Chapitre 18 - La main dans le sac

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J'ai voulu sortir de ce lieu dès que j'ai compris qu'il s'agissait des couveuses pour leurs expérimentations reproductives. Mais ma curiosité scientifique (toujours elle) m'a convaincue d'écouter les explications de Sayan avant de mettre les voiles. Je regarde le Viking de l'espace se diriger vers la colonne centrale, et après une manipulation assez technique, en ouvrir un compartiment.

— Docteur Ferrat, ce que vous voyez là est notre réserve de gamètes. Nous les maintenons à moins de vingt degrés Celsius, pour reprendre une unité de mesure que vous connaissez. La réfrigération est assurée par des batteries autonomes afin de protéger le contenu de la colonne, même en cas de coupure de courant. Pour l'instant, nous n'avons récolté qu'une infime quantité de gamètes femelles. Le chef Kalen doit mener des missions les prochains mois afin d'en rapporter un peu plus, tout comme les cinquième et sixième divisions. Le but étant de prélever dans des zones géographiquement éloignées pour assurer une bonne représentativité génétique. Nous pourrons ensuite commencer les fécondations.

— Dites, Ragnar, vous avez conscience que ce que vous faites s'apparente à un viol médical ? vociféré-je, les poings serrés.

— Je m'appelle Sayan, me reprend-il simplement. Les femelles donneuses sont endormies lors du prélèvement et libérées après trois jours. Elles ne savent pas ce que nous leur avons fait.

— C'est presque pire, vous imaginez leur détresse ? m'énervé-je. Enlevées par les ennemis de l'humanité et ramenées trois jours après sans aucun souvenir ! Elles doivent se poser mille questions !

— Oh, alors vous pensez comme la majorité des proches du Grand Consul que nous devons les tuer ? demande Sayan avec une pointe de curiosité. J'avoue que...

— Je pense que vous êtes monstrueux ! éclaté-je. Laissez ces pauvres femmes tranquilles, abandonnez ce projet ignoble !

— Nous ne pouvons pas, dit alors Jafro en secouant ses boucles blondes. C'est un ordre du Grand Consul. Si nous refusons de procéder à ces expérimentations, nous serons exécutés et d'autres prendront nos places. Toutes nos femelles sont devenues stériles avec le glissement, notre seul espoir de survie, c'est ce projet couveuse.

— Votre Grand Consul est une ordure de la pire espèce, il a déjà détruit votre planète ! Il vous faut quoi pour ouvrir les yeux !

— J'ai les yeux ouverts, me répond Jafro sans comprendre. Et le Grand Consul n'a pas détruit Selcyon. C'est le Gouverneur qui a opté pour une politique répressive déplorable lors de la guerre des castes et qui a ordonné l'utilisation de l'arme noire alors que le projet Arohnis n'avait pas rendu toutes ses conclusions. Le Grand Consul nous a tous sauvés en sentant le danger arriver. Il a fait embarquer un maximum d'individus dans les vaisseaux dans le but de vider Selcyon de ses habitants. Il s'est allié à l'équipe de Goharin G1-103, le scientifique ayant mené des études approfondies sur les planètes de la galaxie, afin d'en trouver une habitable. C'est Goharin qui a découvert l'existence de votre Terre, bien avant que Selcyon soit détruite, et encore lui qui en a fait notre unique chance de survie grâce au projet Bleiselcyon.

— Il s'est quand même bien planté, votre super scientifique ! Vous avez été obligé d'assimiler les corps de pauvres sauvages ignorants.

— C'est vrai que ce fut un véritable coup dur de devoir procéder à un tel sacrifice, acquiesce Ragnar sans percevoir l'ironie de mon propos. Mais étudier une planète se situant à une telle distance relève de l'exploit. Son erreur était tout de même minime. Et il a vite su trouver une parade.

— Et le Gouverneur ? demandé-je en luttant pour ne pas insulter mon interlocuteur.

— Le Grand Consul l'a fait exécuter. Il l'a renvoyé par une capsule d'urgence sur Selcyon avant notre exil, ce qui était l'assurance d'une mort lente et douloureuse.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant