Muléma mwam

Chapitre 18

La voiture de Richard démarra en trombe, faisant grincer ses roues et laissant une traînée de fumée.
Malaika la regardait s'éloigner peinée.
Il avait conduit de l'aéroport d'où ils étaient sortis il y a quelques minutes et était venu la déposer devant la porte principale de leur maison et avait aussitôt démarré, à peine les pieds de Malaika posés par terre. Il avait foncé sans lui dire ce qu'il comptait faire ni où il allait.
Le cœur de Malaika était lourd, elle l'entendait fortement cogner dans sa poitrine et chaque respiration était comme un effort intense qu'elle devait faire provoquant de petits picotements dans sa gorge.
Elle avait mal, mal de voir l'homme qu'elle aimait souffrir autant et ce, quelques heures après lui avoir témoigner son amour.
Depuis qu'il lui avait demandé de faire ses bagages, il n'avait plus aligné de mot, seule sa veine ressortie au milieu de son front et le battement frénétique de sa main contre sa cuisse traduisaient le niveau de courroux qu'il avait en ce moment. Il s'était muré dans ce silence qui la tuait.
C'est comme s'il se refusait à nouveau de partager quoi que ce soit avec elle, comme si le scandale provoqué par Cynthia avait de nouveau brisé quelque chose en lui et en particulier cette histoire naissante entre eux.

Comme elle aurait voulu faire quelque chose comme lorsqu'elle l'avait pris dans ses bras. Elle aurait voulu être celle-là qui soulagerait sa peine et qui le débarrasserait de tous ses maux, mais même si elle avait tous les pouvoirs du monde elle savait pertinemment que ce dont Richard avait besoin c'était d'avoir cette sorcière devant lui et cela ne présageait rien de bon.

Elle se retourna, les épaules affaissées, le regard larmoyant et la main sur son ventre. Soraya et Léa se tenaient devant la porte d'entrée la regardant avec compassion.

— Maman, s'écria-t-elle en marchant vers elles.
Il est parti, je ne sais même pas où il va ou ce qu'il compte faire, maman j'ai peur .

Un frisson parcouru son échine alors qu'elle s'imaginait le pire.
Soraya et Léa passaient la main dans son dos pour lui apporter du réconfort.

— Entrons ma puce, tu risques d'attraper froid.

Elles l'entraînèrent vers l'intérieur, Perdophelis se tenait devant les escaliers le regard peiné.

— Oh Madame venez, vous voulez vous rendre malade ou quoi ? Il vous faut une bonne tasse de thé, vous êtes gelée.

— Elle était là à regarder je ne sais quoi avec tout ce froid, intervint Léa.

Conduite par sa mère et sa meilleure amie. Malaika s'assit sur le canapé.
Quelques secondes plus tard Perdophelis lui apportait une tasse fumante.

— C'est du tilleul, ça vous fera du bien.

À contre cœur elle prit la tasse qu'elle porta à ses lèvres puis la déposa sur la table basse.

— J'ai peur qu'il fasse une bêtise, je ne l'avais jamais vu comme ça, même lorsqu'il était en présence de cette femme, il n'était pas si enragé. Là il va vraiment la tuer.
Elle repassait encore et encore sa main sur son jeans pour exprimer sa nervosité.

— Tu la connais ? Interrogea sa mère et pour réponse malaika hocha la tête.
Son visage était rouge signe qu'elle avait froid et ses joues humides car elle avait pleuré.

— Donc tu veux dire que ce que cette femme a raconté.... Au mon Dieu ,s'écria Léa.

— Mais bien sûr que non, hurla à son tour Malaika en se levant.

Elle  arpentait la pièce d'un pas lourd. Ses bottes laissaient un petit écho sur le parquet, le seul écho d'ailleurs qui retentissait dans la pièce.
Les trois femmes avec elles étaient silencieuses, chacune retenant son souffle, impatiente d'entendre tous les mystères qui tournaient autour de Richard Bell.
Soraya était surtout particulièrement bien irritée. Elle avait hâte d'entendre une explication plausible.
Depuis qu'elle avait entendu parler de cet homme il n'avait cessé d'être éclaboussé par des scandales et aujourd'hui elle avait peur que cela ait des répercussions sur sa fille ou que l'on découvre que cette dernière était tombée entre les mains d'un psychopathe.