Chapitre 12 : Lena

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Au bout d'une semaine de voyage, nous étions arrivés au village d'Izival, l'un des lieux impactés par le manque de magie. Je voyageais dans le carrosse avec Alexander et Alienor et des gardes nous escortaient. Cette dernière ne m'avait pas encore parlé de notre confrontation au palais. L'idée de la revoir m'avait angoissé plusieurs jours avant le départ. Je refusais de lui faire la conversation tant qu'elle ne se serait pas excusée. Ses propos m'avaient profondément blessé. Après avoir confectionné son remède, j'avais pleuré un long moment dans ma chambre. Avant son départ, j'étais allé confronter Kaï qui n'avait aucun remords. Je n'avais pas réussi à le faire changer d'avis, il continuerait à la malmener pour qu'elle parte. J'avais beau être en colère contre elle, je ne voulais pas qu'elle s'en aille.

Nous logions dans une auberge avec tout le confort nécessaire. Après le repas, j'étais allée dehors pour voir mon cheval Caramel. Je l'avais nommé étant enfant pour la couleur de sa robe. Il était attaché à une poutre avec de quoi se nourrir. Etant une fille de la Terre, j'avais la possibilité de ressentir les émotions d'un animal. Mon pouvoir avait sélectionné Caramel ou bien c'est mon cheval qui m'avait choisi, je ne saurais le dire. Nous avions donc la possibilité de communiquer par image. Cette connexion ne fonctionnait que lorsque nous étions proche. Depuis l'arrivée d'Alienor, je l'avais un peu délaissé et je comptais bien me faire pardonner.

Caramel était épuisé par cette semaine de voyage, il m'envoya l'image d'un cheval au paradis entouré de carottes. Je ri et lui en apporta quelques-unes pour le récompenser. Une brosse était attachée sur la poutre, je m'en saisis pour le brosser longuement, en insistant bien entre les oreilles, son endroit préféré. Je m'arrêtai quelques secondes le bras endolori. Il me poussa gentiment avec son museau, et m'envoya une image de moi le caressant jusqu'à ce que mes cheveux grisonnent. Je repris en riant, lui faisant comprendre que je serais obligé de m'arrêter à un moment.

- Princesse que faites-vous ici ? haleta un soldat.

- Je suis venue m'occuper de mon cheval.

Il était arrivé en courant et s'assurait maintenant qu'il n'y avait personne aux alentours.

- Vous ne pouvez pas vous promener seule. Laissez donc quelqu'un s'en charger, ce n'est pas une occupation pour une princesse.

- Je ne suis pas en danger ici. Ce sont mes sujets, jamais il ne me ferait de mal.

Il me dominait de sa hauteur, cherchant une menace qui n'existait pas. Je n'avais jamais eu de garde rapproché au château, je ne comprenais donc pas pourquoi ça devrait être différent ici. Il se tortillait comme s'il n'osait pas m'avouer quelque chose.

- Votre Majesté, les villageois ici ont faim. La pauvreté peut transformer la personne la plus douce en brigand. Rentrons, je vous prie.

Je soufflai. J'avais juste voulu passer un moment seule. Je suivis le soldat jusqu'à l'auberge. Voyant Alienor attablée avec Alexander, je décidai de monter me coucher. Demain j'irai à la rencontre des paysans dans les champs, tandis que mon cousin effectuerait son rituel.

***

J'avais revêtu une tenue chaude avec des bottes pour me permettre de circuler dans les champs. Les jupons de ma robe risquaient d'être couvert de boue rapidement au vu des pluies de ces derniers jours. Nous étions tous les trois silencieux dans le carrosse, nous dirigeant hors de la zone d'habitation du village. C'était la première fois que j'étais autorisée à sortir de la capitale. J'inspirai l'air frais à travers la fenêtre, ravie de ce voyage qui me permettait de découvrir mon pays. Les rues défilaient, nous croisâmes quelques personnes qui timidement me faisaient signe ou me souriaient. Nous arrivâmes au milieu de champs. Quelques villageois nous attendaient. En leur centre se tenait un homme apprêté d'habits neufs et élégants. Il avait des chaussures parfaitement cirées recouvertes de boue fraîche. Une chose était sûre, ce n'était pas un paysan. Alors que tout le monde me faisait la révérence, nous descendîmes du carrosse. L'homme s'approcha de moi en me baisant la main.

La première magicienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant