Chapitre 11

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Assis sur une table carrée dotée d'une nappe blanche tout à fait ordinaire l'un face à l'autre, Richard et Malaïka déjeunaient en apparence tranquille au milieu du brouhaha et de la pluie à l'extérieur. Mais la vérité était que chacun d'eux était en proie à un grand moment de réflexion.
Depuis qu'elle était arrivée dans ce bistrot, Richard n'avait cessé de la traiter comme si elle était malade. Il était protecteur, aux petits soins jusqu'à lui choisir son repas et sa boisson prétextant qu'il l'avait trouvé un peu trop maigre comparé à leur première rencontre. Une fois les commandes passées, il ne lui avait plus parlé, concentré à passer des coups de fil et maintenant il était concentré sur son assiette.
Malaïka leva les yeux pour regarder autour d'elle.
Deux asiatiques venaient de faire leur entrée, le monsieur tenait la dame par la taille et cette dernière rougie à son contact. Sûrement une histoire naissante ou un amour à sens unique pensa Malaïka.
Tout au fond de la salle, une mère visiblement à bout de nerfs face à son fils qui refusait de manger ses légumes, elle se retenait probablement de  lui donner la fessée ou alors lui crier dessus. Malaïka  repensa alors à tous les stratagèmes que ses parents mettaient en place pour qu'elle mange les siens mais ils avaient fini par laisser tomber se rendant compte qu'à la place des brocolis et des épinards elle préférait le pondu ou d'autres plats africains faits à base de feuilles.
Derrière Richard se trouvait un couple. Ça se voyait qu'ils étaient amoureux à leur petits regards complices et vu l'énorme nez qui pointait fièrement, il n'y avait aucun doute que la dame était enceinte.
Malaïka toucha alors son nez en se demandant s'il sera aussi proéminent que celui de la dame.

— Il y a un problème ? Tu n'aimes pas ta viande ?

Elle reporta son attention sur Richard qui la regardait curieusement.

— Non, c'est très bon rassure toi, dit-elle en reprenant ses couverts pour prendre un morceau de pomme de terre. Je ne t'imaginais pas fréquenter ce style d'endroits.

Elle changea de sujet pour qu'il oublie un peu cette histoire de la forcer à manger.

— Et tu me voyais fréquenter quel genre d'endroits ? Que des restaurants étoilés ?

Pour réponse Malaïka se contenta de hausser les épaules. A cet instant on aurait dit une toute petite chose fragile dont Richard voulait prendre soin mais il secoua la tête comme pour chasser cette idée.

— J'aime la discrétion et les choses simples, répondit-il calmement en coupant un bout de viande. Et ta mère?

Malaïka fit un sourire triste avant de raconter à Richard leur rendez-vous à l'hôpital.
Le scanner avait révélé que la tumeur avait encore grossi diminuant considérablement les  chances de vie de sa mère. Une opération devenait de plus en plus risquée mais il avait promis de faire tout son possible et ce le plus tôt possible.
Elle se demandait ce qui aurait été si seulement Richard ne lui avait pas fait cette proposition. Peut-être dans quelques mois, elle n'aurait plus eu celle pour qui elle se battait tant.

— Donc pour sa convalescence vous viendrez toutes les deux à la maison ou alors tu lui prendras une infirmière à domicile ?

Malaïka recracha dans son verre d'eau, quant à Richard il la regarda surpris. Qu'est-ce qu'il avait dit d'aussi surprenant ?

—Quoi ?

—Tu viens de suggérer que ma mère et moi nous installions chez toi. D'où te sort cette idée selon laquelle je viendrai vivre chez toi et avec ma mère?

Une lueur dangereuse passa dans les yeux de Richard. L'idée de se retrouver à nouveau dans le même lit que Malaïka venait de passer furtivement dans son esprit mais il fut également agacé parce qu'il avait l'impression qu'il devait toujours tout lui expliquer. Chose qu'il détestait farouchement.
Il prit sur lui pour ne pas rouler des yeux ou même lui parler comme il le ferait avec un de ses employés.

Muléma mwamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant