Chapitre 33 - Tomber des nues

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Ceci est un SOS. Je suis le docteur Lyna Ferrat, enlevée le dix-huit avril par des selcyns à Hanoï. J'ai été retenue en otage dans une base proche de la ville de Tavira et je m'apprête à tenter une traversée de la Méditerranée. Je détiens des informations qui pourraient s'avérer utiles. Venez à mon secours.

— Je pensais ne jamais réentendre cette voix, ironise Lee en coupant l'enregistrement. Une survivante affirmant détenir des informations sur notre grand ennemi, voilà une nouvelle qui a vite fait le tour des bases Faraday. Je remercie le Général Hassan de nous avoir transmis cette information pour le moins... étonnante.

Je ne sais que répondre. Lee adopte une attitude à la fois professionnelle et totalement méprisante. Je me sens piégée dans ce bureau immense aux meubles métalliques aussi froids que mon interlocuteur. Au fond de la pièce, trois gradés assistent à mon épreuve sans ciller. Hassan ne semble pas très à l'aise avec la tournure des évènements : il observe avec attention son collègue me toiser avec mépris, incertain de la démarche à suivre.

— Et donc, nous vous écoutons, Docteur Ferrat. Que s'est-il passé ces trois derniers mois ? me questionne Lee avec une moue de dégout.

— J'ai été enlevée à Hanoï par une escouade de la première division selcyne du Grand Consul, commencé-je. Leur chef n'est autre que le selcyn que vous aviez enlevé et que vous m'aviez ordonné d'étudier pour...

— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? me coupe Hassan. De quoi parlez-vous ?

— Le Général Lee a introduit un selcyn blessé sur Faraday-4 dans le but de l'étudier, reprends-je. Ce fut ma dernière mission avant que la base soit attaquée.

— Après les études poussées effectuées à Bamako et la perte de Faraday-12, les ordres du maréchal étaient très clairs : plus d'enlèvement d'alien, gronde Hassan.

Lee me foudroie du regard avant de se radoucir.

— Tout à fait, Général Hassan. Mais celui-ci était mourant. L'occasion était trop belle.

— Comment se fait-il que vous ayez gardé le secret ? Cet enlèvement a-t-il un lien avec la chute de Faraday-4 ?

— Absolument, affirmé-je, trop heureuse d'enfoncer le nez de Lee dans sa mouise. Ce sont bien les soldats de Kalen qui sont venus détruire la base pour récupérer leur chef, et aussi eux qui m'ont enlevée à Hanoï.

— Rien n'est moins sûr, gronde Lee en grimaçant.

— Le docteur Ferrat semble pourtant bien placée pour le savoir, le contre Hassan. Je vous en prie, Docteur, continuez votre récit.

J'ignore difficilement les regards assassins de Lee, ce petit air de vous allez me le payer. Mais je m'en fiche, il est temps que le monde sache quel sale enfoiré il est. Je souffle un bon coup et poursuis :

— Je pensais que Kalen souhaitait ma mort, à cause des tortures subies et des expérimentations faites sur lui. Mais je me trompais. Il n'a rien fait pour me nuire. Je suis arrivée très vite à Tavira et j'y suis restée trois mois.

— Pourquoi donc vous a-t-il enlevé, dans ce cas ? s'étonne Hassan.

— Je ne sais pas, mens-je avec la plus grande assurance. C'était peut-être une façon de se venger. Nous leur avions pris leur chef, ils ont délesté Hanoï de son dernier médecin.

— Voilà qui est fort intéressant ! s'exclame Lee. Cet alien que vous désignez par son prénom, comme s'il s'agissait d'une de vos conquêtes est donc le chef de la première division de... hum... c'est donc un chef !

Je me mords les lèvres. J'ai fait une bourde en nommant Kalen et en donnant son grade. Hassan acquiesce d'un air sérieux.

— Et quelles sont les informations dont vous parliez dans votre appel à l'aide ? me demande-t-il avec douceur.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant