La première magicienne

Chapitre 11: Kaï

Ethan, ma mère et moi étions arrivés à Ulliarion après un mois de voyage. Mon ami avait pu nous accompagner pour se charger, avec d'autres soldats, de notre sécurité. Le voyage s'était fait sans encombre. Nous nous arrêtions tous les soirs dans des auberges et quand ce n'était pas possible, nous dormions dans des tentes. Nous nous étions défaits de plusieurs couches de vêtements au fur et à mesure de notre arrivée. En cette période c'était la saison la plus froide à Ulliarion, ce qui correspondait à notre été. Les tempêtes de sable faisaient rage dans le désert. Fort heureusement, le château se trouvait juste avant. Je n'avais jamais vu de paysage aussi désertique. Quelques palmiers et cactus poussaient ici et là, mais la couleur qui prédominait était le jaune. Une impression d'étouffer m'avait saisi en arrivant sur cette terre aride.

Le pays n'était pas très accueillant. L'arrivée au château avait d'abord nécessité la traversée de bidonvilles. Les gens y vivaient dans une extrême pauvreté. Pourtant, Ulliarion était connu pour sa richesse grâce à la vente d'armes et de pierres précieuses. Je m'attendais donc à une plus grande aisance de vie comparée à Izidrovia.

En arrivant au château le changement de décor fut radical. L'accès à celui-ci se faisait en empruntant un chemin émergeant au-dessus d'une étendue d'eau. Des palmiers immenses longeaient cette oasis. Le château, couleur d'ocre, laissait entrevoir derrière lui le désert. Des gardes étaient postés partout et avaient fouillé nos affaires. Les domestiques nous avaient ensuite conduits à l'aile ouest, dédiée aux invités. Des milliers de mosaïques aux multiples couleurs recouvraient les murs intérieurs du palais.

Le roi Zedan Shade devait nous recevoir pour un diner privé ce soir, nous avions donc toute l'après-midi pour nous détendre. Avec Ethan, qui était de repos ce jour-là, nous avions prévu d'aller nous baigner. Nous nous rejoignîmes donc dans le couloir.

- Une petite baignade ne te fera pas de mal, se moqua mon ami. Après tous ces jours sur la route tu sens le fauve.

- Tu n'as pas été épargné non plus.

Les domestiques nous avaient indiqué que la source d'eau se trouvait à l'autre bout du château. Nous fîmes le chemin dans une ambiance joyeuse. Quand nous arrivâmes, je m'arrêtai, émerveillé. L'oasis était immense. Le sable autour faisait ressortir le bleu transparent de l'eau. Les palmiers poussant à divers endroits, permettaient de profiter d'un peu d'ombre. Plusieurs personnes se prélassaient dans l'eau ou se faisait sécher au soleil. Nous nous dirigeâmes vers un endroit isolé, puis nous nous regardâmes et hochâmes la tête d'un air entendu. Aussi vite que possible, j'enlevai mes vêtements tout en me dirigeant vers l'eau. Ethan faisait de même et essaya à plusieurs reprise de me pousser. J'arrivai tout de même le premier dans l'eau et l'arrosai pour me venger. Il se précipita vers moi et serra ses bras autour de moi, ce qui nous fit basculer tous les deux sous l'eau. Lorsque nous terminâmes nos chamailleries, nous étions épuisés. Nous sortîmes donc de l'eau pour nous reposer.

- Ça fait du bien, soupirai-je.

- Ah ça oui. On peut enfin se reposer après le bal et toutes ses semaines de voyages. D'ailleurs, c'était qui la fille avec qui tu as dansé ?

- Oh, personne d'important.

- Cassandre n'avait pas l'air contente.

- Elle n'a pas le monopole, répondis-je avec indifférence, et puis, elle était plus que ravie en fin de soirée.

- C'est toi n'est-ce pas ? demanda-t-il contrarié. C'est toi qui as fait pousser des boutons sur le visage d'Alienor ?

- Oui je l'avais prévenu. Personne ne devrait être surpris.

- Je ne comprends pas pourquoi tu es si méfiant envers elle. Tu n'aurais pas dû faire ça. C'était de la méchanceté gratuite.

- Tu sais très bien pourquoi.