Chapitre 7

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— Merci, mais j'en ai assez entendu. Je m'en vais.

Je me levais de table. Ils ne m'avaient pas menotté. Je devais être complètement libre de mes mouvements.

Les deux hommes, et plus particulièrement l'inspecteur, furent surpris.

— Tu... tu t'en vas ? Mais ma petite, nous venons de te dire que nous allons t'aider.

— C'est gentil, mais je reviendrai vers vous lorsque j'aurai assez réfléchi à la situation. Je ne peux pas m'engager sans avoir pris le temps de peser le pour et le contre.

Ils continuèrent de me fixer comme s'ils ne s'attendaient pas à ce que j'utilise mon cerveau.

L'inspecteur lança un regard déterminé à son subordonné, qui sembla comprendre les directives implicites.

— Je vous prierai donc de m'excuser. Au revoir.

Et je pris congé d'eux. En sortant, j'étais effectivement tombée nez à nez avec plein d'autres enquêteurs analysant mes faits et gestes. Ils m'observèrent lourdement, sans rien dire.

Je partis en pressant le pas. L'on ne savait jamais s'ils changeaient d'avis et décidaient de me plaquer au sol en me menottant.

Je sortis du commissariat, et dépliai ma carte en analysant les métros et autres chemins à prendre pour rejoindre Dan.

Il se faisait tard. Le soleil se couchait. Si je ne faisais pas vite, je raterais l'occasion de lui parler pour aujourd'hui. Je pressais donc le pas, une fois de plus.

Quand je fus arrivée, il était tout seul, cette fois. Dans la pièce, il n'y avait que lui et moi. En plus des quelques gardiens postés pour notre sécurité.

Dan m'accueillit avec un regard froid et les bras croisés.

— C'est à cette heure-ci que tu viens ? Comment tu veux que je commence ma routine du soir si tu décides que tu peux me voir à n'importe quelle heure de la journée et de la nuit sans mon consentement ?

— Écoutez, mon cher frère, j'en suis désolée...

Il perdit son air sombre. Dan m'interrompit en s'esclaffant.

— Attends, attends, c'est trop drôle. Tu pars en m'insultant de monstre ou presque, et il te suffit d'une petite vidéo effrayante pour que tu reviennes me supplier en nous rapprochant par des thèmes liés à la famille ! C'est excellent, ça ! C'est encore plus drôle que les one man shows pas drôles des gardiens.

Le gardien en question feignait de ne pas entendre, mais était visiblement perturbé par ce jugement de valeur.

Quant à moi, je rougis. Je n'avais pas réalisé que j'avais autant changé de ton. Mais après tout, il avait raison. Je n'allais pas lui mentir non plus.

— Je suis désolée. J'ai honte d'agir comme une profiteuse. Le fait est que cet après-midi, je n'avais pas du tout envie de chanter vos vertus.

Il acquiesça.

— Ça se comprend. On ne peut pas aisément oublier mes crimes. Je peux oublier le tien, par contre. Bon allez, je ne vais pas faire durer ça toute la nuit. Dis-moi comment je peux t'aider.

— Eh bien, je pense que si vous possédez des écrans, ou si vous profitez tout simplement des écrans de vos gardiens, vous avez pu voir que Paris est sens dessus dessous.

— En effet. Et cette femme fait fort. Non seulement elle a diffusé ses meurtres en live à la télévision, mais en plus, elle t'implique explicitement dans un défi. C'est audacieux, original, et presque beau, en quelque sorte. Sa plume a plus de finesse que moi, c'est indéniable.

Béret Écarlate et le Cirque à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant