Chapitre 38 - Comité d'accueil

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J'ai couru jusqu'à la salle de pilotage pour retrouver Kiodo et ses chefs d'escouade. Il n'a pas été ravi de me voir débarquer, mais il ne m'a pas chassé non plus. J'ai appris qu'en raison de l'attaque et du piratage du bouclier de défense, Cassy-7 s'immobilise à deux kilomètres du point d'atterrissage prévu. Je regarde par les vitres et les écrans de contrôle. Au loin, l'immense carrosserie noire de Cassy-1 assombrit le paysage comme une promesse de mort. Et tout autour de nous, c'est le chaos.

— Comment faites-vous pour reconnaître vos suppos et ceux du Consul ? demandé-je en plissant les yeux devant la myriade de tirs lasers.

— Qu'est-ce que tu appelles un suppo ?

— Euh... les œufs, je voulais dire les œufs.

— Nos hommes peuvent vérifier avec les lunettes de combat si le pilote est sur le même canal de discussion.

— Mais vous, avec vos tourelles défensives ?

— On observe le comportement de l'appareil et on juge s'il est hostile ou non, en espérant ne pas nous tromper.

— En espérant ne pas vous tromper ! m'étranglé-je. Mes amis sont peut-être dans un de ces sup... trucs !

— Kalen et Jofen sont déjà aux abords de Cassy-1, dit-il en désignant du menton la gigantesque ombre qui se dresse devant nous. Cette escouade-là nous vient du sud de l'Europe.

— Peu importe, il y a peut-être vos amis à vous !

— Nous n'avons pas d'amis, Lyna Ferrat, me répond calmement Kiodo.

Un grognement désapprobateur sort de ma gorge. Le Temen se retourne vers moi pour me scruter avec attention. Sa bouche s'ouvre, comme s'il voulait ajouter quelque chose. Mais il semble se raviser, cligne des yeux, et annonce finalement :

— Nos hommes ne vont pas tarder à se débarrasser de cette vague d'assaillants, et tous les tests sont bons : pas de radioactivité dans cette zone. Le jour s'est levé. Les humains vont pouvoir commencer à déployer leurs robots et combattre sans risquer leur vie, eux. Retournez à votre poste et ne le quittez plus sans autorisation, c'est un ordre.

Une multitude de noms d'oiseaux se bousculent dans ma bouche, mais je les ravale. Ce n'est ni le lieu ni le moment de faire un esclandre. Profondément agacée, je tourne les talons et repars en courant en sens inverse. Lorsque je retrouve le hall, des selcyns sont en train d'équiper les volontaires terriens de gilets de protection. Ils sont bien trop grands pour la plupart des femmes (et même des hommes) présentes, mais j'imagine que c'est mieux que rien.

— Ah, tu es là ! s'écrie Mei. Tu étais passée où ? Je ne t'ai pas vue partir.

— À la pêche aux renseignements. D'après Kiodo, les hommes du Consul vont battre en retraite et nous pourrons sortir pour lâcher les IAM. Quoi de neuf ici ?

— Un mec de ce vaisseau est parti voir si, avec l'endommagement du bouclier, on ne pouvait pas piloter depuis l'intérieur. Et Raimundo a repéré un relief pour nous mettre à couvert au cas où la réponse soit négative. Oh, et il veut qu'on l'appelle lieutenant Hernandes, sinon il pète un fusible.

— Ok, donc on continue de l'appeler Raimundo ?

— J'aime quand tu fais ta peau de vache ma Lily.

— Il faut bien un rayon de lumière dans toute cette noirceur. Je me contenterai de la contrariété de Raimundo, à défaut de pouvoir me défouler sur le commandant de ce vaisseau.

— Tu cherches des noises à Kiodo ?

— Il mériterait que je te lâche en roue libre dans la salle de pilotage.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant