Béret Écarlate et le Cirque à Paris

Chapitre 15

J'avais percé les mystères du tic de Romain l'enquêteur. Il ne pouvait désormais plus rien me cacher.

— Alors, monsieur l'enquêteur ? Aidez-moi à résoudre cette enquête et à mettre cette criminelle derrière les barreaux et dites-moi ce que vous savez de plus.

Il se frotta le crâne, sûrement en train de se demander comment il avait pu laisser échapper ce début d'information confidentielle.

— Tu vois, Fabienne, on peut faire de grandes choses à deux !

— Je vous l'accorde. Nos deux cerveaux combinés fonctionnent à merveille. Ce n'est tout de même pas une raison pour que je vous libère de vos liens. Je ne suis pas influençable à ce point-là.

Dan baissa la tête vers le sol, l'air faussement dépité.

— Ah. Dommage. Au moins, j'aurais essayé.

Romain, de son côté, avait terminé de se décoiffer et de faire tomber son chapeau à la renverse à force de se gratter la tête, et nous appréhendait avec la férocité d'un lion.

— Vous ! Je sais pas comment vous avez fait pour deviner tout ça, mais sachez que ça ne fait que vous rendre de plus en plus suspects ! À tous les coups, vous savez précisément par où sont retenus les disparus kidnappés !

— Kid... commença Dan.

— ... nappés ? terminai-je. Nous n'avions nullement parlé de kidnapping. C'est vous qui avez commencé le sujet. Mais maintenant que nous le savons tous, nous pouvons peut-être arrêter ce petit jeu ?

Il se rendit compte de son erreur trop tard et reprit son arrachage de mèche.

— OK, OK, vous avez gagné. On a récupéré les noms des personnes disparues dans tout Paris les dernières semaines. On parle de plusieurs dizaines de personnes. C'est impressionnant, même pour une organisation mafieuse. Et il est vrai que je vois mal des gamins orchestrer tout ça.

— Surtout que si vous aviez pris le temps d'examiner nos antécédents, vous auriez vu que je n'étais pas en Île-de-France au moment des disparitions.

— Et moi... dit Dan en soulevant légèrement son pull trop large. Je suppose que vous savez pourquoi je n'ai rien pu faire.

Romain souffla. Il ne pouvait plus nous suspecter, désormais.

— Ce sont des bons points, mais ça ne veut pas dire que vous êtes tirés d'affaire. Vous pourriez très bien appartenir à une organisation mafieuse secrète.

— Dans ce cas, pourquoi pas suspecter tout le monde dans cette foire ? Vous n'avez plus aucune base. Mais revenons à nos moutons. Ces disparus, avaient-ils des points communs quelconques ? Nous pourrions la retrouver comme ça. Cette technique a l'air même plus simple que la recherche du sens des trois chiffres que nous avons en notre possession.

— En termes de démographie, nous n'avons pas de ressemblance. Ce ne sont que des adultes, mais de tous âges et de tous genres. La Marionnettiste ne semble pas discriminer. Mais à part la démographie, il y a bien une autre chose...

— Quoi ? Je suis sûre que c'est ça, notre indice !

Romain ouvrit la bouche, et je fus suspendu à ses lèvres. Mais la voix que j'entendis à la place de celle d'un homme mûr fut celle d'une jeune femme.

Une voix que je n'avais entendue que deux fois, mais qui était déjà gravée dans mon ADN pour la vie. Une voix multipliée par les échos.

Une voix à glacer le sang.

— Bonjour, Paris ! Et bonjour à toi, ma chère Fabienne. Mon petit Béret à moi.

Mon sang ne fit qu'un tour, et je me tournai dans tous les sens pour la voir. Je l'entendais de partout, je n'avais que l'embarras du choix. L'écran le plus imposant à côté de moi était une publicité accrochée sur la place du Trocadéro. Je choisis cet endroit pour voir cette femme dans les yeux.