Nous étions tous assis à table en attendant la nouvelle dame d'honneur de Lena. Elle commençait bien, elle était déjà en retard. Ma sœur s'était lancée dans un monologue que personne ne pouvait arrêter. Cela faisait un moment que je ne l'écoutais plus. Elle ne tenait pas en place sur sa chaise, je souriais, la patience n'avait jamais été son fort. Elle ne pouvait plus attendre de savoir qui avait gagné. J'étais content pour elle, elle ne se sentirait plus seule. Je savais déjà que ça ne serait pas Cassandre, tout le château était au courant qu'elle était sortie de la salle de bal en pleurant. C'était donc une étrangère qui avait gagné. Je l'appréciais et si elle avait réussi à devenir dame d'honneur j'aurais eu la certitude que ma sœur était en sécurité
Enfin, la porte s'ouvrit.
- Mademoiselle Alienor Emberstone. Dame d'honneur de la princesse Lena, annonça un domestique.
Tout les quatre, nous nous retournâmes pour regarder la nouvelle venue. D'un pas confiant, elle s'avança dans la salle. Sa chevelure blonde contrastait avec toutes les têtes brunes de la pièce. Son regard se posa sur chacun de nous. Si elle était impressionnée, elle n'en montrai rien. Lena s'était enfin tu et l'admirait avec des yeux ronds.
- Bonjour c'est un honneur de vous rencontrer, dit-elle.
- Bienvenue ma chère enfant. Tu peux venir t'installer en nôtre compagnie, proposa ma mère avec sa douceur habituelle.
J'étais toujours émerveillé de la façon dont elle traitait les gens autour d'elle. Ses traits fins, ses yeux marrons, son sourire, tout en elle évoquait la bonté.
Aliénor vint se placer à table à coté de Lena et en face moi. Je remis une mèche de cheveux derrière mon oreille pour mieux l'observer. Elle m'adressa un sourire mais je ne pris pas la peine de le lui rendre.
Mon père, arborant ses éternels yeux rieurs et ce sourire qui indiquait qu'il avait encore l'une de ses idées farfelues, prit la parole.
- Je préfère te le dire tout de suite ma petite, il n'y a pas de roi qui tienne avec moi. Tu peux m'appeler Tobbias. Et pas de vouvoiement entre nous. D'ailleurs ça sera la même chose pour toutes les personnes autour de cette table. Tu fais désormais partie de la famille alors pas de princesse ou de prince qui tiennent.
Je faillis m'étouffer avec la gorgée que j'étais en train d'avaler.
- Mais enfin Papa, on la connait à peine, dis-je, scandalisé. Il est hors de question qu'elle me tutoie. Elle me doit le respect je suis l'héritier du trône.
Je le pensais vraiment, nous ne savions rien de ses origines. J'étais un prince. Si une simple étrangère avait la permission de me tutoyait comment pourrais-je être respecté ? Elle me fixa avec les sourcils relevés. Peut-être que mes propos l'avaient choqué mais je m'en fichais.
- Mon fils, tu feras ce que je te dis, me répondit mon père, d'un ton un plus sérieux. Elle va passer tout son temps avec ta sœur et mangera tous les jours avec nous. Prince ou non, elle t'appellera Kaï et te tutoiera.
- Moi, ça ne me dérange pas du tout que tu me tutoies, lui dis ma sœur.
Je lui tirai la langue. Bien sûr que ça ne la dérangeait pas. Tout ce que ma sœur voulait, c'était une compagnie, autre que les filles de la cour qui se moquaient d'elle.
Je grognai de mécontentement et me concentrai sur le repas que les domestiques venaient de nous déposer. Je continuai de ruminer, de frustration et de colère. Qu'est ce qui ne tournait pas rond chez mes parents ? C'étaient les meilleurs souverains qu'il puisse exister, ils étaient aimant envers leur peuple et justes. Mais je les trouvais parfois trop naïfs, tout comme ma sœur. Un trait de famille que j'avais aussi hérité mais qui, avec le temps, s'était estompé à cause d'une personne.
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La première magicienne
FantasyIl y a un demi-siècle, le Royaume de Valeodora s'effondra, laissant place à quatre nouveaux royaumes : Izidrovia, Ulliarion, Aewesia et Sloddenem. Depuis, les sources magiques furent lourdement impactées, obligeant les royaumes à les renouveler plus...