Recueil d'OS Skyrock

Seulement seize heures avec toi

Comme je l'ai dit dans la présentation, cette histoire ne m'appartient pas. J'ai seulement corrigé quelques fautes.

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Une grimace sur le visage, je tirai ma lourde valise dont les roues s'étaient enfilées dans des interstices. Je jurai et me penchai plus en avant pour la débloquer, mon appareil photo qui me tapait contre le flanc. Mes mèches châtains me collaient sur le front alors que je bandais mes muscles sous l'effort. Je vis une main secourable se glisser entre mon corps et la valise, je soufflai de contentement m'attendant à une remarque cynique. Mon bagage se dégagea dans un couinement alors que je me redressai face à mon sauveur. Le sourire qui s'était dessiné sur mes traits se fragilisa puis se reforma. Il n'était pas la personne que je souhaitais mais je n'allais pas cracher sur son aide.

- Merci, lançai-je en me remettant à la hauteur de mon pote.

- Tu me faisais pitié Arnaud. Vraiment il n'y a qu'un seul trou dans cet aéroport et tu arrives à y glisser les roues de ta valise, me rétorqua Jean-Luc Lemoine en se faufilant entre deux groupes de touristes asiatiques.

Je me passai une main dans mes cheveux ébouriffés et lui adressai un visage penaud. Oui j'avais cet art unique de me mettre dans des situations pareilles. Un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres sous le regard goguenard de mon ami lorsqu'on arriva enfin à la hauteur des autres membres de la troupe.

- Il est où le quatrième humoriste du groupe ? demanda Jonathan Lambert en serrant la main de Jean-Luc son visage tourné vers moi

Je lui haussai les épaules, un frisson glacé qui coulait le long de mes vertèbres. Bien sûr il fallait toujours lorsqu'on parlait de lui ou de son retard légendaire s'enquérir auprès de moi, son meilleur pote. Une réaction qui m'avait souvent fait sourire et qui maintenant me faisait plus souffrir qu'autre chose. J'en avais aucune idée et cela me nouait les intestins. Moi qui connaissais auparavant chaque détail, chaque décision dans la vie de mon ami, je n'étais plus qu'un ignorant, un mec relégué au dernier niveau, sous sa pile de dates et de rendez-vous pour sa carrière ou sa copine. Elle était loin l'époque qui nous avait vus inséparables. Je chassai cette pensée et la remplaçai par celle de notre voyage. Un nouveau festival, une nouvelle destination. Une semaine où il aura du temps à m'accorder, du temps pour revivre nos disputes, nos répliques et nos piques amicales. Des bouffées de chaleur se répandirent dans mon corps et empourprèrent mes joues. J'espérais autre chose aussi mais cela n'était qu'un rêve, qu'une pensée qui envahissait mon esprit et dont je m'interdisais de la refléter à haute voix. Les chimères aussi belles soient-elles n'avaient pas leur place dans la réalité. Une main me serra l'épaule. Je secouai mes cheveux fous et vrillai mes prunelles grises dans celles de l'humoriste.

- On a déjà enregistré les bagages Arnaud, tu l'attends ici ? Vous nous rejoignez en salle d'embarquement ? Je crois qu'ils veulent faire une réunion avant qu'on soit dans les vapes avec le vol, me fit Jonathan.

- Pourquoi c'est à moi de me le coltiner ? répliquai-je.

- Parce que tu es son seul ami, souffla Jean-Luc avec un clin d'œil.

- Sympa les mecs ! La solidarité vous connaissez ? leur lançai-je alors qu'ils s'éloignaient avec les directeurs du Montreux Festival et les différents techniciens.

Mes prunelles coléreuses pointées sur leurs silhouettes, je rabattis la hanse de la valise et m'assis lourdement sur mon chargement. Mes doigts glissèrent sur mon appareil photo, un petit sourire sur mes lèvres. Mon premier voyage en Asie et pas avec n'importe qui. Il sera là, rien de tel pour me faire oublier mes semaines de déboires affectifs. Les battements de mon cœur se stoppèrent, le brouhaha de l'aéroport s'amenuisa pour finalement s'éteindre. Tous mes sens étaient tournés vers les deux bras qui m'enlacent et le chuchotement d'une voix rauque. Mes mains se crispèrent sur mon jeans alors qu'un bisou sonore était déposé sur ma joue.