Chapitre 14 - Tout détruire pour mieux reconstruire

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La selcyne blonde me dépasse en quelques secondes et attrape la tête de son compagnon. Son cri de détresse me glace jusqu'à la moelle. Alors qu'elle se décale, je constate par moi-même l'état alarmant de Varely. Ses yeux ne sont plus que deux trous ensanglantés. Je reste quelques secondes en état d'hébétude, les cris plaintifs de Ranissa vibrent à l'intérieur de moi. Puis je me ressaisis.

— Il faut le détacher, et vite ! glapis-je d'une voix éraillée. Nous devons nettoyer ses plaies et appliquer au plus vite une compresse froide sur ses yeux !

— Ajarine ! hurle Ranissa.

Une selcyne s'avance jusqu'au couple. Si son visage n'exprime pas grand-chose, je remarque que sa démarche est mal assurée. Elle tend son pistolet laser à quelques centimètres d'une des deux menottes luminescentes et tire. Le bras droit de Varely est libéré. Un selcyn se précipite pour aider Ranissa à le réceptionner. La dénommée Ajarine répète l'opération de l'autre côté et Varely s'effondre dans les bras de ses deux amis.

— Laisse-moi regarder, fais-je d'une voix se voulant ferme.

— Non, Lyna, me répond Ranissa. Nous l'emmenons en urgence dans le flaster le plus proche. Sidji et Ajarine, sécurisez nos déplacements, appelez des renforts. Jiho et Meridek, aidez Lyna et Kalen. Eux aussi vont avoir besoin de soins avant de quitter Cassy-1.

Je lâche alors des yeux un Varely à l'agonie pour me tourner vers Kalen. Il se tient debout, appuyé contre le mur. Son beau visage meurtri me fixe avec fureur. Je boitille jusqu'à lui et dès que je suis à sa portée, il cale sa main sur ma joue.

— Ils t'ont frappé, Chaton. Je veux tous les voir brûler.

— K, chuchoté-je. Nous devons faire atterrir Cassy-1. Si nous ne le faisons pas, la Terre sera détruite.

— Lily...

— Je ne veux pas voir mon monde disparaître comme tu as vu le tien s'éteindre. Je veux retrouver Mei, Jofen, Sam et Sayan. Je veux partir à la recherche de mes parents...

— Nous en reparlerons quand nous serons en sécurité et en meilleur état. Pas de décision prise dans la précipitation.

— Kalen, tu sais que nous n'avons plus le choix...

Mon compagnon soupire, mais ne répond rien. Un selcyn vient alors à ma rencontre et passe son bras sous les miens pour me soutenir. Ouille ! Mes côtes cassées n'apprécient pas. Et pourtant, nous voilà repartis pour une longue marche.

Je suis fébrile. Choquée par la violence subie et vue, déçue de ne pas être plus écoutée par Kalen. Le Consul va se tirer à l'autre bout de la galaxie en laissant un cadavre de planète derrière lui si nous ne le coinçons pas sur Terre ! Et il n'hésitera pas à abandonner ses opposants sur place. Que faut-il à K pour comprendre que nous n'avons plus le choix ! Je me force à me calmer, me concentrant sur mon propre corps. J'ai du mal à respirer, mes muscles sont tétanisés. Je n'ai jamais été aussi misérable de ma vie, et pourtant, je me sens d'attaque pour bousiller ce fichu vaisseau. Je ronge mon frein, ne répondant qu'avec le minimum de mots aux rares questions des selcyns. Nous faisons une courte halte dans un couloir rose. Ranissa s'éloigne en courant et revient quelques minutes plus tard avec une sacoche. Elle nettoie les blessures de Varely et lui passe autour du crâne une sorte de masque bleuté qui, je l'apprendrai plus tard, est en réalité une poche réfrigérée.

Deux navettes et près d'une heure plus tard, nous franchissons une barricade faite de bric-à-brac métalliques en tout genre. Je reste sidérée devant ce haut mur étincelant, mieux gardé que le palais du Roi du Commonwealth. Waouh, cette histoire de rébellion prend des proportions hallucinantes. De l'autre côté, les couloirs grouillent de selcyns marchant à vive allure.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant