Chapitre 3

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Cela faisait une heure que Richard essayait de se concentrer sur ce que son jeune collaborateur lui expliquait mais il le trouvait encore plus stupide que les autres. Il se sentait agacé, irrité et frustré de n'être entouré que d'incapables.

—Donc c'est tout?

Le jeune Samuel, concentré dans ses explications s'arrêta brusquement, totalement déconcerté. Il se demandait s'il devait rebondir à la question de son patron dont il ne comprenait pas tout à fait le sens ou s'il devait garder le silence. Il choisit la deuxième option que Richard brisa.

— Savez-vous au moins pourquoi vous êtes là ?

Personne ne répondit, ce qui l'énerva davantage. Son visage habituellement impassible se déforma en une grimace qui traduisait la colère.
Froncés, ses sourcils se collèrent presque tandis qu'une veine ressortait déjà sur son front.

— Un de mes clients a vu sa maison prendre feu à cause de notre logiciel et l'autre s'est fait séquestrer par sa propre maison. Pourquoi ? Je vous demande pourquoi cette défaillance ? Nous proposons des maisons intelligentes pas des maisons tueuses.

Son ton était calme mais il s'assurait de mettre un accent sur chaque mots afin de montrer le niveau de son courroux.

—Vous êtes fatigués? Vous avez faim? Vous n'avez pas eu assez de temps peut-être pour proposer des solutions palliatives ? Ou c'est tout simplement votre incapacité à produire quelque chose de bon?

Il se leva et se mit à arpenter la salle. Seul le claquement de ses chaussures se faisait entendre tandis que chacun retenait presque sa respiration. On pouvait lire l'angoisse sur certains visages et d'autres restaient plutôt calme en apparence.
Richard fit exactement trois fois le tour de la pièce avant de revenir vers sa position initiale et déclara.

— Arrangez moi le problème avant demain et quant à l'équipe marketing....je vous attends demain sept heures trente avec des idées meilleures que celles ci.

Il y eut un soulagement de la part de tous pendant que Richard sortait car aujourd'hui il n'avait viré personne.

*

— Le pauvre Samuel, il pourrait presque rivaliser avec une tomate.

Richard leva les yeux de son verre de brandy pour regarder Miles son meilleur ami et associé faire son entrée.

— Qui ça ?

— Samuel, celui sur qui tu as crié en salle de réunion. Il est tout rouge et inconsolable le pauvre bébé. Dit-il en mordant dans sa pomme.

Richard roula des yeux.

— Je n'ai crié sur personne en particulier je ne vois pas pourquoi il réagirait comme ça et puis comment tu sais ça toi? Tu n'es jamais là mais tu es au courant de tout et tu connais le nom de mes employés mieux que moi.

— Je m'informe des ragots de mon entreprise c'est tout.

L'homme blanc prit place en face de son ami et l'observa un long moment.
Miles Miller n'était pas seulement un associé pour Richard mais son ami depuis l'époque où Richard n'était qu'un immigré clandestin avec un bébé malade.
Il l'avait vu dans ses déboires, il l'avait vu combattre avec ses démons, il avait été à ses côtés à chaque fois que Francia était à l'hôpital  donc tout naturellement il savait quand ça n'allait pas, il y avait quelque chose qui le tracassait. C'est vrai que Richard n'était pas un homme joyeux en temps normal mais sa mine toujours renfrognée n'inquiétait jamais Miles alors qu'aujourd'hui si.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu m'as l'air pensif et préoccupé. En plus tout le monde en parle. « Le patron est grognon ce matin .»

— Qu'ils aillent se faire voir, je ne les paye pas pour blablater. Dit Richard en regardant le contenu de son verre.

Muléma mwamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant