'ai eu que des aventures sans lendemain, mais il faut aller de l'avant. Charlotte doit sortir définitivement de mon esprit.
Peut-être que cette application n'est pas la plus sérieuse au monde, mais quelques potes se sont fait des plans culs réguliers sans prise de tête. C'est exactement ce qu'il me faut.

***

- Léo, moi qui pensais que tu voulais discuter avant de coucher ensemble, cela n'a pas traîné.
La voix de Margaux est insupportable. Lorsque nous bavardions sur l'application, je ne pouvais pas me douter que cette voix nasillarde allait sortir de ce magnifique corps. La seule réaction que j'ai eue lorsqu'elle a commencé à me parler dans son salon c'est de lui sauter dessus.
Misère, je suis en transe et je regrette déjà cette partie de jambes en l'air.
Je l'entends rigoler de sa propre remarque et je suis encore plus agacé.
- Oui, j'ai été surpris moi-même, dis-je d'un ton neutre.

Je vais me retenir de lui donner mes raisons, ce ne serait vraiment pas sympa de ma part, mais peut-être que ce que je m'apprête à faire n'est pas beaucoup plus charmant. Je me lève brusquement et balance :
- Bon, c'était cool, mais je dois y aller.
- Déjà ? Tu acceptes de me revoir ?
Il me faut deux secondes pour réfléchir et c'est clairement hors de question.
- Je t'appelle, d'accord ? répondis-je sans la regarder une seule fois et en détalant comme un lapin.

Sur le chemin pour retrouver l'appartement de Brice, je me rends compte que je compare toutes mes conquêtes à Charlotte. C'est vraiment pathétique... Il faut que j'arrête de faire cela. J'étais amoureux donc cela ne peut pas être pareil. Il y avait la passion, la confiance, les sentiments qui me grisaient littéralement donc tant que je ne tomberai pas amoureux d'une autre femme, je ne pourrai pas ressentir tout cela. "Tomber amoureux d'une autre femme", voilà bien une idée qui me rend amer. Comme si c'était simple pour moi. Léo, le cœur de pierre...

Je traine des pieds jusqu'à ma chambre. Le couple parfait dort déjà et j'aurais bien aimé passer un peu de temps avec Brice. Peut-être que Luiz est disponible sur FaceTime. Je tente ma chance.
Lorsque je vois sa belle gueule derrière son téléphone, je suis soulagé.
- Salut BG, me dit-il à moitié endormi.
- Salut, je ne te dérange pas ?
Il baille à s'arracher la mâchoire.
- Pas du tout, je glande devant la télé. Tout va bien, mec ?
Je décide de lui expliquer ce qu'il s'est passé l'autre jour au restaurant avec Charlotte et de ma super conquête, Margaux de son petit nom. Luiz écoute sans me juger comme d'habitude et je sens qu'il a déjà un avis sur les problèmes qui me tourmentent.
- Tu dis que vos doigts se sont touchés dans le jardin du restaurant ? me demande-t-il sur un ton curieux.
- C'est la seule information que tu as retenue ?
Je lève un sourcil montrant mon étonnement.
- Et bien, c'est un détail intéressant que tu m'as donné. C'est comme si c'était très important finalement.
Et voilà, je le savais... Il va encore essayer de creuser afin de savoir si je l'aime toujours.
Il continue :
- Comme d'habitude, c'est très compliqué entre vous et comme d'habitude, vous ne savez pas rester loin l'un de l'autre. Je pense que vous serez toujours dans cette spirale infernale tant que vous ne vous décidez pas à définitivement passer à autre chose. Charlotte a rencontré quelqu'un donc essaie de faire de même.
Je suis étonné de ce qu'il me dit.
- Charlotte t'en a parlé ?
- Oui, je l'ai eue au téléphone comme nous ne nous sommes pas vus le weekend passé.

Je regarde mes doigts et je réfléchis à ce que je ressens en connaissant cette information. Elle a expliqué cette rencontre à Luiz aussi. J'imagine, du coup, que ce mec compte pour elle.
- Léo, tout va bien ?
- Mec, je dois te laisser, je te rappelle bientôt.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre.
La seule chose dont j'ai envie maintenant c'est de ne pas finir cette nuit seul. Je décide donc de prendre une douche, de me saper correctement et de sortir m'amuser.

***

Quelques potes de mon ancien boulot m'ont rejoint. Ils sont cool et c'est plaisant de boire des verres avec eux. Peut-être que je pourrais faire une nuit blanche ici et discuter.

Une nana me percute alors que je me dirige vers le bar. C'est une grande rousse et elle a de jolis yeux verts. Peut-être même qu'ils sont aussi verts que les miens. Je me sens con à la reluquer comme cela et je tourne la tête précipitamment.
- Excusez-moi, je suis un petit peu maladroite perchée sur mes talons, m'informe-t-elle en m'offrant son plus beau sourire embarrassé.
Je lui retourne un sourire et je ne sais pas trop quoi lui répondre. Je ne vais tout de même pas rester là à la regarder comme un imbécile heureux. Ressaisis-toi !
Ce n'est rien. Vous pouvez me percuter quand vous voulez.
J'ai vraiment dit cela ? Si elle ne me prend pas pour un gros lourd dans cinq secondes, j'aurai de la chance.
Elle rigole et elle rougit. Tout n'est pas perdu.
- Je vous offre un verre pour me faire pardonner ?
Elle propose de m'offrir un verre. J'aime cette spontanéité.
- Avec plaisir. Il me faudra au moins cela pour m'en remettre, répondis-je en faisant mon plus beau sourire.
Nous discutons de tout et de rien pendant un petit moment et elle est très agréable à écouter. Je dois bien reconnaître que je suis sous le charme et elle est vraiment très jolie.

Après plusieurs heures, je me décide à lui demander son numéro de téléphone et elle me le donne sans hésiter. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de l'inviter dans ma chambre directement. Je ne sais pas pourquoi je ressens cela, mais je voudrais faire les choses correctement avec elle.
- Je ne vais pas tarder à rentrer, me dit-elle un peu gênée.
Elle me donne l'impression de ne pas avoir envie de finir cette soirée et j'ai le même sentiment.
- Tu veux que je te ramène ? proposé-je sans arrière-pensée.
Quoique ? Qui n'en aurait pas après une aussi bonne soirée ?
- Oui, ce serait super, merci.
Je l'aide à enfiler son manteau et elle me suit jusqu'à ma voiture.

Le trajet se passe sans gêne et nous continuons à discuter de nos vies. Lorsque nous arrivons devant chez elle, elle se penche vers moi et dépose un léger baiser sur mes lèvres. Je ne m'y attendais pas, mais je trouve cela extrêmement agréable. Elle recule en redoutant une réaction négative de ma part, mais je me décide à agir. Je m'approche d'elle lentement, passe ma main dans sa nuque pour lui rendre un baiser doux, sans précipitation. C'est peut-être le baiser le plus chaste que j'ai donné à une femme depuis des années et j'aime cette sensation.
- Tu m'appelles ? m'interroge-t-elle.
J'acquiesce de la tête et la laisse sortir de ma voiture pour qu'elle puisse entrer chez elle.

Malgré toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant