Chapitre 13 : Kaï

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J'attendais le bal avec impatience. Dans deux heures, je pourrais enfin savoir qui m'avait laissé ce mot. J'avais essayé de demander aux domestiques s'ils avaient vu quelqu'un rentrer mais ça n'avait rien donné. Dès que je les approchais dans l'intention de leur parler, ils paraissaient effrayés. Certains avaient même fui à mon approche.

Durant ces deux derniers jours, j'avais eu l'occasion d'observer la vie à Ulliarion. Leurs habitudes étaient très différentes des nôtres. Ils vivaient le soir et le matin, pour éviter la chaleur aux périodes les plus chaudes. Durant les heures du midi ils préféraient rester enfermés au frais et ne rien faire. Nous en avions profité avec ma mère, pour participer à deux réunions afin de discuter des échanges commerciaux. Seuls les conseillers du roi étaient présents. Le contrat avait été renégocié afin que l'on reçoive des armes et des pierres précieuses en échange de ressources alimentaires. Nous avions essayé de poser subtilement des questions sur le royaume et sa magie, mais ils nous avaient certifié que tout allait bien. J'étais inquiet, cela voulait-il dire que nous étions les seuls à avoir ce problème de source magique ? Ou alors nous mentaient-ils ?

Avant de finir de me préparer, j'attendais Ethan qui devait aller se renseigner auprès d'autres soldats à propos du mot que j'avais reçu. J'avais enfilé un pantalon en lin clair avec une chemise ample beige. Il ne me restait plus qu'à m'occuper de mes cheveux quand il arriva.

- Salut ! m'exclamai-je, alors tu as pu questionner les soldats du roi ?

- Oui oui, mais j'ai eu du mal à en trouver qui accepte me parler. Ils craignent les représailles de leur souverain.

- Qu'as-tu appris ?

- Les gens sont en colère et ont peur. La population est affamée. Les deux soldats avec qui j'ai discuté m'ont appris que leur souverain était cruel. Si un domestique fait quelque chose qui lui déplait, il se fait bruler. Il y a aussi eu des disparitions inquiétante dans les familles les plus influentes.

Tout ceci ne m'étonnait pas. Le roi dirigeait ce pays sans aucun état d'âmes. Le château regorgeait de personnes malheureuses. Les serviteurs longeaient les murs, les yeux sans vie. Ils se faisaient le plus discret possible pour éviter que l'on ne les remarque. Même les familles les plus riches semblaient terrorisées. Ils passaient dans les couloirs, parlant à voix basse pour s'assurer que personne ne les entende. J'avais croisé seulement une famille qui ne m'avait pas paru terrifiée. L'homme portait fièrement les couleurs d'Ulliarion, le violet et l'or. Le blason du royaume, une flamme pourpre, était même cousue sur sa chemise. Il marchait dans le château comme s'il le possédait. Il avançait d'un pas assuré, la tête haute. Les domestiques s'écartaient sur son passage. C'était un des seuls à ne pas donner l'impression de craindre le roi.

- Il est vrai qu'à Izidrovia l'ambiance n'est pas aussi pesante, repris-je, ici on a l'impression qu'un danger peut survenir n'importe quand. As-tu pu en apprendre un peu plus sur les enfants ou sur la femme de Zedan ?

- Non, ils se sont braqués directement quand j'ai essayé d'en parler.

- Je suis persuadé que le roi cache quelque chose. Et pour le mot, toujours aucune idée de sa provenance ?

- Non plus. J'ai essayé d'évoquer subtilement le sujet aux soldats, mais ils ne savent rien là-dessus.

- Je suppose que je vais devoir attendre le bal, soufflai-je.

Ethan repartit dans sa chambre afin de se préparer. Il faisait partie de l'équipe qui assurerait notre protection au bal. Je plaquai mes cheveux en une queue de cheval et mis mes chaussures. J'étais déterminé à savoir qui en voulait à ma famille.

La première magicienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant