Chapitre 12

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Assis derrière son bureau, le coude sur l'accoudoir, avec une pièce qu'il balançait entre ses doigts, Richard repensait à ce matin lorsque Malaïka avait dans un élan de joie sauté dans ses bras.
L'un dans les bras de l'autre, il avait senti son cœur gonfler, une multitude d'émotions l'envahir.
Il ne savait pas exactement ce que c'était mais il avait ressenti comme le besoin de la garder encore plus longtemps et de savourer le parfum vanille qui émanait de ses cheveux et lorsqu'ils s'étaient détachés pour se regarder, leurs souffles se mêlant à cause de la proximité de leur visage, son cœur avait à nouveau raté un battement. Il avait aimé voir son grand sourire et ses yeux noisette pétiller. À ce moment, pas grand-chose n'importait pour lui si ce n'était de toujours la voir sourire.

Seul avec ses pensées, il se demandait ce qui pouvait bien lui arriver. Il n'était pas non plus un extraterrestre, il avait aimé dans sa vie, de toute son âme d'ailleurs, il avait aimé au point de connaître tout ce qui était lié à l'amour, le bonheur, le désir, l'envie d'être meilleur pour elle, la peur de la perdre et la jalousie. Mais même lorsque Cynthia était dans ses bras il ne s'était jamais senti tel qu'aujourd'hui.

Il soupira en déposant sa pièce lorsque sa porte s'ouvrît brusquement sur une Francia vêtu en noir de la tête aux pieds. À voir son pantalon et sa veste en cuir noire il voulut ironiser en lui demandant si elle allait à un combat mais son visage renfrogné ne lui permettait pas de blaguer. Le moment redouté était arrivé.
Il n'avait été que deux depuis vingt et un ans, bien sûr il avait eu une ou deux relations assez sérieuses par le passé mais il n'avait jamais ramené de femme à la maison et n'avait jamais envisagé de le faire d'ailleurs.
Il savait également que sa fille voulait le voir heureux avec quelqu'un mais il comprenait qu'elle soit fâchée, dans son équation, il avait pensé à Malaika, à sa mère, à leur bébé et surtout à sa carrière mais il n'avait pas pensé à «sa vie».

— Tu m'expliques ceci?

Elle brandissait son téléphone devant lui. De là où il était il ne pouvait pas vraiment voir ce qu'il y avait dessus mais pas besoin de se casser la tête pour savoir qu'elle parlait de son soudain mariage.

—Bonjour longuè lam, je vais bien et toi? Tu as fait un bon voyage ?

Francia fronça davantage les sourcils, elle n'était pas d'humeur à plaisanter et Richard crut revoir Cynthia dans leurs nombreuses disputes. Les sourcils fortement froncés, les yeux brillants lançant subitement des éclairs, les lèvres fortement pincées par moments. Oui c'était bien la copie conforme de sa mère.

— J'allume mon téléphone et j'ai des messages de partout, «félicitations pour le mariage de ton père,» ce n'est que ça que je vois sur les réseaux, «le mariage du candidat aux municipales Richard Bell». «Mais à qui appartient cette main», «Richard Bell n'est plus un cœur à prendre» et ça continue, dit-elle en marchant vers lui. Je te laisse une semaine, une petite semaine seulement et je te retrouve marié, mais tu es sérieux ?

— Tu baisses d'un ton jeune fille, ici le parent c'est moi ne l'oublie pas, se défendit Richard calmement.

Richard n'était pas enclin à élever la voix ni à se disputer. Il savait qu'il devait une explication à son unique fille, il ne s'était juste pas encore décidé s'il devait tout lui dire ou juste l'essentiel. Quoi qu'il en soit, il ne voulait pas de cris, sa nuit à l'hôpital l'avait éreinté et ses nerfs étaient également particulièrement à vif parce que le visage de Malaïka s'amusait à interférer dans ses pensées à chaque fois.

— Très bien, abdiqua-t-elle en levant les mains, cher parent j'attends avec impatience ton explication.

Elle tira violemment le siège face à lui et s'assit sous le regard neutre de ce dernier.
Richard cherchait les bons mots, il avait beau formuler cela dans sa tête mais au moment d'ouvrir la bouche, les mots s'échouaient toujours sur ses lèvres.

Muléma mwamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant