Chapitre 17

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Douala, Cameroun 2001, vingt deux ans plutôt.....

Alors que peu à peu les maisons fermaient leurs portes et que les ruelles se vidaient, laissant la pénombre et le silence régner, un tableau inhabituel s'offrait à ceux encore présent dans les rues.
Deux femmes criaient, déchirant par leurs voix le silence de la nuit, faisant ainsi réouvrir quelques portes qui d'ordinaire ne s'ouvrent plus avant le matin.
L'une plus âgée au physique imposant, tenait fermement les cheveux de la plus jeune, l'obligeant ainsi à pencher la tête et à la suivre, le visage grimaçant de douleurs.
Ni la douleur apparente de la jeune fille, ni sa petite robe qui flottait au gré du vent, montrant ainsi ses dessous n'attendrissait la dame.
Tout au contraire, elle resserrait à chaque pas, son étreinte.
Elle avait les yeux humides tellement elle était en colère et déçue.
Ce n'est pas ce qu'elle avait espéré pour sa fille, ce n'est pas ce qu'elle avait espéré pour elle.

— On dit année 2001, c'est le nouveau millénaire, les femmes s'émancipent, elles deviennent plus intelligentes, plus audacieuses, elles savent ce qu'elles veulent et toi tu me ramènes une grossesse d'un vaurien. Tu es donc si stupide Cynthia ?

—  Pardon maman, c'était une erreur.

— Une erreur ? Demanda sa mère en retirant l'emprise qu'elle avait sur les cheveux de sa fille, soulageant par la même occasion celle-ci. Non l'erreur commise ici c'est la mienne, j'ai commis l'erreur de penser que je pouvais compter sur toi. Tu es belle mais bien bête, Je t'avais demandé de te trouver un mari qui nous sortira de ce quartier mais tu ne m'as pas écouté, comment peux-tu te laisser mettre enceinte par un homme qui ne sait même pas s'il mangera demain?

— Mais on peut l'enlever, oui il suffit d'interrompre cette grossesse et ce sera de l'histoire ancienne. Pleura Cynthia.

— Je suis peut-être une assoiffée d'argent mais je ne suis pas une tueuse. Cet enfant vous l'aurez, ton idiot d'amant et toi.

Elle reprit les cheveux de sa fille encore plus durement et elle la traîna le long du chemin tout en criant la peine qu'elle ressentait.

Bientôt, elle tambourinait sur une porte en particulier, celle-ci toute défraîchie et presque tombante donnait un son assourdissant, réveillant une bonne partie de ceux qui étaient à l'intérieur.
La propriétaire, réveillée comme tout le monde, avança effrayée.

— Qui est-ce ?

— Hortense, cria l'autre femme.

La dame de la maison fut très surprise que sa voisine frappe ainsi chez elle. Puis finalement elle se dit qu'elle était sûrement en proie à un problème.
Resserrant le tissu pagne maladroitement nouée à sa poitrine, elle ouvrit la porte.
Hortense était avec sa fille, lui tenant farouchement les cheveux.

— Tiens, je t'amène ta fille.

La fameuse Hortense poussa sa fille et celle-ci perdant l'équilibre se retrouva aux pieds de la voisine.

— Hortense c'est quoi le problème, pourquoi viens-tu frapper aussi tard et....et Cynthia? Pourquoi la brutalise-tu?

— Oh mais c'est simple, ton idiot de neveu n'a rien trouvé de mieux que de mettre mon idiote  de fille enceinte. Donc, comme cette inutile a vu  bon de se laisser contaminer par la bêtise de votre famille, je vous la laisse. Je considère que maintenant je n'ai plus de fille.

La tante de Richard, balaya son regard choqué entre Cynthia assise à ses pieds, pleurant et sa voisine courroucée.

— Calmons-nous, je suis sure que nous pouvons trouver une solution après une bonne nuit de sommeil, regarde la petite, elle ne va pas bien.

Muléma mwamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant