Chapitre 16 :

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Lando;
Le Castellet, 18h08, dimanche 24 juillet

Je sors de ma monoplace avec une déception palpable, une habitude qui me pèse. La constante 7e place me frustre. J'aimerais tellement être plus haut dans le classement, mais ça semble hors de portée, et ça me bouffe. Je me déteste un peu plus à chaque fois. Le désespoir se mêle à l'auto-dépréciation, générant un sentiment de haine envers moi-même pour ne pas réussir à atteindre mes aspirations sportives.

Alors que je traîne ma déception vers ma driver room, une silhouette brune m'interpelle. Mon désir de solitude est palpable, mais elle persiste, attrapant fermement mon bras. Mes émotions me submergent, les larmes menacent de trahir ma frustration. Sans attendre, Charlotte perçoit ma vulnérabilité naissante et m'entoure de ses bras, créant un cocon réconfortant. La chaleur de son étreinte adoucit quelque peu le tourbillon d'émotions négatives qui m'envahit.

La douce caresse de la niçoise glisse tendrement sur mes cheveux, et je m'autorise enfin à libérer quelques larmes dans le creux de ses bras. Aucun mot n'est échangé, aucun commentaire n'est formulé. Elle ne me juge pas, ne cherche ni à me dénigrer ni à me féliciter. C'est exactement ce dont j'ai besoin en cet instant : sa simple présence, un réconfort silencieux qui apaise les tourments de ma déception.

Entre deux sanglots contenus, je lui murmure, "C'est juste frustrant, tu sais ? J'ai l'impression de piétiner, de ne jamais dépasser cette fichue 7e place."

Elle resserre son étreinte, exprimant un soutien sans faille. "Tu es vraiment trop dur envers toi-même. Tu n'es pas une machine. S'il te plaît, arrête de te blâmer. Tu as donné tout ce que tu pouvais, et je suis extrêmement fière de toi."

Je hoche la tête, appréciant ses paroles réconfortantes. "Je sais, mais j'ai tellement envie de plus. De montrer que je peux être là-haut."

"Et tu le peux, Lando, je crois en toi. Mais patiente encore un peu, ton tour viendra, j'en suis certaine".

Ses mots résonnent en moi, et je sens un mélange d'émotions, de la tristesse persistante mais aussi une lueur d'espoir. Dans le silence qui suit, je réalise à quel point sa simple présence a le pouvoir d'apaiser mes tourments intérieurs.

***

Quelques minutes après la course, je me retrouve une fois de plus contraint de me plonger dans les interviews. Cette corvée me pèse, surtout lorsque je suis conscient que ma performance en piste a laissé à désirer. Le poids de la déception se mêle à mon aversion pour ces moments post-course.

Les projecteurs des caméras semblent plus éblouissants que jamais, accentuant l'amertume de ma défaite. Les journalistes, imperturbables, lancent leurs questions, cherchant des réponses à une course qui s'est échappée entre mes doigts.

"Comment expliquez-vous cette performance, Lando?"

"C'était un jour difficile sur la piste. Parfois, les choses ne se déroulent pas comme prévu." Je tente de masquer ma frustration derrière un sourire forcé.

La voix de Charlotte résonne dans ma tête, "Ne sois pas trop dur envers toi-même." Mais chaque mot que je prononce semble alourdir le fardeau de ma déception.

Une journaliste, insensible à mes émotions, insiste : "Quels sont vos projets pour vous améliorer dans les prochaines courses?"

"Je vais analyser mes performances, travailler avec l'équipe, et revenir plus fort." La réponse me semble floue, les mots peinant à masquer ma détermination.

Pourtant, derrière les réponses préfabriquées, persiste le désir brûlant de faire taire les doutes, de revenir sur la piste et de prouver à moi-même que je suis capable de bien plus.

Le cœur à 300 à l'heure Où les histoires vivent. Découvrez maintenant