Chapitre 10

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Je m'étire, les yeux embrumés de sommeil et abandonne mon lit à regret. Il est dix heures (vu l'heure à laquelle je me suis couchée hier, je me suis autorisé une grasse matinée) et je dois faire les comptes de la soirée, poster une annonce en ligne pour engager un dealer à la table de poker. Pas un vendeur de drogue, j'en ai déjà une dizaine qui fréquentent mon bar, mais j'ai appris sur internet qu'on appelait « dealer » l'homme ou la femme qui distribuait les cartes et qui dirigeait une partie de poker. Je me sers un bol de céréales et m'installe devant mon ordinateur. Que j'aime la technologie ! Toutes les commandes de la veille ont été enregistrées sur un tableur. En quelques clics, j'obtiens la recette de la veille et manque de m'étouffer devant le montant. En sachant que je ne paye pas l'eau et l'électricité de ma poche et que je n'ai pas de loyer, étant donné que je suis propriétaire, je n'ai que mes employés à payer, ce qui me fait un très gros bénéfice. Je quitte le tableur et commence à écrire l'offre d'emploi. Je n'en reviens pas que les dépenses pour la décoration du bar soient déjà couvertes. Il faudra que je passe au distributeur automatique pour retirer l'argent que je dois à Gabriel. Alors que je viens de poster l'annonce, je reçois une notification sur mon portable. C'est un numéro inconnu qui me demande de descendre. Je m'habille en quatrième vitesse et attrape mes clés au vol avant de dévaler les escaliers comme une furie. Je déverrouille les portes et tombe nez à nez avec Mattias. Ce dernier ne se gêne pas et me pousse presque en entrant.

- On va récupérer la cargaison, dit-il, elle doit quitter Paris ce matin.

Trois hommes entrent à leur tour mais contrairement à leur patron, ils me saluent respectueusement avant de suivre Mattias au sous-sol.

- Je vais installer une serrure à code Mattias. Dès que je l'aurais je te l'enverrais.

- Pour toi c'est Monsieur, me répond-il sèchement, et il te faut l'accord du parrain ou d'un de ses fils.

- J'ai l'accord de Gabriel, Monsieur.

Difficile de mettre plus de dédain dans ma voix. Mattias se retourne, furieux et me rejoins en trois enjambés.

- Méfie-toi, Mia, murmure-t-il, je peux ordonner ta mort en un claquement de doigt. Alors si tu tiens à la vie, je te conseille de ne pas faire ta maligne. Est-ce que c'est clair ?

Je devrais avoir peur, mais, comme avec Gabriel, je ne peux pas m'empêcher de le provoquer. Je le fixe droit dans les yeux et murmure à mon tour :

- Et... juste pour savoir, que penserait Gabriel si tu me tuais ?

Je le vois serrer les dents et jeter un coup d'œil dans la rue. La seconde suivante, je me retrouve au sol, une main sur la joue. Un second coup me fait expulser tout mon air et le troisième me fait perdre connaissance.

+++

Quand je rouvre les yeux... pardon : quand je rouvre mon œil valide, je constate que les hommes de Mattias ont presque terminé leur travail. Ils me regardent, un air désolé sur le visage mais aucun d'eux ne vient me porter secours, Mattias a dû le leur interdire. En parlant du loup, le voilà qui rapplique. Il me donne un coup de pied dans le menton et sourit en m'entendant gémir. Il m'attrape par les cheveux et me force à lever la tête.

- La prochaine fois qu'il te viendra à l'idée de me provoquer, murmure-t-il, dis-toi bien que celui qui a le pouvoir, ici, c'est moi.

- Et tu t'imagines qu'elle va t'obéir après ce que tu lui as fait, petit-frère ?

Je souris en reconnaissant Gabriel. Mattias, rouge de colère, se tourne vers son frère avec un air de défi.

- Elle a intérêt à m'obéir, sinon ça lui coûtera sa langue.

Stone Heart MafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant