Chapitre 13

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Alors que le soleil, dans des tons orangés se retirait pour laisser place à un voile plus sombre, cachant la lune sous d'épais nuages et qui apportait une grande fraîcheur, la porte des Carter se refermait en un petit «clac», avec derrière elle, Malaïka qui s'y appuyait.
Prise à la fois d'un stress énorme et d'un violent vertige, Malaika ferma les yeux , son visage étant soudainement pâle.
Elle s'essaya à un exercice d'inspiration et d'expiration pour ne pas vomir, ce qui sembla l'apaiser au bout de plusieurs secondes.

Ces derniers jours elle était vraiment de plus en plus sujette aux vertiges et vomissements ainsi qu'à une lourdeur au niveau de sa poitrine qu'elle n'avait pas encore remarquée jusqu'ici. Mais à chaque fois que survenait un malaise, elle s'éclipsait pour pas que sa mère devine son nouvel état.

Alors qu'elle se redressait de la porte, elle entendit la voix de sa mère l'appeler.
Elle quitta l'entrée et marcha aussi lentement qu'elle le pouvait afin de retarder le moment où elles seraient face à face.
Arrivée devant le cadran de l'entrée du salon, sa mère plongea ses yeux noisette dans les siens.
Elle posa ensuite sa tête recouverte de bandage sur le canapé où Richard et Malaïka étaient assis des minutes auparavant.

— Il est parti? Demanda-t-elle d'une voix à peine audible tout en fixant le plafond.

— Oui, murmura à son tour sa fille.

Soraya redressa légèrement la tête et la tourna en direction de sa fille.

—Viens t'asseoir.

Elle tapota une petite place à côté et sa tête reprit sa position initiale. Elles restèrent là dans un silence pesant. Chacune cherchant quoi dire à l'autre.

— Tu sais, je me souviens de la première fois que tu as eu un petit copain. Commença Soraya, rompant ainsi le silence qui empêchait Malaika de bien respirer. Tu étais tellement cachottière pourtant tes yeux pétillants et ton sourire traduisaient tout. Ton père avait failli faire un infarctus, dit-elle avec un sourire au coin des lèvres. Pour lui tu n'étais qu'une enfant, son bébé et aucun homme ne devait t'approcher.

Les paroles de Soraya replongèrent Malaïka dans son enfance, une enfance avec son père. Elle se considérait graciée d'avoir eu un tel papa. Il ne manquait jamais un spectacle à l'école, il lui avait appris à faire du vélo, à tondre le gazon, à faire du bricolage et même à se battre pour se défendre des garçons qui l'embêtaient chose d'ailleurs qui avait causé une énorme dispute entre ses parents se souvint-elle.
Elle se souvint également de comment il avait pleurer au souvenir que sa mère évoquait, il avait fait tout un esclandre lorsqu'il avait entendu cette histoire de petit copain, il lui avait même intimé l'ordre d'arrêter cette relation car elle n'était qu'une enfant, elle était son unique fille, son petit bébé et il était hors de question qu'un vaurien la berne.

— Tu t'enfermais pour parler au téléphone, tu rêvassais constamment, tu prenais plus soin de toi, un peu comme aujourd'hui d'ailleurs, sauf que tu ne prends pas soin de toi. Il faut croire que mon sang congolais n'a pas déteint sur toi.

Malaika se crispa un instant, que voulait dire sa mère? Qu'elle ne prenait pas soin de son apparence? Puis elle toucha une mèche de ses cheveux et se souvint qu'elle n'avait pas fait de shampooing depuis leur sortie de l'hôpital. Elle portait aussi régulièrement des vêtements beaucoup trop larges mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne s'intéressait pas à la mode et tout ce qui était sophistiqué et sexy, elle n'avait juste pas l'occasion de mettre ses beaux vêtements, pensa-t-elle, elle-même peu convaincue de ce qu'elle avançait comme raison.

— En temps normal je t'aurai demandé si c'était ton petit ami mais je me suis souvenu qu'il était fraîchement marié et peu importe ce que tu me diras, je te croirai mais par pitié ne me dis pas que tu entretiens une liaison avec un homme marié, de surcroît qui est censé être en lune de miel.

Muléma mwamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant