Chapitre 50 - Remuer ciel et terre

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Un grondement en provenance de l'extérieur me fait reprendre mes esprits. Je me recule, désorientée par l'obscurité. Je remarque alors que l'arme noire se remet doucement à luire. Mon laser, lui, est toujours HS. Mais que se passe-t-il ?

Le bruit est de plus en plus fort, et je reconnais à présent des pas et des bribes de conversation.

— Où est-elle ? grogne la voix furieuse du Consul, la voix de mon père.

Je dois m'éloigner encore. Je continue de reculer, mais j'heurte quelqu'un. La personne tente de m'attraper, mais je lui balance un coup de pied qui nous fait tomber l'un comme l'autre. Je rampe dans la direction opposée. La porte d'entrée du sarcophage se met à coulisser lentement, éclairant progressivement la pièce. Je vois alors Kiodo, Ranissa et, aussi incroyable que ça puisse paraître, le Maréchal Silva la franchir, suivi de plusieurs dizaines de soldats terriens comme selcyns. Parmi eux, je reconnais Raimundo, le colonel Amada, Merylt, Damin... et même monsieur Duarte, le maire de Papuda. J'ai l'impression de faire face à une hallucination.

— Rendez-vous ! hurle le Maréchal. Vos lasers ne vous seront d'aucune utilité. Nous vous avons balancé une E-grenade.

Une E-grenade ? Comme une bombe IEM miniature ? Je regarde le trou sous l'arme, puis de nouveau nos alliés qui, eux, semblent pouvoir faire usage de leurs armes. Je comprends que seules les armes présentent dans la salle au moment de l'explosion de la grenade sont H.S. Les Borls de la première garde sont furieux et certains jettent leurs pistolets devenus inutiles sur les rebelles gisant à terre.

—Les murs en txifey ont contenu les effets du magnétisme à l'intérieur du sarcophage, grimace le Consul en réponse à mes réflexions silencieuses. Malheureusement pour vous, nous avons aussi des armes à feu. Soldats terriens ? C'est le moment de me prouver que vous méritez ma protection.

Les secondes s'écoulent, mais aucun ne bouge. Le visage jadis si doux de mon père est déformé par la rage.

— Vos impulsions électromagnétiques ne peuvent rien contre l'arme noire ! Regardez, elle est toujours active ! Je vous conseille de ne plus bouger, où j'ordonne à mon Temen d'enclencher la procédure. C'est si simple, une pression suffirait à tous nous condamner. La procédure, une fois enclenchée, ne peut plus être stoppée.

En effet, le cœur du cône émet de nouveau ce drôle de scintillement. Et l'un des hommes du consul se tient à ses pieds, la main sur la console de commandes. Mes alliés semblent prendre la menace très au sérieux, car ils baissent prudemment leurs armes. Je continue de reculer, repérant au dernier moment le regard affolé de Kalen. Trop tard, je redeviens en quelques secondes une proie. Un individu m'a saisi par les épaules pour me projeter contre le mur avec violence. Mon front percute la paroi noire et un liquide chaud s'écoule entre mes deux yeux : du sang. Je me retourne, sonnée, et reconnais mon agresseur. Il s'agit de cet enfoiré de Houlm, la Scalt devenue homme qui m'a regardée me noyer sans réagir. Son corps maigrelet s'est transformé, et iel est à présent presque aussi trapu que mon Kalen. Houlm bondit à nouveau sur moi, mais cette fois, il me maintient au sol, sur le ventre, bras douloureusement plié dans le dos.

— Tu voulais être plus qu'un domestique, Houlm, tenté-je. Les rebelles sont sur le point de t'exaucer. Réfléchis un peu, une nouvelle société plus égalitaire se met en place.

— Mais je ne veux pas l'égalité, Lyna, me susurre-t-iel. Je veux le pouvoir.

Il tire mes cheveux, faisant basculer ma tête en arrière. Mes yeux croisent alors ceux de Gatien. Il semble comme possédé. Lentement, je le vois lever son colt... sur moi ! Purée de chiotte, je ne vais pas mourir comme ça !

— Voilà un élément prometteur, jubile le Grand Consul en se rapprochant de nous. Je pourrais peut-être lui épargner la même mort qu'aux autres supersoldats.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant