Chapitre 2 - Léo

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Être devenu auteur occupe tout mon temps. Moi qui n'étais pas très à l'aise avec les mots, je me suis finalement lancé.
Mon ancien chef est à fond derrière moi pour que je continue. J'avais déjà le projet d'écrire une fiction et, finalement, j'ai sauté le pas. Les économies que j'ai réussi à faire en habitant chez ma mère m'ont permis d'arrêter de bosser au sein de la maison d'édition. Maintenant, ils éditent mes romans.

Mon téléphone vibre, c'est Brice. Je décroche : 

- Yep, mon pote, quoi de neuf ?

Il enchaîne les informations sans respirer et ne me laisse pas l'occasion de répondre. Il a déjà raccroché. Sérieusement ? Son mariage arrive à grands pas et je le sens quelque peu tendu.  Si j'ai bien tout compris et retenu, je dois me pointer à Bruxelles dans une semaine pour l'essayage de mon costume de témoin. Parfait...

Quelques pensées que je ne peux empêcher vont vers Charlotte. Elle a sans doute eu le même genre d'appel très angoissant de la part de Joyce. Je suis sûr qu'elle sera là et je ne me sens même pas nerveux. Je suis fier de moi, je suis bien passé à autre chose. Loin des yeux, loin du cœur.

***

Le trajet vers Bruxelles est long, comme d'habitude, mais j'ai pris mon ordinateur pour pouvoir bosser là-bas et ne pas revenir tout de suite. Encore un avantage d'être auteur - je peux travailler, littéralement, où je veux !
Revoir Bruxelles fera peut-être émerger de nouvelles idées pour la fin de mon roman.

En me disant que je ne pense pas à Charlotte, je pense à elle... Évidemment. Une douleur au creux de l'estomac se fait ressentir. Je refuse de ressentir cela, je refuse. J'active la commande à distance d'appel de ma voiture pour appeler ma sœur.

Deux sonneries et elle décroche. 

- Léo, bientôt à Bruxelles mon frère adoré ?

Je souris en entendant sa petite voix.

- Oui, dans une heure. Comment tu vas petite blonde ?
Elle rigole et je souris davantage.
- Tu verrais ma tête ! Je ne suis plus blonde, mais grise à cause de la poussière due aux travaux.

Des travaux ? Mais oui, c'est vrai... Je les avais complètement oubliés.
- Vous avez déjà fini la chambre d'amis pour que je puisse m'installer, n'est-ce pas ?
Petit blanc.
- Brice ne t'a pas dit que tu logeras chez lui ?

Mon cerveau s'arrête quelques secondes. Je vais devoir cohabiter avec Charlotte du coup ?
- Non, il a oublié ce détail dans son monologue la semaine passée. Et Charlotte ?
Elle soupire et me répond :

- Ne t'inquiète pas, elle va à l'hôtel.
J'imagine la tête qu'elle tire derrière son téléphone, la tête de "t'es con Léo". Je décide de ne pas relever et de raccrocher en lui disant que je passerai la voir après les essayages.

***

Je donne de grands coups à la porte de chez Brice en essayant de passer au-dessus de la musique insupportable de Joyce. Ses goûts musicaux ne s'arrangent pas... Je souffle, le front contre la porte. Ces heures de voiture m'ont épuisé et je n'ai pas envie de poireauter sur ce palier. Finalement, c'est une Joyce en sueur qui m'ouvre.
- Salut Léo ! me lance-t-elle pleine d'enthousiasme et en me prenant dans ses bras.
Je lui répond en la serrant dans mes bras également.
- Désolée, je faisais du yoga pour me détendre.
Je prends le sac qui traîne à mes pieds et entre dans le salon.
- Je ne pensais pas que le yoga pouvait autant faire transpirer, dis-je en souriant à moitié.
Elle ramasse sa serviette et enroule son tapis turquoise.
- Ne te moque pas. J'ai vraiment besoin de me détendre avec tous ces préparatifs et votre arrivée.
Je suppose que le "votre" cible Charlotte et moi. Je me tends à cette pensée. Charlotte et moi...

Malgré toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant