Chapitre 19 : Kaï

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Je posai le pied à terre, quittant ce carrosse qui m'avait transporté durant un mois. Je m'étirai le dos et les jambes avant d'aller voir Lena. Mon inquiètude pour elle n'avait fait que croître au cours du voyage. Nous avions fait nos bagages et étions partis, dès l'arrivée de la nouvelle. Ma mère était allée présenter nos hommages au roi, pour ma part je ne l'avais heureusement, plus revu avant le départ, il en était de même pour Oden. Je me méfiais encore plus de ce dernier avec les derniers évènements.

Je trouvai Lena aux écuries près de Caramel. Elle s'occupait de brosser sa longue crinière emmêlée. Un doux sourire flottait sur ses lèvres alors qu'elle répétait inlassablement le même mouvement.

- P'tite sœur, l'interpellai-je.

Elle sursauta et se retourna pour me faire face. Elle n'eut pas le temps de me répondre que je fonçai vers elle afin de la presser contre moi. J'enfoui mon visage dans ses cheveux qui sentaient la camomille. Elle paraissait avoir grandi depuis mon départ, et pourtant j'avais toujours cette impression de tenir une chose délicate entre mes bras.

- Aïe, pouffa Lena.

Je me reculai, la lâchant à contre cœur.

- Excuse-moi

- Moi aussi je suis contente de te revoir.

Je la détaillai, m'assurant qu'elle n'avait rien. Elle avait toujours ses petites joues roses et son sourire si attendrissant, mais dans ses yeux une lueur était apparue, seule séquelle visible.

- Tu vas bien ?

- Oui ça va, ne t'en fait pas pour moi. Raconte-moi plutôt comment c'était Ulliarion.

- Non, non, tu ne vas pas t'en tirer comme ça, plaisantai-je, je veux que tu me racontes tout ce qu'il s'est passé. Je t'expliquerai tout sur mon voyage quand on mangera avec les parents.

Elle souffla, exaspérée de devoir se répéter, puis me retraça tout ce qu'elle avait vécue. Au fur et à mesure de son récit, je me mis à faire les cents pas sentant mon rythme cardiaque s'accélérer. L'envie d'aller chercher mon épée et de me défouler me démangeait, alors que ma sœur au bord des larmes m'expliquait son calvaire.

- C'est grâce à Alienor que l'on s'en est sorti, conclu-t-elle.

Pour moi, son amie avait seulement essayé de sauver sa propre vie, mais ne souhaitant me disputer avec Lena, je m'abstiens de tout commentaire.

- J'aurais dû demander aux espions de continuer à te suivre. Je pensais que tu étais assez escorté pour être en sécurité.

- Tu n'y peux rien, la seule chose à faire, c'est de trouver une solution pour qu'ils aient ne manque plus de nourriture.

J'étais étonné de son raisonnement, en quelques semaines de temps elle avait gagné en maturité.

- Tout ce que je peux te proposer c'est de les traquer à coup d'épée.

Elle ria de bon cœur, comme ce son m'avait manqué. J'étais à moitié sérieux quand je lui disais ça, je pourrais très bien poursuivre jusqu'au dernier de ses assaillants pour le leur faire payer. Il faudrait que je touche deux mots à mon père pour savoir ce qu'il avait prévu à ce sujet.

- Il faut que j'aille me changer pour le déjeuner.

Elle passa devant moi et me serra à son tour de toute ses forces.

- Ne t'y habitue pas trop.

- Tu m'as manqué, rigola-t-elle.

***

La première magicienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant