chapitre 4 : Alessia

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Il avait raison, ça me tue de l'avouer, mais ce petit con égocentrique avait raison. Venir ici m'a fait ouvrir les yeux. Bon, je ne vais pas l'avouer non plus, mais il l'a compris quand je lui ai dit merci. C'est étrange parce que je n'ai jamais été proche de Dixon quand j'étais enfant, il était toujours fourré avec mon frère, Tony et Spence, ce qui n'a pas changé en vrai. Moi j'étais très proche de Salomé, par rapport à notre différence d'âge d'à peine deux ans. Être revenue ici à Camden est étrange, je ne pensais pas revenir encore moins dans ces circonstances . 

Mais Maya a eu peur et je comprends pourquoi c'est ici qu'elle m'a emmené, je lui ai tellement parlé de Noah, de ce grand frère que ma mère m'a enlevé, ou plutôt c'est moi qu'elle a enlevé à sa famille en partant. Mais aujourd'hui Noah n'est pas là, je ne l'ai pas vu depuis que je suis arrivé. Tout le monde lui trouve des excuses, il est parti en mission pour Priam, où il devrait bientôt rentré. 

Le seul à être honnête avec moi, c'est Dixon, c'est lui la première personne que j'ai vue quand j'ai ouvert un œil, et encore lui qui était là endormi à côté de mon lit a veillé sur moi. Dixon ne sait pas où il est, ni quand il va rentrer, quand il a dû partir il m'a prévenu que son père l'envoyait quelque part pour trois jours plus ou moins. Et il est là à me pousser dans mes retranchements, je n'ai envie de parler à personne parce que tout le monde m'étouffe à vouloir me faire parler de ce qui m'est arrivé ou de ce que je vis depuis deux ans que ma mère est morte ou même de ses huit dernières années, depuis que je suis partie. Je ne sais pas pourquoi dès que je l'ai enterré, je n'ai pas sauté dans un avion ou un bus pour revenir ici chez moi, la peur d'affronter tout le monde sans doute. Non, en vrai je sais les vraies raisons de pourquoi je suis resté à Detroit. La peur, mais pas de ce que j'allais trouver ici, plutôt des monstres qui me retenaient le bas.

J'étais pas sûre d'être bien accueillie quand même vu comment ma mère s'est barrée d'ici même si à douze ans je n'aurais rien pu faire. Mais en y réfléchissant, j'aurais dû, ça m'aurait évité bien des problèmes, problèmes que j'ai amenés jusqu'au club de mon père. Je ne sais pas combien de temps ça prendra, mais quand il me retrouvera, ils ne vont pas se gêner pour déclarer la guerre aux cerbères et ce jour-là j'aurai des blessés voire pire sur la conscience.

 Et cette prise de conscience me hante déjà, en plus des monstres qui m'entourent en permanence, la nuit je les sens , je les vois roder autour de moi dans ma chambre , chaque nuit je me réveille en sueur et terrorisé. J'ai l'impression d'étouffer et que jamais ils ne me laisseront tranquille .A chaque fois que je me réveillais dans cet état, Dixon me caressait la nuque du bout des doigts et les monstres de ma vie s'évaporaient doucement. Je sais que je vais devoir partir dans pas longtemps, je prends juste le temps de me remettre pour pouvoir courir le plus loin possible avant que ça ne soit trop tard. En attendant, je profite de ce que Dixon m'a offert aujourd'hui, retrouver ma grand-mère. Mami m'a manqué, c'est vrai, ce qu'est devenu cet endroit est fou. J'ai l'impression que c'est plus grand, ou alors c'est parce que j'étais gamine la dernière fois que je suis venue, mais en tout cas c'est bondé, depuis deux heures que je suis là, les arrivées n'ont pas arrêté . Je n'ai pas parlé plus que d'habitude, mais je me suis laissé porter par l'ambiance chaleureuse de l'endroit, mais aussi de Mami et Mama qui ne m'ont pas bombardé de questions et n'ont pas fait une fixette sur mon visage qui est encore bleu d'un côté. J'ai mis un foulard sur mon cou pour être sûr qu'on ne voit pas ces marques là, qui ont plus de mal a s'estomper .J'ai encore mal partout, mon corps est moins engourdi que les premiers jours mais les courbatures sont quand même là au bras et aux jambes .

Je crois qu'en ce moment je me sens bien parce que dix n'est pas loin et garde un œil sur moi. Depuis qu'on est la, nos grands-mères lui ont filé toutes les corvées les plus lourdes, je ne l'ai pas vu beaucoup mais à chaque fois il avait un œil sur moi avant de repartir. Et sans que je ne comprenne pourquoi ça me soulageait et me sécurisait de le savoir tout près. Je suis resté derrière le comptoir pour garder une distance de sécurité avec les autres personnes. Mon corps n'est pas prêt pour des contacts physiques. Enfin à part Dixon, je ne sais pas pourquoi, et je préfère ne pas analyser ça pour l'instant et me concentrer sur moi. Après avoir fini de servir les repas, je m'installe sur une chaise dans la cuisine et je pose mes bras sur la table et ma tête enfouie dedans. Je respire, mais je craque. Je craque pour ce que j'ai perdu il y a huit ans, je craque pour ce que ma mère m'a enlevé, je craque pour ce que j'ai vécu ces deux dernières années, je craque parce que mon frère n'est pas là pour moi, je craque parce que j'ai peur et je craque parce que j'ai mal physiquement et en ce moment cette douleur prend le dessus sur le reste .

Cerbères Hell's 1. Dixon  ( histoire terminée  )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant