Chapitre 40

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Les Petites Mains allaient se rebeller. Sous la coupe d'Estelle, elles se révolteront.

Il n'y avait aucun moyen qu'Estelle laisse une telle Tragédie se dérouler. Béret Écarlate ou pas, elle n'allait pas attendre la venue du protagoniste de l'histoire pour la sauver. S'il y avait absolument besoin d'un personnage principal, ça serait elle, dans ce cas.

Elle avait ces envies de grandeurs, mais il ne restait plus que le plan qui lui permettrait de remporter la partie.

Estelle se creusa la tête, encore et encore jusqu'à ce qu'elle eût besoin de faire les cent pas pour processer le trop-plein d'idées. Fabienne déteignait sur elle, on dirait.

Puis une idée vint.

Elle colla son oreille à la porte de la Marionnettiste, puis se mit à sourire.

Elle prit ses talons à son cou et courut dans les couloirs jusqu'à ce qu'elle se trouve devant la pièce où Beth avait enfoncé la Taupe.

Elle ouvrit la porte et le découvrit, qui somnolait toujours. Elle devrait être sacrément forte, la Beth.

Malheureusement pour lui, c'était la fin de sa sieste.

Estelle lui donna une bonne tape sur la tête. Il se réveilla en sursaut.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Ne me frappez pas encore, sinon je vous dénonce toutes à ma Boss. Toutes !

— Aah, enfin tu te réveilles.

Il la remarqua enfin et tenta de se défendre. Estelle s'agenouilla près de lui.

— Dis-moi, juste pour être curieuse... Tu es tout autant otage que nous tous ici, n'est-ce pas ?

— Hein ?

Il prit un air surpris. Mais ça n'allait plus lui jouer aucun tour.

— Ne fais pas semblant. Je sais qu'il y a des otages qui travaillent pour ta boss. Déjà, il y a nous, les Petites Mains. Puis il y a aussi ceux à l'extérieur de ce coin miteux, qui obéissent à des ordres différents. Puis il y a enfin ceux qui ne sont pas pris physiquement en otage, mais qui l'ont été mentalement.

— Toi, tu portes le collier. Ça veut dire que tu es autant dans la mouise que nous.

— Mouise ? Quelle mouise ?

Estelle lui tendit son cou et lui montra son collier décoré d'une LED lumineux.

Il écarquilla les yeux.

— Ça y est. Elle vous a eu. L'ordre meurtrier t'a été donné.

— Effectivement. J'ai quelques heures pour abattre une personne qui m'est extrêmement chère. Évidemment, je ne compte pas lui toucher un seul cheveu. À moins que ce soit pour lui donner des caresses. Je préfère mourir.

— C'est plutôt noble, mais c'est ton problème, maintenant. Tu as voulu défier la Marionnettiste. Maintenant, tu dois subir.

Estelle ricana. Son plan se dessinait de plus en plus précisément.

— Tu sais... euh... je ne sais toujours pas comment tu t'appelles ?

— C'est pas important. Tu meurs bientôt.

Il ne lui dit pas cela avec une voix dédaigneuse, au contraire, il y avait presque une pointe de tristesse dans sa voix.

Ce n'était pas la voix d'un monstre se délectant de la mort de compagnons. C'était la voix blasée d'une ancienne Petite Main qui avait vu, l'espace de quelques jours, beaucoup trop de vies se briser devant ses yeux.

Béret Écarlate et le Cirque à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant