Chapitre 14

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Lorsque je rouvre les yeux, nous sommes toujours en l'air, au-dessus des nuages et de la terre. Je m'émerveille du spectacle qui se déroule sous mes yeux (parce que, oui, je me suis arrangée pour être côté hublot) et savoure l'aurore et ses couleurs pastel. Gabriel somnole dans le siège d'à côté et je résiste à l'envie de le réveiller tant l'aurore est magnifique. Je profite de ce spectacle inédit, seule (ou presque), en paix avec moi-même avec l'impression que le temps est suspendu. Comme si plus rien n'avait d'importance. Les autres passagers s'éveillent les uns après les autres et les hôtesses passent dans les allées avec des chariots pour le petit-déjeuner. Il est six heures du matin et il nous reste encore cinq heures de vol. en début de trajet, nous avons dû faire une escale et monter dans un autre avion en direction de Caracas, la capitale du Venezuela.

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- Y'a pas à dire, ça fait du bien de se dégourdir les jambes !

Je m'étire en attendant que nos valises soient sorties de l'avion. Par mesure de sécurité, nous avons gardé les deux valises contenant les deux milliards en guise de bagage à main. Au cas où la compagnie aérienne perdrait nos bagages en route...

- C'est quoi la suite du programme Gab ?

- Comme à Naples : chauffeur, hôtel, banque, avion, pays suivant et on recommence.

En parlant de chauffeur, je le vois arriver vers nous. Même routine qu'à Naples, avec Guilian, à ceci près que Juan, notre chauffeur, est muet. Avec Gabriel, il parle en langue des signes mais comme Gabi a « quelque chose d'important à régler », je me retrouve seule avec Juan, sans savoir comment il va pouvoir me répondre. A ma grande surprise, il sort un petit carnet bleu de sa poche et un stylo. Il griffonne rapidement quelque chose dessus et me le montre :

« Je peux te répondre en écrivant »

Alors ça, c'est pratique ! Tandis que nous marchons vers la voiture, Gabriel nous ayant dit de ne pas l'attendre, je questionne Juan sur le pays, les coutumes locales et les particularités du Venezuela. Il me répond avec un grand sourire, sans doute heureux de pouvoir partager ses connaissances avec moi. Une fois dans la voiture, Juan démarre et me tend une enveloppe blanche quelques minutes plus tard.

- Merci Juan.

Je sais déjà ce qu'il y a dedans : ma nouvelle identité et celle de Gabriel. Carmen Rodriguez. Comme pour la mission à Naples, Gabriel a gardé son vrai prénom. En ce qui me concerne, je trouve que Carmen est un prénom très beau. Juan stationne devant l'hôtel et m'écris qu'il va aller se garer un peu plus loin pendant que je récupère la clef de ma chambre. Je sors de la voiture, avec les valises qui valent deux milliards bien sûr, et entre dans l'hôtel.

Jamais au grand jamais je n'avais vu un endroit aussi luxueux que cet hôtel. Tout y est impeccable du sol au plafond et j'ai peur de me faire virer si je fais une trace de cirage sur le sol de marbre.

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Gabriel ne s'est pas montré de la soirée et ça ne me plait pas. Juan a tout fait pour me distraire mais sans grand succès. Je ne suis pas inquiète pour Gabi, plutôt de savoir ce qu'il est parti faire. J'ai la sensation étrange que Juan, qui m'a pourtant assuré qu'il ne savait rien, me cache quelque chose au sujet de Gabriel. A tous les coups, le parrain lui a confié une mission de « récupération d'informations » annexe à celle que nous accomplissons déjà. Je hausse les épaules en me glissant sous mes draps : au pire, je poserais la question à Gabi demain matin.

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Un murmure me réveille. J'ai la présence d'esprit d'attraper un peignoir avant de sortir de ma chambre. Gabriel et Juan se disputent à voix basse. Juan signe à toute vitesse et je ne comprends rien à ce qui se passe. Un détail pourtant, confirme mes craintes et retient mon attention :

Stone Heart MafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant