Béret Écarlate et le Cirque à Paris

Chapitre 35

Les yeux d'Estelle parcouraient les doigts de sa geôlière.

Allait-elle claquer des doigts ? Allait-elle signer son arrêt de mort ?

Quelle serait sa dernière pensée ?

Elle n'avait même pas pu dire correctement au revoir à Fabienne, elle ne pouvait pas s'en aller comme ça.

Mais que faire ? Un seul faux mouvement, et sa tête partirait en fumée. Ce n'était vraiment plus le moment de mettre le bordel, malgré l'envie, qui restait bien présente.

Toutes ces questions et réflexions traversaient le cerveau d'Estelle à une vitesse éclair. Les rouages de ses cellules grises travaillaient dur pour trouver une solution à l'impasse dans laquelle elle se trouvait.

Mais son cerveau ne trouva rien de concluant. Estelle était donc condamnée à observer les actions de ses ennemies en face d'elle.

Oui, cela mettait aussi Mégane dans le panier des ennemis, mais il n'y avait pas d'autres façons de la qualifier. Pouvait-elle encore l'appeler alliée, quand elle pointait une arme létale en face d'elles ?

Cela lui déchirait le cœur de la voir dans cet état. Elle se chamaillait souvent avec Mégane, mais pas comme ça.

La Marionnettiste s'étira, avant de jouer avec ses nattes rousses. Elle ressemblait vraiment à la fille du cirque de Mariposa. Enfin, selon sa taille et sa coiffure. Estelle ne pouvait cependant rien déterminer, car elle portait toujours son masque d'inspiration vénitienne.

— La base a été trouvée. Je l'ai sentie.

Mégane déglutit, sans qu'Estelle comprît pourquoi. Ces quelques mots avaient suffi à lui glacer le sang. Pourquoi tant de panique ? Que cela signifiait-il ? Est-ce que Fabienne venait à sa rescousse ?

— Rien ne peut m'échapper, Mégane. Vous étiez trois. Fabienne, le fugitif Dan, et toi. Elle a trouvé la base, et est même venue dans ma salle de contrôle, dit-elle en frappant le mur derrière elle, celui auquel j'avais collé mon oreille tantôt pour écouter les discussions.

C'était donc ici que Fabienne était ? Où était-elle ? Où était Fabienne ? Qu'elle vienne la chercher, Estelle était prête.

— Pourquoi n'est-elle pas ici, dans cet antre ? Réponds, Mégane !

Elle déglutit de nouveau.

— Elle a échoué à résoudre la dernière énigme permettant d'ouvrir le passage secret vers l'antre. Je ne l'ai pas aidée, évidemment, car cela serait contraire à vos volontés. Le Béret doit réussir seule cette épreuve, pour que la légende s'en souvienne comme un acte mémorable.

— Et tu ne l'as pas aidée ?

— Non, pas du tout, elle s'est débrouillée toute seule de A à Z ! répondit Mégane en gloussant.

La Marionnettiste fit les cent pas. L'expression sur son visage n'était pas discernable, mais on pouvait facilement deviner à sa cadence qu'elle était nerveuse.

Elle ne s'arrêta que pour frapper, d'un poing fermé, le mur.

Personne ne fit un seul son.

— Et merde ! J'y crois pas ! Elle était à deux doigts d'y être, et elle a quand même échoué. J'ai même autorisé cette fouine de fugitif à l'assister, mais elle ne parvient toujours pas à venir. Pourquoi elle tarde autant ? Pourquoi ça prend autant de temps ?

Elle hurlait au fur et à mesure qu'elle parlait.

— Mégane, tu n'aurais pas pu l'aider ? Même un petit peu ?