Chapitre 16

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La diffusion du live s'arrêta sur le visage plein de larmes d'un des assassins kidnappés. Il avait les yeux révulsés, encore pleins de larmes.

Cette fois, la Marionnettiste ne repassa pas à la fin de son meurtre pour pouvoir taquiner une nouvelle fois sa némésis. À la place, elle préféra tout simplement le silence, et l'impact d'une dernière image.

Et elle avait réussi son coup. Cette dernière image me remplissait de rage. Je devais absolument accélérer la cadence et la mettre hors d'état de nuire.

— Romain ! Vous devez m'aider !

Je me retournai et attrapai l'enquêteur par le bras, qui sursauta à mon contact.

— Je vous en prie, lui dis-je en ne contrôlant pas mon volume. Vous devez absolument m'aider. Dites-moi ce que vous savez sur ces pauvres gens disparus ! Nous ne savons pas où elle se trouve, et elle l'a dit elle-même : elle ne s'arrêtera de tuer que lorsque je la trouverai. Vous ne trouvez pas que c'est assez explicite ? C'est à moi que revient cette charge, je dois absolument retrouver cette femme avant que...

Romain secoua la tête.

— Je ne peux pas dire cela. Vous êtes des tarés. Tous autant que vous êtes. Comment je peux vous croire alors que vous avez peut-être orchestré ce meurtre ? Comment pourrais-je vous accorder mon aide ?

— Inspecteur ! Pensez à Gina s'il vous plaît.

— Ne ramène pas Gina dans nos discussions, petite. C'est à moi de décider de ce que je veux réaliser. Et ce que je vois, c'est que je devrais arrêter de faire ami ami avec des suspects de crimes. Je vais prévenir Gina de votre dangerosité.

Non, il ne pouvait pas nous lâcher comme ça ? Il était notre seule connexion à la police. S'il nous lâchait, comment allons-nous faire pour avancer dans quoi que ce soit dans cette enquête ?

— Je vous en prie, monsieur Romain... pourquoi ne voulez-vous pas comprendre ? Vous êtes d'une nature bouchée !

Il essaya de se retirer de moi. Je maintenais la main sur son bras, et regrettai, l'espace d'un instant, la paire de bras en plus qu'aurait ajouté Dan.

— S'il vous plaît, attendez. Pensez-vous réellement que je peux être coupable ? Avec tout ce que je fais pour résoudre l'affaire ?

Il arrêta de se débattre, puis plongea ses prunelles dans les miennes. Je n'étais pas la meilleure dans la détection de sentiments, mais je pus sentir le mépris dans ses yeux.

— Même si tu n'étais pas impliquée, je ne t'aurais pas laissé poser un cheveu sur mon affaire. La seule raison pour laquelle tu es libre aujourd'hui, c'est parce que mon supérieur et Gina veulent te voir enquêter par toi-même. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais fait en sorte que ton joli minois se retrouve entre les barreaux. Parce que je déteste les gens qui se prennent pour des superhéros comme toi, et qui pensent que la loi est en dessous d'eux.

— Quoi ? Mais je ne prétends pas...

— C'est ce que tu dis, mais tes actions prouvent le contraire. Les actions de la Marionnettiste aussi. Elle ne parle qu'à toi, et seulement toi. La possibilité que ce soit la police qui vienne la coffrer ne lui avait même pas effleuré l'esprit. En tout cas, elle avait choisi de ne pas transmettre cette information. Non, ce qu'elle préfère crier sur tous les toits, c'est qu'elle attend que ce soit toi qui t'y colles. Que ce soit toi, la grande héroïne de la capitale. Ça me débecte.

Il s'extirpa avec force de moi, puis essuya sa main contre son veston, comme s'il avait été en contact avec un termite, ou un cafard.

Je n'avais pas le temps de m'énerver pour ça. Je n'avais pas le temps d'être en colère pour son mépris. J'avais besoin de retrouver la Marionnettiste. C'était le seul leitmotiv qui traversait mon cerveau en boucle.

Béret Écarlate et le Cirque à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant