Chapitre 13 - L'amour rend aveugle

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Notre nouveau pote n'est pas des plus courageux ! Après m'être rhabillée en quatrième vitesse, nous avons immédiatement gagné le couloir en descendant l'échelle. Mais il était déjà hors de notre vue. Clairement, il ne voulait pas être pris la main dans le sac en compagnie des ennemis publics numéro un de ce cher Carotte Man. Mon cœur se pince en pensant à ce surnom stupide : où est Mei en ce moment ? Va-t-elle bien ? Varely a-t-il pu contacter Faraday-51, ou au moins un camp de Brasilia pour préparer l'arrivée de nos amis ? Autant de questions qui resteront pour l'instant sans réponse, comme me le rappellent les voix graves en approche. Kalen réagit aussitôt : il me saisit la main pour m'entraîner dans les dédales de Cassy-1.

J'ignore si nos poursuivants nous ont entendus fuir, mais je n'ose pas me retourner ou même demander à Kalen de ralentir pour vérifier. Il est évident que mes séances de flaster ont amélioré ma condition physique, cependant, mon presque amant (grrr) reste trop rapide pour moi, malgré sa récente torture. C'est d'abord ma cuisse blessée qui m'élance affreusement, mais je serre les dents, bien décidée à nous permettre de nous éloigner au plus vite. Kalen me guide, surement au hasard, tournant parfois brutalement. Puis c'est le souffle qui vient à me manquer. Kalen ne ralentit toujours pas, j'ai les poumons en feu. Purée de chiotte, ce sprint dure depuis plus de dix minutes ! Enfin, je dois me résoudre à abdiquer. Tout mon corps crie au scandale, et j'en viens à trébucher lamentablement. Je sue comme un goret et peine à reprendre ma respiration.

— Pas ici ! me chuchote Kalen en m'attrapant sous les bras.

Il me traîne sur plusieurs mètres comme une gosse capricieuse, s'arrêtant à chaque porte pour essayer de l'ouvrir. Quand enfin il parvient à en trouver une qui accepte de se déverrouiller, il nous précipite à l'intérieur de la pièce et referme aussi sec. Je m'effondre contre un mur pour calmer mon cœur tout en jetant un œil à Kalen. Même lui ne peut totalement masquer son essoufflement suite à cette course folle. Après plusieurs minutes, je parviens enfin à articuler :

— On les a semés ?

— Je n'en suis pas certain.

— Où sommes-nous ?

— Je ne connais pas bien cette partie de Cassy-1, Chaton. Je pense que nous sommes toujours dans une zone de production, mais sans certitude.

— Et maintenant, on fait quoi ? demandé-je.

— On attend. Comment vas-tu ?

— J'ai envie de vomir. Et toi ?

— J'ai une sensation de vertige. Sans doute un reste de métabloquant.

— Pas étonnant, tu as failli y passer, soupiré-je.

— Où ?

— Quoi ?

— J'ai failli passer où ?

— À la trappe, réponds-je avec un sourire qui disparaît aussi sec. Tu étais mourant. Tu aurais besoin d'un autre passage dans le flaster.

— Pas plus d'une fois par jour, et le prochain créneau est pour toi, Chaton.

Je le dévisage, m'enivrant de chaque détail de son visage. La peur de le voir mourir, nos retrouvailles brûlantes, et la course poursuite : ces dernières vingt-quatre heures ont été intenses et m'ont fait comprendre à quel point Kalen est devenu le centre de ma vie. Je me lève pour le rejoindre, passant mes bras autour de son cou. Mon compagnon me serre tout contre lui, là où je peux entendre son cœur tambouriner. Il baisse la tête pour atteindre mon cou et s'y frotte tendrement. Une vague de bien-être détend aussitôt mes muscles. Je suis à ma place.

L'instant est bref. K se redresse brusquement et me fait pivoter de telle sorte que je me retrouve derrière lui. La porte s'ouvre au même moment, et je dois me pencher pour voir qui nous rejoint. Des selcyns, évidemment, au nombre de quatre. Que des hommes. Ils s'alignent devant Kalen. Je prie pour qu'il s'agisse de rebelles. Malheureusement, ils dégainent leurs pistolets laser et l'un d'eux prend la parole :

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant