Chapitre 14 : Alienor

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TW: chapitre comportant de la violence


Je tombai brusquement entre les sièges du carrosse alors que les chevaux s'étaient stoppés. Mon nez avait heurté la banquette et me faisait mal. Des picotements de douleur le parcouraient alors qu'un fin filet de sang s'en écoulait.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? m'inquiétai-je tout en essayant d'endiguer le sang qui coulait de mon nez.

Lena avait réussi à se réceptionner avant de tomber. On entendit des cris de luttes dehors. Des épées s'entrechoquaient dans un brut métallique.

- Je ne sais pas. Je vais aller les voir. Quand ils sauront qu'ils se sont attaqués à leur princesse, ils s'excuserons, s'exclama Lena.

Sûr d'elle, elle se dirigea afin d'ouvrir la portière. Je l'en empêchai d'un geste vif alors qu'on sentit quelqu'un buter contre le carrosse dans un râle d'agonie.

- Tu ne peux pas sortir. Ils ont dû voir les couleurs du royaume sur les armures de nos combattants, et ils ont quand même attaqué. Ils savaient ce qu'il faisait. Laisse les soldats gérer ça.

Je tentai de me convaincre moi-même de ces paroles. Il fallait qu'ils nous protègent, car je ne serais pas à la hauteur. Avec un peu de chance, ils ne voulaient que nos bijoux et nous laisseraient tranquilles. Mes mains tremblaient tandis que Lena m'aida à me rasseoir. Mon nez ne saignait plus et était moins douloureux. Je sursautai quand un nouveau corps fut projeté contre la paroi du carrosse.

Un cri inhumain retentit, j'osai jeter un coup d'œil par la fenêtre pour voir un soldat transpercé de part et d'autre par une épée. Son visage était crispé par la douleur avant qu'il ne s'effondre, mort. Je fermai rapidement le rideau, seul rempart entre moi et cette scène d'horreur. Lena voulut regarder elle aussi, mais je l'en dissuadai. Je n'avais pas pu voir combien de soldats et d'ennemis il y avait.

- Qu'est-ce qu'on va faire ? souffla la princesse. Nous ne pouvons pas rester là à attendre qu'ils entrent.

Elle avait raison, il nous fallait un plan de défense.

- Je vais regarder de nouveau par les fenêtres pour voir si on peut s'enfuir sans se faire repérer.

Elle acquiesça rapidement. Je levai légèrement le rideau beige sur le côté gauche du carrosse. Je retrouvai le soldat allongé par terre qui avait été transpercé par une épée. Au pied des roues dorées du fiacre un autre soldat agonisé. Une dizaine d'autres soldats se battaient contre nos assaillants. Les agresseurs étaient armés de fourches ou d'épées rouillées, aucune armures ne les protégeaient, ils étaient simplement vêtus de haillons. Ils étaient moins bien équipés que les soldats mais leur nombre, plus important, leur permettait d'avoir l'avantage. Leur détermination se lisaient dans leur regards. Malgré les pertes qu'ils avaient déjà subies, ils gagnaient du terrain. Les soldats restant semblaient épuisés, certains étaient blessés.

Un des hommes dont le visage était couvert de crasse, se tourna dans ma direction. Quand il me vit, il me fit signe de le rejoindre. Son sourire auquel il manquait des dents me fis froid dans le dos. Je reculai vivement.

- Quoi ? s'exclama Lena impatiente de savoir ce que j'avais vu.

- Impossible de passer par là, décrétai-je en secouant la tête. Je vais regarder de l'autre côté.

Je passai en frôlant mon amie. Elle me prit la main et me sourit dans l'intention de m'encourager. Je lui souris en retour pour la rassurer. L'autre côté du carrosse était plus calme, il n'y avait que deux soldats et cinq assaillants. Ils étaient assez éloignés du carrosse pour qu'ils ne nous aperçoivent pas. De l'autre côté de la route, il y avait une forêt qui nous permettrait de nous enfuir.

La première magicienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant