"Only love can hurt like this" - Paloma Faith
Je n'en reviens pas d'être là... Mon reflet dans le miroir de cette salle de bain me donne un teint jaunâtre. Les cernes sous mes yeux indiquent bien toute la fatigue que je ressens actuellement. Je crois que cela fait une heure que je suis enfermée ici et que je n'ose pas sortir. Léo m'attend de l'autre côté de cette pièce et je ne lui ai toujours pas adressé la parole sauf pour râler à propos de notre situation, évidemment...
J'envoie un message à Joyce :
Pas de panique, nous devons rester à Amsterdam car nous ne sommes pas arrivés à temps au magasin. Retour demain. Bisous
J'écris "pas de panique" pour Joyce alors que c'est moi qui panique en ce moment. Me retrouver dans une chambre d'hôtel avec Léo ne faisait pas partie de mon plan.
Joyce me répond avec un émoticône qui représente "interdit aux moins de 18 ans". Je vois qu'elle s'est bien détendue depuis ce matin... Je regarde encore ce symbole et un frisson parcourt ma colonne vertébrale.Je prends mon courage à deux mains et ouvre enfin la porte qui mène vers la chambre. Elle grince et je déteste ce genre de bruit.
Léo est allongé sur le lit, les bras croisés sous la tête. Il m'observe, de ses magnifiques yeux clairs, m'approcher du lit.- Tu veux que j'aille nous chercher à manger ? demande-t-il tout simplement.
- Je veux bien, merci.J'enlève mes chaussures et m'assois par terre. L'émission de télévision qui passe pour le moment n'est vraiment pas intéressante, mais je préfère faire semblant d'écouter que de le regarder préparer ses affaires pour sortir.
Sa présence m'enveloppe d'une aura qui me transperce la peau. Je le vois, du coin de l'œil, déambuler dans la chambre et sa manière de se déplacer ne fait qu'accroître mon envie de lui encore et encore. Être enfermée ici, à un mètre de lui, à partir de n'importe quel coin de cette chambre, est une réelle épreuve pour ma volonté à me contrôler.
Pitié, sors de cette chambre rapidement.- Charlotte, j'aimerais qu'on discute.
- Tu n'allais pas nous chercher à manger ?J'aimerais vraiment bien qu'il sorte quelques instants pour que je puisse à nouveau respirer. J'étouffe de tristesse, de jalousie, de ressentiment, de déception, mais également d'amour. Je n'en peux plus de cet amour que j'éprouve pour lui. Cette passion qui me fait souffrir depuis trop longtemps maintenant sans que je ne puisse la vivre sereinement et pleinement.
- Je voudrais que tu me regardes.
Il ne se rend pas compte à quel point c'est difficile pour moi. Je sens déjà les larmes s'installer au bord de mes yeux. Mon ventre se tord, mes mains sont moites et mon pouls s'accélère.
Je me relève doucement de ce sol poussiéreux pour lui faire face.
Léo est tout aussi triste que moi, je le vois dans sa façon de me dévisager.- Ce n'est pas si compliqué, me balance-t-il.
Je laisse planer quelques secondes de silence et baisse à nouveau les yeux.
- Si, ça l'est...
Léo claque la porte qu'il avait entrouverte et se dirige rapidement vers moi. Il resserre ses mains autour de mes bras pour me faire réagir.
- Je veux que tu me parles !
Évidemment, il faut que mes larmes se mettent à couler. Je ne peux plus les retenir. Elles attendent, tapies dans l'ombre depuis trop longtemps.
- Je ne veux pas te parler ! crié-je en me détachant de son emprise.
Léo essaie de parler, mais je continue :
- C'est une torture d'être dans la même pièce que toi ! Laisse-moi !Alors que j'essaie de m'éloigner de lui, Léo rattrape mon bras pour me ramener contre lui. Il se jette sur ma bouche comme si c'était la seule chose à faire à cet instant. J'ai tellement rêvé de ses lèvres contre les miennes, de son souffle chaud contre ma bouche, de sa langue caressant la mienne, ses mains qui me touchent... C'est passionné, c'est fiévreux. Mon corps l'appelle et se colle au sien. Ma poitrine est plaquée contre son torse, nos respirations sont bruyantes et allaitantes. L'entendre soupirer contre moi ne fait que m'allumer davantage. Le désir a complètement pris possession de mon âme, mais je sais que ce n'est pas la chose à faire maintenant. Si j'écoutais mon cœur, je le laisserais prendre possession de mon corps jusqu'à la fin des temps, mais ma raison me dit d'arrêter cela avant que je ne perde définitivement la tête.
- Arrête...
Je prends le peu de courage qu'il me reste pour le repousser lentement de moi. Ses pupilles sont dilatées et son souffle est court.
Je suis tellement en colère au fond de moi. En colère contre lui, mais surtout contre moi.- Je dois te parler de Sacha. Elle et moi...commence-t-il, mais je ne veux pas écouter cela, je ne veux pas entendre la réalité.
Je le coupe dans son élan :
- Je suis avec quelqu'un moi aussi donc pas besoin de continuer tes explications.Léo me regarde, les yeux emplis de douleur, d'incompréhension et peut-être même de dégoût ? Moi aussi, je me dégoûte de mentir. Apparemment, ma fierté a pris le dessus sur ma jalousie.
Il me lâche et recule de quelques pas. Un froid immense m'enveloppe et je regrette tout de suite mon mensonge. Je crois que je viens de détruire toute chance d'améliorer la situation.- En fait, je pensais te connaître et savoir ce que tu ressens, mais je me suis totalement trompé.
Il sort en claquant la porte et nous restons seules, ma connerie et moi.
***
Je ne parviens pas à m'endormir. Je me repasse en boucle tout ce qui s'est passé ce soir. Il fait trop calme et je suis inquiète de ne pas voir Léo revenir dans cette foutue chambre.
Il suffit que je me dise cela pour que j'entende la porte s'ouvrir.
Je le vois passer et entrer dans la salle de bain. J'ai le souffle coupé, mais je me détends dès que j'entends l'eau couler. La lumière illumine la chambre et pour cause, la porte est légèrement entrouverte et je l'aperçois se déshabiller. Je sais que c'est très mal de faire ça, de le reluquer de cette façon après ce qu'il s'est passé, mais c'est certainement ma dernière chance de pouvoir l'admirer. Je me redresse légèrement pour ne pas en perdre une miette.
Le reflet de son visage dans le miroir montre qu'il est en colère. Il doit s'en vouloir de m'avoir embrassé et je le comprends. Moi, je m'en veux de lui avoir menti, mais je ne pouvais pas me résoudre à l'écouter m'expliquer sa relation avec Sacha et d'avoir le rôle de la femme avec qui il l'a trompée. Même si je ne la connais pas - et que je la déteste par principe - je ne voudrais pas que cela m'arrive.
Il revient de sa douche et je fais semblant de dormir. Je perçois sa présence partout. Tout mon corps tremble et encore davantage lorsque je le sens s'allonger à côté de moi et qu'il remonte la couverture sur mon corps.
Il soupire et s'installe tout contre moi. Son bras vient se plaquer contre mon ventre pour pouvoir me câliner. Tout son corps épouse mes formes et je n'ai pas la force de le repousser. Il sait que si je dors, rien ne peut me perturber alors il en profite sans doute pour me faire une dernière étreinte comme j'en ai profité moi-même pour le regarder tout à l'heure.Je l'entends murmurer :
- Je n'aurais jamais dû te laisser partir...
Ses paroles résonnent en moi et je dois me retenir d'éclater en sanglots. Cette nuit promet d'être la plus longue et la plus douloureuse de toute ma vie.
VOUS LISEZ
Malgré tout
RomanceCharlotte et Léo ont leur propre vie depuis deux ans lorsque le mariage de Joyce les poussent à se revoir. Comment vont-ils réagir en se retrouvant ? Quel sera l'impact sur leur vie respective ? Ont-ils tout oublié ou sont-ils toujours autant attach...