Chapitre 40

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Ça fait maintenant deux ans que nous vivons au Viêtnam. Liam et Tiago font les cours par correspondance, ils travaillent le matin et s'entraînent l'après-midi avec Dex, Quentin et Guilian. Mattias et moi avons fini par recueillir suffisamment d'informations pour mettre au point un plan pour faire sortir Gabriel de prison. J'ai également retrouvé la famille qui a accueilli Matilde et préparé une mission annexe pour la récupérer en toute « légalité ». Grâce à quelques faux papiers vraiment bien imités, récupérer la petite fille sans se retrouver avec une alerte enlèvement sur les bras devrait être un jeu d'enfant. Mes fils sont devenus de vrais petits combattants et j'ai même accepté qu'ils participent à un concours d'art martial. Ils ont fini deuxièmes et j'avoue que je suis très fière d'eux. Ils sont devenus plus forts depuis l'emprisonnement de Gabi. C'est ça qui me rends fière. J'ai le sentiment que je les ai bien préparés aux éventualités de la vie criminelle. Leur destin est tout tracé : ils reprendront « l'affaire familiale » après Gabriel et moi. Ils sont les héritiers de la mafia.

+++

- Plus vite Tiago.

J'assiste à l'entrainement de mes fils, comme tout les après-midis et souris en remarquant à quel point mes fils ont changés. Ils ont huit ans maintenant et excellent aux sports de combats et aux jeux de stratégie. Dex, Quentin et Guilian ont fait du très bon travail. Mattias et Sally ont proposé de garder les garçons pendant les opérations en Italie ce à quoi j'ai répondu par l'affirmative. Quand Tiago et Liam ont sut qu'ils allaient passer deux mois avec « tonton Mattias » et « tatie Sally », ils ont sauté de joie. Mattias m'a promis de veiller à ce qu'ils poursuivent leur entraînement ainsi que leurs cours.

- Allez Titi, du nerf quoi ! On dirait une fillette.

- Hep là, intervînt-je, Liam Malatesta retirez tout de suite vos paroles ou vous serez sanctionné !

- Pardon maman.

Je suis comme ça : quand je gronde mes fils, je les vouvoies et les appelles par leur titulature complète. En général, c'est un indicateur de la gravité de la bêtise.

- Respecte les demoiselles, lance Dex, elles peuvent se montrer plus fortes et plus malignes que certains hommes.

- Compris !

- Par contre Tiago, ton frère a raison : met plus de fermeté dans ton coup de poing sinon tu te blesseras toi, au lieu d'amocher ton adversaire.

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Guilian et Quentin ont emmené les enfants dans un parc pour l'épreuve mensuelle de running. Dex et moi nous sommes invités chez Mattias pour peaufiner les derniers détails de notre plan.

Tiago

- Partez !

Mon frère et moi démarrons en trombe le plus vite possible. Nous avons grandi et mûris depuis que papa est en prison. Maman dit que ça nous a rendus plus forts. Avec le temps, j'ai appris à me méfier des caméras de surveillances, à déterminer si quelqu'un me suit et comment le semer. Je me suis endurci et j'ai appris que même les plus sages peuvent se tromper. Seul l'instinct est véridique. Dans les moments d'urgence, il n'y a que lui qui peut vous sauver la mise. J'accélère un peu et passe la ligne d'arrivée un quart de seconde avant Liam. Après une courte pause, mon frère et moi nous remettons en position pour la revanche. Nous prenons cela pour un jeu mais nous savons parfaitement qu'un jour, l'enjeu sera notre vie.

Liam

Titi et moi courons toujours côte à côte et c'est seulement lors du dernier droit que nous nous déclarons officiellement la guerre. Une ligne d'arrivée, un seul gagnant. Aujourd'hui, nous avons chacun gagné une fois. Pour nous récompenser, et aussi parce que c'est l'heure du goûter, Quentin et Guilian nous emmènent chez un glacier.

- Bon, on est bien d'accord les garçons, nous lance Dex, pas un mot à maman au sujet des glaces !

Tit et moi hochons la tête avec le sourire angélique hérité de notre père que maman aime tant. Pour elle, ce sourire représente l'espoir. Pour Dex, Quentin et Guilian par contre, il représente le sale coup que Tiago et moi nous apprêtons à leur jouer !

Mattias

Elle ne cesse de répéter que ses fils se sont endurcis mais elle oublie que c'est grâce à elle. Mia les a tellement bien préparés que quand je vois mes neveux, j'ai l'impression de voir de jeunes adultes alors qu'ils n'ont que huit ans. Mia aussi a changé depuis notre première rencontre. Il faut dire que j'ai un peu plus d'estime pour elle qu'au départ. Elle possède toutes les qualités d'un leader et se montre extrêmement réfléchie et adroite. Elle envisage toutes les éventualités, même celles qui paraissent improbables, et trouve toujours un moyen de les surmonter. A chacune de nos réunions clandestines, je me dis que si Gabriel ne s'en sort pas au cours de l'opération, Mia sera parfaitement apte à gérer le trafic toute seule.

Mia

Le problème avec Quentin et Guilian, c'est qu'ils adorent mes fils. C'est un problème parce qu'ils cèdent à presque tout, même quand je dis non. Tiago a volontairement signalé qu'il avait déjà goûté, ajoutant même que sa glace était succulente... Je vous laisse imaginer la tête qu'ont fait les deux gardes du corps en l'entendant. Liam se tord de rire et Tiago leur lance le sourire de l'innocence l'air de dire : « Oups, c'était un secret ? ». Je souris dans mon for intérieur et envoie les garçons jouer dans leurs chambres. Ces filous ont déjà fait leurs valises pour aller chez Mattias. Quant à moi, je m'en veux chaque jour de les abandonner ici, à huit mille kilomètres de Naples. Mais je n'ai pas le choix : si la mission « Liberté » échoue, il ne restera plus que mes fils pour reconstruire notre empire. Mattias a promis de les aider si cela arrivait et je lui fais entièrement confiance. Je soupire et congédie Guilian et Quentin d'un geste. En passant devant les chambres de mes fils, je constate avec soulagement qu'ils sont accaparés par leur partie d'échecs. Je gagne ma chambre et sors la valise que je cachais sous mon lit. Je la remplis au maximum en laissant une place pour le paquet que Sally m'a apporté une heure plus tôt. C'est un nouvel équipement de couteaux-gadget emballé dans du papier aluminium, idéal pour contourner les scans au rayons-X de l'aéroport. Nos espions envoyés en Italie nous ont rapportés que la moitié des gardiens de la prison ou sont enfermés Gabriel et nos hommes, vont partir en formation et ne reviendront pas avant trois semaines. Ça nous laisse une grande marge d'action mais il ne faut pas traîner. Les gardiens partent ce soir et moi, je prends l'avion pour retourner à Naples.

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La limousine démarre tandis que je pleure toutes les larmes de mon corps. Liam et Tiago n'ont pas versé une larme devant moi mais je sais qu'ils doivent maintenant être dans le même état que moi. Je ne supporte pas de m'éloigner d'eux. Gabriel est déjà hors de ma portée et je souffre terriblement de son absence. Je me console en me disant que je laisse mes fils au Viêtnam pour le retrouver mais j'ai l'impression de les abandonner pour toujours. Dex, Guilian et Quentin respectent ma douleur et n'ont pas dit un mot. Idem pour notre chauffeur qui nous conduit à l'aéroport. Le trajet est court, a moins que je ne me sois endormie quelques instants, et nous nous retrouvons devant l'imposante façade de l'aéroport plus rapidement que je ne l'aurais voulu. Je sors de la voiture bien à contrecœur, mon sac à dos sur une épaule et me dirige vers le tableau des départs. Mes trois chevaliers-servants me rejoignent une minute plus tard avec nos valises. Je leur lance un regard moqueur : on dit que les femmes déménagent quand elles partent en vacances mais je n'ai qu'un sac à dos et une valise tandis que mes gardes du corps en ont trois chacun plus un bagage à main !

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Une fois dans l'avion, je dois me faire violence pour ne pas sortir en hurlant. Partir sans mes enfants me dévaste à tel point que je crains de devenir folle. Je soupire et décide de me changer les idées en regardant un film. C'est parti pour onze heures de vol en direction de Rome. De là, nous utiliserons les fausses identités fournies par Mattias pour prendre un train qui nous emmènera à Milan, où sont retenus Gabriel et la plupart de nos hommes. Guilian ronfle déjà dans le siège d'à côté. Je devrais essayer de dormir mais je sais que je n'arriverais pas à fermer l'œil tant que ma famille ne sera pas réunie.

Stone Heart MafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant