Chapitre 16 : Lena

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Notre arrivée dans le village d'Izival s'était faite sans encombre. Nos assaillants n'avaient pas réussi à nous rattraper. Alienor était affalée contre la crinière de Caramel, je l'avais maintenu tant bien que mal durant tout le trajet. Elle perdait toujours beaucoup de sang et n'avait pas repris conscience une seule fois pendant le trajet. Je nous stoppai sur la place du village.

- Je vous en prie, aidez-nous, elle est blessée, criai-je.

Plusieurs villageois se précipitèrent à notre rencontre afin de nous venir en aide. Ils parlaient tous en même temps, et j'avais du mal à distinguer leurs paroles. On m'aida à descendre de cheval, tandis que deux hommes portèrent Alienor. Le chef du village s'approcha de moi et je lui expliquai ce qu'il s'était passé.

- Emmenez la dame de compagnie de la princesse à l'auberge et faites prévenir le médecin, ordonna-t-il. Suivez-moi votre Majesté, nous allons vous faire manger quelque chose et vous couvrir.

Dans la précipitation de notre fuite, nous n'avions pas pris nos manteaux, et je ne mettais pas rendu compte que je tremblais de froid.

- Je ne laisserai pas Alienor seule, conduisez-moi auprès d'elle.

On l'avait installée dans une des chambres de l'auberge où nous avions logé quelques jours auparavant. Le médecin était déjà présent et donnait les consignes pour qu'on lui ramène le matériel dont il avait besoin. Il déchira la robe d'Alienor au niveau de sa blessure, le tissu autrefois vert était recouvert de sang. Il nettoya la plaie avec un linge propre et de l'alcool trouvé dans le bar. Mon amie poussa un gémissement de douleur au contact de la plaie

- C'est une blessure profonde, constata le médecin en se tournant vers moi. Je ne pense pas qu'elle survivra. Elle a déjà perdu trop de sang.

Je m'assis sur une chaise, effondrée par cette nouvelle. J'étais totalement impuissante. Caramel nous avait porté aussi vite qu'il le pouvait. La tête entre les mains, j'essayai de ne pas perdre pied. J'inspirai et expirai profondément pour calmer les palpitations de mon cœur. Suite au stress que nous venions de vivre, je me sentais vide de toute énergie.

J'entendis Alienor émettre de nouveau un gémissement. Elle avait le teint cireux, ses joues colorées avaient disparu. Ses traits étaient déformés par la douleur. Le médecin, qui était retourné à son chevet, regarda sa plaie, bouche bée.

- Je ne comprends pas, murmura-t-il, c'est impossible.

Je me relevai d'un bond.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

Il tourna ses yeux remplies d'incompréhension vers moi.

- Sa plaie a arrêté de saigner alors que je ne l'ai pas encore recousue.

- Et donc ? Suturez-la tout de suite avant que ça ne reprenne.

L'essentiel était sa survie, peu importait les circonstances. Le médecin reprit contenance et demanda aux deux autres de maintenir fermement Alienor pour qu'il puisse travailler. Je faisais les cents pas dans la pièce. Pendant ce temps, armé d'une aiguille et d'un fil, le médecin suturait mon amie. L'aubergiste vint me proposer à manger mais je ne pouvais rien avaler avant de la savoir hors de danger. Au bout de plusieurs minutes qui me semblèrent durer des heures, le docteur releva la tête.

- C'est bon, votre Majesté, elle devrait être hors de danger.

Un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres tandis que je m'affalai de nouveau sur la chaise.

- C'est un miracle, je ne comprends pas comment elle a pu survivre.

- L'essentiel, c'est qu'elle reste en vie. Merci docteur.

La première magicienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant