Chapitre 20: Alienor

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Je luttai contre cette odeur âcre, qui cherchait à me réveiller. Des picotements dans la gorge m'empêchaient de respirer normalement. Les yeux mi-clos, je ne comprenais pas d'où venait cette lumière orangée qui éclairait ma chambre au milieux de la nuit. Les draps collaient contre ma peau transpirante. L'écroulement de mon armoire dans un bruit sourd finit de me réveiller. J'ouvris grand les yeux et me mis rapidement sur les coudes pour évaluer la situation. Il y avait des flammes, partout. J'étais complètement encerclée. Je toussai alors que la fumée obstruait mes voies respiratoires. Le feu avançait, détruisant tout sur son passage. Il atteignit mon lit, m'obligeant à reculer.

- Au secours, tentai-je de crier.

La toxicité de l'air m'empêcha d'appeler à l'aide. Aucun cri ne voulait sortir de ma gorge. Grâce à mes origines Ulliariennes, je ne ressentais pas la brûlure des flammes sur mes jambes nues, mais si je ne sortais pas prestement de la chambre, je finirais morte, asphyxiée. Je saisis vivement le drap qui me recouvrait quelques instants plutôt et me levai sur le lit. Je le plaquai contre les flammes les plus proches. Au lieu d'étouffer le feu, ce dernier se consuma entièrement. La panique me paralysa, je n'arrivais plus à réfléchir correctement.

Malheureusement mon pouvoir permettait de faire apparaitre du feu et non de l'éteindre. Je ne savais pas quoi faire, sortir par tous les moyens ou rejoindre un point d'eau dans la salle de bain. La tête me tournait, je me rassis sur le lit et pu respirer un peu mieux. Je regardai vers le plafond, les fumées s'accumulèrent en hauteur.

Impossible d'éteindre ses flammes, il y en avait trop. En essayant de les éviter au maximum, je me précipitai vers la porte. J'avançai aussi vite que je le pouvais, me sentant faible à cause des fumées toxiques.

- Aahhhh

Ma voix dérailla alors qu'une armoire s'effondrait sur moi. J'étais écrasée par le poids des planches de bois brulantes. Je ne savais pas si ma capacité à résister aux flammes durerait encore très longtemps. Je ne parvenais pas à me dégager, une planche coinçait ma jambe.

- Alienor, Alienor, crièrent plusieurs voix au-delà de la porte.

- Je...suis...là

Mes paroles ne portèrent pas assez loin. Ma gorge me faisait trop souffrir pour que je puisse crier. J'entendais tambouriner pour essayer d'entrer mais la porte était coincée. Un meuble avait été placé devant pour empêcher quiconque d'entrer. De rage, j'essayai de tirer sur ma jambe. Je ne pouvais pas mourir, pas comme ça. Je tirai, tirai jusqu'à m'en faire mal, rien ne bougeait. Je donnai un coup de pied dans la planche avec mon autre jambe, je la sentis basculer puis revenir à sa place.

- Alienor, on va faire le tour ne bouge pas.

C'était la voix d'Armand. La ville entière devait avoir été réveillée pour qu'il vienne depuis son auberge. De toute manière je ne pouvais pas aller bien loin. Dans un dernier effort, j'essayai une nouvelle fois de déplacer la planche, mais en vain. La tête me tournait et mes forces s'en allaient. J'entendis une vitre se briser mais je n'avais plus assez d'énergie pour regarder ce qu'il se passait.

- Où est-elle ? demanda une voix que je ne connaissais pas.

- Je ne sais pas, cherche partout, vite.

Armand, il était venu me sauver. Cette pensée me réchauffa le cœur, et me motiva à lutter encore un peu contre les ténèbres qui voulaient m'emmener.

- Elle est là, cria la voix mystérieuse.

Deux ombres approchèrent de moi, je n'arrivais pas à distinguer leurs visages qui étaient recouvert d'un tissu humide. Un soulagement immense m'envahit alors qu'ensemble, ils soulevèrent la planche qui m'entravait. Armand se baissa à ma hauteur et repoussa les quelques mèches sur mon visage.

La première magicienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant