Malgré tout

Chapitre 1 - Charlotte

Deux ans plus tard...

Au milieu de la piste de danse de la Fabric, je m'éclate et danse comme une folle. Je suis en transe et tous mes sens sont en éveil. Cette boîte réputée de Londres dispose d'une immense salle de 1000 mètres carrés. Les vibrations des caissons de basse font trembler tout mon corps ainsi que celui de William. Je lui ai fait découvrir la danse et depuis, il me suit dans toutes sortes de soirées branchées. Le dj nous envoie du lourd avec cette musique house et mes pieds ne veulent plus m'écouter. Tout résonne en moi.
- Charlotte ! me crie Will.
J'ouvre les yeux et le découvre me faisant de grands signes voulant me faire comprendre qu'il part nous chercher de nouvelles boissons. Il en a certainement pour une demi-heure avant de revenir me retrouver. Je vais en profiter pour me passer de l'eau sur le visage et rectifier mon maquillage si nécessaire.
Il est 5 heures du matin donc 6 heures à Bruxelles. Joyce doit sans doute encore dormir à cette heure-ci, mais je ne résiste pas à l'envie de lui écrire un message.
Ma belle plante, tu me manques ! Je suis impatiente de te voir dans une semaine !
Je range mon téléphone dans mon petit sac que je porte en bandoulière et retouche mon mascara. Je n'ai pas envie de ressembler davantage à un panda.

Comme je le pressentais, Will n'est pas encore de retour au milieu de cette énorme salle. Nous essayons de toujours revenir au même endroit en trouvant n'importe quel signe distinctif au lieu où nous sommes. Pour ce soir, nous sommes au centre d'un cercle lumineux qui est projeté sur le sol.
Une nouvelle chanson me fait danser en oubliant les autres personnes autour de moi jusqu'à ce que je sente des mains se poser sur mes hanches. Pitié, pas encore ce genre de gars qui se permet de toucher les femmes sans remords. Je me retourne vivement et lui fais comprendre que nous pouvons danser ensemble sans que cela devienne tout de suite une allusion sexuelle. Il a l'air d'accepter mon envie et continue ses mouvements face à moi. C'est très agréable et il danse vraiment bien. S'il continue comme cela, tout ne sera peut-être pas perdu pour lui ce soir.

***

Réveil rude et un corps lourd est posé sur moi. Des souvenirs d'une fin de soirée me reviennent en tête et je regrette instantanément ma conduite. Te souviens-tu au moins de son prénom ? m'interrogé-je. J'ai beau chercher, c'est le flou complet. Je n'essaie pas d'être discrète en sortant de mon lit. S'il se réveille rapidement, il pourra partir d'ici tout aussi rapidement. 

Il a l'air complètement dans le coma... Je vérifie tout de même s'il respire et c'est le cas - soulagement - donc je peux aller préparer du café en espérant que l'odeur de ce nectar indispensable à un lendemain de veille le sortira de sa léthargie.

William accompagne un beau mec à la porte et le remercie pour la nuit. Je suis soulagée de voir que je ne suis pas la seule à avoir comblé un vide immense.
Je suis finalement restée vivre avec mon british préféré car cela l'arrangeait de diminuer son loyer et moi j'étais rassurée de ne pas être seule. J'ai essayé de vivre dans un petit studio et ce fut un échec. Je faisais des crises d'angoisse à répétition et Will en avait marre de devoir venir me réconforter tous les soirs. J'ai appris que Léo avait très mal pris cette information en disant, je cite : Elle devait soi-disant vivre seule son expérience. Je constate que "seule" veut simplement dire "sans moi". Il n'a jamais été aussi loin de la vérité, mais je n'ai jamais été assez couillue pour le lui avouer. Il allait repartir à Lyon et je ne pouvais pas lui demander de changer encore toute sa vie pour moi. Je sais que je suis égoïste dans mon genre, mais pas à ce point.
Depuis, deux ans ont passé, mais je ne peux nier le regret qui plane au-dessus de moi.

- Tu me passes le café, s'il te plaît, me demande mon colocataire.
Je lui tends la cafetière italienne ainsi qu'un mug.
- Comment s'appelle ton crush de quelques heures ? l'interrogé-je en levant mes sourcils emplis de curiosité.