Chapitre 10 - Léo

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"Perfectly wrong" - Shawn Mendes

Je suis enragé, je vois rouge.
Non seulement, il pose ses mains dégueulasses sur Charlotte, mais en plus c'est un salopard misogyne. Je ne supporte pas ce genre de mecs !
J'entends que Sacha est derrière moi et m'appelle :
- Léo, arrête-toi et viens t'asseoir.
Je m'exécute et me dirige vers le banc qui se situe à côté de moi.
- Montre-moi ta main.
- Tout va bien, ne t'inquiète pas pour moi.
Sacha a toujours les mains froides donc son contact apaise légèrement la douleur.
- Merci, dis-je tout simplement.
- Je t'en prie. Ce n'était pas très malin... mais sexy.
Je ris doucement à sa remarque.

Vous connaissez cette sensation quand quelqu'un vous regarde avec insistance ? Je lève la tête et au moment où j'aperçois Charlotte qui me fixe, elle s'apprête déjà à faire demi-tour.
- Merde... soufflé-je.
Sacha regarde dans la direction qui me préoccupe et comprend tout de suite le souci.
- Je suis désolée, Léo. Je ne pensais pas à mal en t'accompagnant à l'extérieur.
- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas de ta faute.
Je masse un peu mes articulations tout en continuant :
- Elle doit se faire mille scénarios... C'est toujours comme ça entre nous.
- En même temps, je n'aide pas là... Est-ce que tu veux que je la rattrape pour lui expliquer ?
- C'est gentil, mais je vais essayer d'arranger ça, comme d'habitude...
- J'espère sincèrement que vous arrêterez un jour de vous faire du mal l'un à l'autre.
Je lui souris tristement :
- Je l'espère aussi...

***

Brice m'a écrit un message pour que je rapplique le plus rapidement possible chez lui. Je me demande bien ce qui est si urgent. Depuis quelques semaines, dès que je vois son nom apparaître sur mon téléphone, je suis en proie à la panique. Il est tellement nerveux que cela en est carrément flippant.
Lorsque je passe le pas de la porte, je vois Charlotte en train d'essayer de calmer Joyce.
- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? me risqué-je à demander.
Charlotte oblige sa meilleure amie à s'asseoir dans le canapé. Elles ont l'air dépité toutes les deux.
- Il se passe qu'il faut aller chercher la robe de Joyce jusqu'aux Pays-Bas. Ils ont un problème de livraison.
Charlotte s'adresse à moi sans me regarder. Depuis la dernière soirée, nous ne nous sommes pas reparlés.
- Et où est le souci ? osé-je encore.
Il me semblait que la robe était terminée, mais je n'ai certainement rien compris. Tous ces trucs de robes et de costumes me dépassent complètement.
- Le souci, c'est que nous n'avons pas le temps de faire ça ! commence Joyce. Nous avons encore plein de rendez-vous, Brice n'a pas encore congé, je n'ai toujours pas mon permis, Charlotte n'a plus sa voiture, Lola et Luiz sont à l'étranger et toi, tu dois retourner à Lyon cette semaine. Je continue ou bien c'est suffisant pour toi ?
Je me retiens d'éclater de rire.
- Qu'est-ce qui te fait sourire ? enrage Joyce.
- Et bien, tout ça me semble apocalyptique et... Oui, je dois retourner à Lyon pour finir mon roman, mais l'avantage c'est que je peux écrire quand je veux et même la nuit si ça me chante. Donc, je peux appeler mon éditrice pour reporter mon retour et aller chercher ta robe de mariée.
- Vraiment ? Ton éditrice va t'en vouloir à mort.
- J'ai bien avancé ces derniers jours donc ça devrait aller. Ne t'inquiète pas pour moi.
- Tu es sûr ?
- J'en suis sûr ! Ça me fait plaisir de t'aider. Tu me donneras ta reconnaissance éternelle après ça.
Joyce se jette dans mes bras. Je ne pensais pas qu'elle aurait l'idée de faire cela. Quand j'y pense, je crois bien ne l'avoir jamais tenue dans mes bras.
- Merci, Léo. Tu me sauves, me crie-t-elle dans les oreilles.

Je réfléchis quelques instants.
- Par contre, il y a un petit problème. Comment être sûr que c'est bien ta robe ? Je ne sais pas du tout à quoi elle ressemble et qu'on soit bien clair, je n'y connais rien.
- C'est une commande donc il n'y aura normalement pas de problème. Avec mon nom, elles te la donneront.
- Il me semblait que la robe était finie non ? continué-je.
- Oui, mais les finitions devaient être terminées à la maison-mère. Je savais que c'était risqué de prendre un couturier en dehors du pays... explique Joyce.
- Et si elles se plantent dans la commande ? intervient Charlotte.
- Arrêtez tous les deux, vous allez encore me faire paniquer ! Vous êtes vraiment des oiseaux de mauvaise augure.
- Et bien, vous n'avez qu'à y aller tous les deux ! propose Brice en nous désignant Charlotte et moi.
Je ne peux m'empêcher de penser que c'était le plan de Brice depuis le début.
Je le regarde et il a du mal à garder son sérieux. Évidemment qu'il a prévu le coup. Je le connais par coeur.
Charlotte est directement sortie prendre l'air suite à la proposition de mon meilleur ami. Qui ne dit mot consent ?
- Ok, pour moi. Charlotte ? Je passe te prendre dans une heure, annoncé-je bien fort pour qu'elle m'entende.
Elle ne me regarde pas, mais elle me montre son pouce dressé vers le haut.

Je suis impressionné par le fait qu'elle ne se soit pas mise à jurer. Je suis impatient de faire cette petite virée. Enfin, seulement parce que je serai seul avec elle et pas pour affronter notre prochaine discussion.

***

Charlotte n'a pas encore décroché un mot. Elle regarde le paysage comme elle en a l'habitude dès qu'elle est enfermée en voiture avec moi. Je pensais que nous allions nous prendre la tête dès notre départ, je me suis bien planté.

J'essaie d'imaginer ce qu'elle est en train de se dire et pour le moment, je suis sûr qu'elle m'insulte sans scrupule.
Elle ne m'a toujours pas parlé de Sacha et je sens la bombe à retardement arriver.
- Ça va être long jusqu'à Amsterdam si tu ne parles pas.
- Alors, il va falloir prendre ton mal en patience, me répond-elle sèchement.
- Très bien.
J'augmente le volume de la musique et ne fais plus de tentative pour lancer une discussion.

Le trajet est long et chiant. Nous sommes bloqués dans une file à cause d'un accident. Charlotte est toujours muette même si je sens qu'elle commence à s'agiter à côté de moi.
- Nous sommes presque arrivés, dis-je calmement.
- Le magasin va bientôt fermer.
- On ira demain matin alors.
Elle se tourne vivement vers moi. Je sens son regard me percer la peau. Même si elle est distante et froide avec moi, un feu s'allume tout de même instantanément dans tout mon corps.
- Ah, tu réagis enfin ! lancé-je en tapant ma main contre le volant.
- On va d'abord essayer de se pointer dans ce fichu magasin avant d'envisager de passer la nuit ici.
- Comme tu veux.
- Comme je veux ? Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de choix.
Je ne renchéris pas. Elle est énervée. Cela ne sert à rien d'essayer d'avoir une discussion rationnelle dans ces cas-là. Intérieurement, je m'amuse beaucoup de la situation. Etrangement, je me sens serein à côté d'elle dans la voiture alors qu'à tout moment elle peut vouloir me casser la gueule. Je ris à cette idée.
- Qu'est-ce qui te fait rire ?
- Oh, rien.
Elle croise les bras contre sa poitrine et se réinstalle au fond du siège. 

Malgré toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant