Le cœur à 300 à l'heure

Chapitre 19 :

Charlotte;
Italie, 14h03, jeudi 11 août

Depuis le passage du Grand Prix de France, il s'est écoulé près de trois semaines et je n'ai pas renoué avec l'atmosphère d'un circuit depuis.

Durant cette période, j'ai délibérément centré mes efforts sur mon bien-être, motivée par le puissant désir de me retrouver pour ma fille. Une réalisation gratifiante s'est installée : je n'ai pas touché à une goutte d'alcool, et cette sobriété m'inspire une certaine fierté.

Cependant, la partie émotionnelle de ma vie devient de plus en plus complexe. Mes cauchemars prennent de l'ampleur, me réveillant systématiquement au cours des nuits pour vomir.

Mon appétit a également disparu, et en l'espace de seulement trois semaines, j'ai perdu plus de 10 kilos. Mon physique s'est métamorphosé au point où ma maigreur pourrait aisément me faire confondre avec un squelette.

Malgré cette transformation physique, je m'efforce de me rappeler que l'élément positif réside dans ma résistance à la tentation de l'alcool.

En ce moment, je suis à bord de la voiture de Charles, qui, m'avait envoyé un message 3 semaines plutôt, et qui a réussi à me convaincre d'envisager une nouvelle orientation dans le monde de la Formule 1. Bien que mes anciennes peurs concernant les circuits aient disparu, l'idée de consacrer mes journées entières à cet univers ne m'enthousiasme guère. J'étais plutôt satisfaite de simplement accompagner mes amis lors de leurs courses.

Cependant, les pressions financières en fin de mois ont forcé une réévaluation de ma position. La nécessité d'un salaire plus substantiel a finalement eu raison de mes hésitations. Après tout, je me dis que je peux essayer cette nouvelle aventure, et en cas d'échec, trouver d'autres opportunités professionnelles.

Notre destination actuelle est le Scuderia Ferrari Club, où je vais rencontrer Mattia Binotto. Bien que je ne le découvre pas vraiment pour la première fois, je vais devoir passer un entretien avec lui, en vue de potentiellement obtenir le poste d'ingénieur de course. Malgré l'absence de formation formelle dans ce domaine, mon meilleur ami est convaincu que mon passé me confère une connaissance suffisante du sport pour espérer décrocher ce poste.

Alors que nous atteignons notre destination, le stress commence à m'envahir, une inquiétude palpable. Charles le remarque et pose réconfortamment sa main sur la mienne.

"Tout va bien se passer, Charlotte," me dit-il.

"Je n'ai aucune formation dans ce domaine, Charles. Je ne comprends pas pourquoi ils me choisiraient. C'est un métier exigeant," je lui confie.

"S'il a décidé de te rencontrer aujourd'hui, ce n'est pas anodin," répond Charles avec assurance. "Mattia ne t'aurait pas fait venir jusqu'ici pour te dire que tu n'es pas qualifiée pour le poste. Il y a quelque chose en toi qui l'a intrigué, crois-moi."

Respirant profondément, j'essaie de calmer mes nerfs alors que le pilote m'accompagne vers le bâtiment. À l'intérieur, l'atmosphère est imprégnée de l'essence de la passion pour la Formule 1. Nous sommes rapidement dirigés vers le bureau de Mattia Binotto.

En entrant, je suis accueillie par le regard sérieux mais bienveillant de celui-ci.

"Charlotte, je t'en prie, assieds-toi," m'invite Mattia tandis que je prends place en face de lui. "Je suis très heureux de te revoir. Comment vas-tu ?" Je perçois dans sa voix une attente qui va au-delà des simples formules de politesse.

"Je vais bien, je continue ma vie, même si c'est difficile," je réponds sobrement, consciente que mes mots ne résument qu'une fraction de ce que je ressens.