Stone Heart Mafia

Chapitre 26

Trois jours plus tard, un commando d'élite arriva pour emmener Mattias en Autriche. Je le regarde monter dans le fourgon, pieds et poings liés par de lourdes chaînes. Ça me rassure de le voir comme ça : on n'est jamais trop prudent. Il me fait un clin d'œil provocateur avant de disparaître derrière les portes du fourgon. Compte tenu de la foule autour de moi, je mets un point d'honneur à ne pas trembler. Gabriel s'en aperçoit et passe un bras autour de mes épaules pour me raffermir. Le camion démarre et disparaît de ma vue une dizaine de minutes plus tard.

- Va te reposer, me souffle Gabriel, tu as eu beaucoup d'émotions.

Il fait signe à Angelo qui me raccompagne à l'intérieur. Enzia me suit en silence. Je me réfugie dans ma chambre, complètement désorientée. Mattias est parti, il n'y a plus de danger. Enzia me prend dans ses bras.

- C'est fini Mia, il est parti.

- Je vais chercher Gab, lance Angelo, reste ici Enzia.

Elle hoche la tête et Angelo sort en courant.

Gabriel

Quand je le vois arriver en courant comme un fou, je comprends qu'elle ne va pas bien.

- Angelo, prend ma place. On doit démanteler le cartel ennemi coûte que coûte. Tu as carte blanche.

Je file retrouver Mia. Quand je frappe à la porte, c'est Enzia qui m'ouvre. Je suis rassuré de savoir qu'Angelo ne l'a pas laissée toute seule. Mia est allongée sur notre lit et me tourne le dos. Enzia sort sans bruit et je m'approche de Mia. Elle tremble. Je la prends dans mes bras et lui caresse les cheveux. Ça marche toujours pour la rassurer.

Mia

Je fais semblant de dormir mais je sais que Gabriel ne se fera pas avoir. Je me blottis contre lui et soupire de soulagement. Rassurée de le savoir près de moi, je m'endors, calmement.

+++

Ça fait un mois que Mattias est parti et le clan ennemi est pratiquement démantelé. Gabriel et moi avons trouvé le moyen de nous battre entre clans sans impliquer les civils dans notre guerre. Angelo a lancé plusieurs cyber-attaques la semaine dernière et nous avons vendu ces informations à la police. Il ne reste plus qu'une tête à faire tomber et c'est tout le réseau qui part en fumée. Mattias avait bien préparé son coup : même s'il s'est fait attraper, il a laissé des instructions derrière lui pour continuer de nous pourrir la vie. Mais tout cela est bientôt terminé. Une chose m'inquiète cependant et c'est pour cette raison qu'Enzia et moi allons rendre visite à Thomas, le médecin familial des Malatesta. D'ordinaire, j'aurais demandé à Gabriel ou à Angelo de m'accompagner mais là, c'est un cas de force majeure et je ne voulais ni de l'un, ni de l'autre pour ce rendez-vous médical.

Comme toujours, je passe devant tout le monde dans la salle d'attente et Thomas nous fait entrer en nous saluant respectueusement.

- Alors Madame (oui maintenant il m'appelle madame), dites-moi ce qui vous amène en cette si belle matinée.

- J'ai un souci qui dure depuis un petit moment...

- C'est-à-dire ?

- Bon : ça fait trois semaine que j'aurais dû avoir mes règles mais elles ne sont toujours pas là.

Enzia me regarde, sidérée. Je voulais la mettre au courent avant la consultation mais je n'ai pas pris le temps de le faire dans la voiture.

- Ah, sourit Thomas, c'est un problème qui n'en est pas vraiment un, n'est-ce pas ?

- Oui, enfin comme ça m'est déjà arrivée de les attendre pendant plus de deux mois, je voudrais être sûre.

- Tu sais que tu peux faire un test, me lance Enzia.

- Je sais oui, mais je n'ai pas que ça comme problème...

+++

J'inspire à fond et profite des derniers rayons du soleil sous mon saule pleureur. J'ai un secret. Je sais depuis quand. Mais j'ai peur d'en parler. Gabriel m'a rejointe sous le saule. J'ai peur de lui dire. Je suis blottie dans ses bras et observe le coucher de soleil sur le lac.

- Gabi ?

- Oui ?

Comment je vais lui dire, comment je vais lui dire ?

- Ça te plairait d'être papa ?

Il se tourne vers moi.

- Pourquoi ?

- Non pour rien, je...

Je m'arrête un moment avant de poursuivre, le sourire aux lèvres :

- Je suis enceinte.