Chapitre 13 - Léo

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"Lose control" - Teddy Swims

Charlotte me fuit comme la peste. Je ne sais pas si cela me ravit ou non. Je pense que c'est une bonne chose pour mon cœur de ne pas la croiser tout le temps aujourd'hui. Lorsque je l'ai vue discuter avec Lola tout à l'heure, j'ai failli craquer. La voir si belle, si concentrée, inconsciente de ma présence m'a donné envie de rester planter là pour toujours, à la contempler, tout simplement.
Mais lorsque je ferme les yeux, je l'imagine dans les bras d'un autre homme. Je n'arrive pas à le représenter nettement dans ma tête car il est inévitablement remplacé par mon profil. Je hais ce gars de tout mon être ! Il a le droit de la voir rire, de lui faire l'amour, de la rassurer, de lui tenir la main, de lui parler, tout simplement...
J'ai bien conscience que cette situation est en partie de ma faute puisque je l'ai aggravée en la repoussant avant son départ.
Je suis en colère et une partie de moi la déteste, mais malgré tout, dans toutes mes contradictions, je voudrais qu'elle renonce à ce mec et qu'elle revienne vers moi. Qu'elle se dise que c'est moi l'amour de sa vie...
Si je mets toutes les chances de mon côté, peut-être que j'y arriverai.

Luiz me sort de ma réflexion en entrant dans la pièce comme un fou.

- Léo, ça y est ! Il est temps de se mettre en place !

Il ressort en courant. Je souffle un grand coup et c'est parti. Allons célébrer le grand amour.

***

Je prends le bouquet qui est destiné à Charlotte. Brice est déjà installé et attend impatiemment sa future femme. Il me fait de grands signes pour savoir si tout va bien. Je lui affirme que tout est sous contrôle. Le pauvre, il a l'air en sueur.
Charlotte arrive avec ma sœur. Je lui tends son bouquet tout en l'observant de haut en bas. Tout ce que je vois, c'est elle. Je ne pense même plus au fait que mon meilleur ami sera marié d'ici quelques instants. Je ne pense même plus à la douleur que j'éprouve. Je veux juste la toucher, la garder près de moi.
Par réflexe, je lui tends la main. Elle glisse ses doigts dans les miens sans sourciller comme si c'était tout à fait normal. Mon corps s'éveille sous son contact. Ne la lâche plus jamais. J'espère que son nouveau mec est là et observe bien la scène qui est en train de se produire.

Nous entrons les premiers dans la salle de cérémonie suivis de Luiz et Lola.
Tous les regards sont braqués sur nous et les messes basses vont bon train.
Brice nous sourit de toutes ses dents.
Je dois laisser Charlotte se mettre en place de l'autre côté, mais je ressers ma prise quelques secondes. Elle regarde nos doigts entrelacés puis me percute de ses grands yeux expressifs. Elle me murmure :

- Rends-moi ma main, s'il te plaît.

Je m'approche rapidement près de son oreille et lui chuchote à mon tour :

- Je ne veux plus jamais te lâcher.

J'y vais au culot. Au pire, je me prends une gifle plus tard et au mieux, cela ouvre une porte vers moi.
Son regard déconcerté me fait sourire. Je me sépare d'elle et vais m'installer à côté de Brice.

- Tu as bien les alliances ? me demande-t-il.
- Bien sûr, dans ma poche.
- Non, parce que tu as l'air préoccupé par autre chose. Non pas que je m'en plaigne, au contraire.

Il me fait un clin d'œil et avant que je ne puisse répondre quoique ce soit, la musique commence et tout le monde se lève en attendant l'entrée de Joyce.

Joyce est rayonnante. Brice s'est mis à pleurer en découvrant la femme de sa vie.
Je tourne la tête vers Charlotte, ses yeux sont emplis de fierté et d'amour pour sa meilleure amie. Je suis presque touché par tout cet amour autour de moi.
Durant toute la cérémonie, je suis comme dans un brouillard épais où je n'entends que quelques mots clés importants : témoin, alliance, oui, embrasser la mariée...
J'ai bientôt fini mon rôle de témoin et je trouve que je m'en suis bien sorti. Surtout pour quelqu'un qui est à des années lumières de tout cela.

Je rejoins Charlotte, elle passe son bras sous le mien et nous descendons l'allée côte à côte.

- Tu es très beau.

Je fais semblant de ne pas avoir compris.

- Excuse-moi, tu peux répéter ?
- Tu as très bien entendu.
- Tu es très belle aussi.

Notre conversation s'arrête là, mais nous continuons notre chemin tout sourire. Sa main ne lâche pas mon bras même lorsque nous arrivons sous la tente.
Nos places ont déjà été pensées avec un plan de table même si j'ai demandé une petite modification à Joyce.
Je ne me voyais pas abandonner Sacha au milieu de gens qu'elle ne connaît pas alors qu'elle a accepté en dernière minute de m'accompagner. Elle sera donc avec nous à la table principale.

- Dis-moi que c'est une plaisanterie ?

J'entends Charlotte râler lorsqu'elle découvre que je suis placé entre elle et Sacha.
Bonne blague, Joyce.

Tu cherches à me torturer ? me demande-t-elle.
- Je ne pensais pas que Joyce nous installerait si près les uns des autres.
- C'est tout ce que tu trouves à dire ?

Sacha arrive pile à ce moment-là.

- Salut, je ne me suis pas présentée tout à l'heure. Je m'appelle Sacha et tu dois être Charlotte !

Charlotte ne se décompose pas, mais elle n'est pas spécialement aimable pour autant. Je suis encore plus tendu que d'habitude. Comment vais-je gérer ça ?

- Salut Sacha. Oui, c'est bien moi. Tu as l'air de savoir qui je suis. Je suis désolée, je ne peux pas en dire autant, répond-elle en lui tendant la main.

Je me sens con entre elles deux. Est-ce que la terre veut bien s'ouvrir en deux et m'engloutir ?

- Oui, c'est compréhensible.

Sacha s'assoit comme si tout était normal. Charlotte fulmine et me lance un de ces plus beaux regards noirs dont elle seule a le secret.

- Je vais me préparer pour la première danse, m'informe Charlotte avant de disparaître l'air dépité.

Je me joins à Sacha et lui explique la situation :

- Je n'ai pas encore parlé de notre relation sexuellement amicale à Charlotte.
- Je ne sais pas ce que tu attends, mais j'aimerais bien ne pas me faire descendre avant la fin de la soirée.
- Je ne sais pas comment lui dire. J'ai pété un câble à Amsterdam quand elle m'a dit qu'elle avait un mec ! Je vais me prendre une raclée...
- Tu en as bien besoin.

Je rigole à sa remarque. Elle me tape à l'arrière du crâne.

- Arrête de faire le con et va la rejoindre.

D'ailleurs, je n'ai pas l'impression que son petit copain soit présent. J'ai envie de vomir en pensant à ces deux petits mots petit copain.
Je bois d'une traite la coupe de champagne que je découvre sur la table.

- J'y vais.


Malgré toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant