Restauration

Chapitre 22

DEBORAH

Deborah - Mon amour ?! Criais-je en dévalant les escaliers.

Béni - Oui ma femme ?

Deborah - Quelle couleur ? Je lui montre deux robes, une rose et une autre verte.

Béni - Je vais choisir rose pour cette fois, t'es belle hein. Il me sourit en jouant avec ses clés de voiture.

Aujourd'hui on allait rendre visite à mes parents, comme d'habitude Béni était prêt avant moi. Il ne me restait plus qu'à m'habiller en vrai. Mon maquillage est fait et je suis déjà coiffée. On attendait toujours la perruque que Béni m'a acheté donc je portais mes cheveux en un chignon haut.

Deborah - Onkay bébé, je remonte avec hâte dans notre chambre avant d'enfiler ladite robe rose.

Je passe de la vaseline sur mes poignets, mon cou et derrière mes genoux avant de me parfumer. C'est une astuce pour faire durer le parfum plus longtemps les filles ! Quand je suis enfin prête je rejoins mon homme qui n'avait pas hésité à me prendre en vidéo.

C'est mon premier fan.

Béni - Quand je dis que mon prénom veut dire quelque chose, regardez le pain béni de quelqu'un comme ça. Succulente, riche, puissante, tchié ! Il me prend par la main gauche et l'embrasse. Que t'es belle princesse.

Il range son téléphone avant de prendre mon sac et mon manteau.

Deborah - Toi aussi t'es beau mon loulou, je le prends par le bras en souriant.

Béni - Hmm loulou hein ?

Deborah - Bah ouais, c'est mignon wesh.

Béni - Gneugneu c'est mignon, passe devant ! Je pars en fou rire. Ko c'est mignon, allez grimpe.

Je continue de rigoler en ouvrant la portière, il me tend mes affaires et je m'installe. En essayant de reprendre mon calme, je le regarde s'asseoir dans l'habitacle et régler son poste de conduite. Il est charmant deh.

[...]

On vient tout juste d'arriver et on a eu le droit aux pleurs de Maman, des miens et des gros câlins de Johanna ; ma jolie boule d'amour.

Béni - Ça dit quoi le géant, dit-il en tchekant Gabryel.

Gabryel - Ça dit rien boss et toi ?

Béni - Toujours aussi marié, il me fait un clin d'œil avant de ricaner.

Johanna - Vous êtes trop beaux j'en peux plus wesh, Maman je veux me marier aussi.

Maman - Apprends à préparer le pondu correctement et on en reparlera ma chérie. Elle se tourne vers mon père et prend une voix douce, chéri tu avais bien acheté le fumbwa* hein ? (*plat congolais à base de feuilles de vignes coupées et préparées dans de la sauce à base de pâte d'arachide)

Papa - Oui oui, c'est au congélateur. Tu veux préparer ça ce soir ? Il la regarde par dessus son journal.

Maman - Hm je pense oui, merci. Elle lui sourit doucement.

Mes parents sont vraiment beaux ensemble, quand je pense que ça n'a pas toujours été comme ça, je me dis quelques fois qu'il existe bien un Dieu dans ce monde.

Deborah - Maman je veux le faire avec toi, on va traîner Johanna avec nous comme ça elle va apprendre, je dis à l'encontre de ma mère en pinçant la joue de ma petite sœur.

Johanna - Moi je dis, préparez déjà vos tenues. Je vais me marier l'année prochaine. Elle se lève et se dirige vers la cuisine en trottinant.

Mon père la regardait passer la bouche semi-ouverte. C'était trop drôle. Ça va leur faire bizarre mais ça ne va pas les déranger, je me suis mariée à 20 ans moi. Mon regard se pose sur Béni qui me regardait et je sens mon coeur se serrer. Je meurs d'envie de lui dire mais j'ai peur de sa réaction.

« Qu'allons-nous devenir ? »

Deborah - Maman on y va ? Je lance en m'essuyant nerveusement les mains sur ma robe.

Maman - Viens ma puce, elle se lève. On vous laisse entre hommes, restez sages hein.

Béni - T'en fais pas Maman, je gère ton fils. Il tapote bien fort l'épaule de Gabryel qui crie.

Je laisse échapper un rire avant de me rendre en cuisine avec ma mère.

OMNISCIENT

Elisa distribue alors les tâches à ses filles : Deborah était chargée de préparer les légumes et Johanna s'occuperait du poisson fumé et des sardines. Elisa voulait s'occuper du fumbwa elle-même, le trier demandait une certaine expérience.

Elisa - Alors Suza, comment ça se passe à la maison avec ton mari ?

Deborah - Tout va bien Maman, elle sourit. C'est un amour, on se redécouvre depuis mon séjour à l'hôpital. Ça va beaucoup mieux entre nous, je suis heureuse. Elle pose son couteau en pensant à son mari mais rapidement son regard s'embue.

Johanna - Si les oignons te font pleurer je peux les faire hein, pardon mais le poisson c'est pas mon délire.

Deborah - Mais non chérie, c'est bon. Elle ricane légèrement et reprend ce qu'elle était en train de faire.

Sa mère avait froncé ses sourcils, elle avait compris que quelque chose n'allait pas. Ne voulant pas éveiller les soupçons de Johanna, Elisa ne dit rien et finir de trier le fumbwa.

Au salon, la discussion allait de bon train. Discutant fièrement du sport qui les passionnaient tant, Joël regarde son beau-fils et dit :

Joël - Pourquoi ne laisses-tu pas ma fille venir à l'église mon garçon ?

Gabryel - Eh eh makambo ya minene (littéralement les gros/grands problèmes), chuchote-t-il avant de lettre ses écouteurs.

Béni se fige le temps de quelques secondes avant de se gratter l'arrière de la tête.

Béni - Papa c'est compliqué...

Joël - Tu sais très bien qu'elle t'obéira peu importe ce que tu lui demanderas de faire Béni, ne l'éloigne pas plus de son Créateur.

Béni - Franchement, j'ai beaucoup de mal. Vous savez mon passif avec l'église et la religion, je suis prêt à me proclamer athée hein. J'ai beaucoup trop souffert et je ne veux pas qu'elle soit déçue.

Joël - Tu sais très bien qu'elle ne le sera pas Béni, ne te fais pas plus de mal non plus mon fils. Il pose sa main sur son épaule, au fond de toi tu sais que c'est DIEU qui est à l'œuvre dans ton mariage.

Béni reste silencieux.

Joël - On ne vous mangera pas si vous venez ce dimanche, personne ne le fera. Je comprends que ça fasse mal mais quand on passe de l'alcool sur une plaie ça pique toujours.

Béni - C'est vrai... Mais j'te garantis rien Papa, vraiment là je suis pas prêt.

Joël - Tu es un grand garçon, tu prends des décisions seul, il hoche la tête avant de changer de chaîne TV.