Chapitre 1 :

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Charlotte;
Monaco, 14h30, dimanche 29 mai 2022

À moins d'une demi-heure du début de la course, je devais avouer que mon anxiété n'avait pas encore trouvé de répit, malgré les encouragements répétés de Charles, qui insistait sur le fait que je devais avancer et que tout se passerait bien.

Maïna avait décidé de partir explorer le paddock en compagnie de Kika, ma meilleure amie et la petite amie de Pierre. Pour ma part, je n'avais pas eu le courage de les accompagner. Au lieu de cela, j'avais préféré prendre un moment pour moi, dans l'intimité de mes pensées, pour rassembler mes émotions et me préparer mentalement à la suite des événements.

Les souvenirs du passé semblaient peser lourdement sur mes épaules, et je devais puiser en moi la force nécessaire pour les affronter.

"Landooo!" Charles s'exclame avec un enthousiasme contagieux. "Tu tombes bien, je voulais te présenter quelqu'un." Le Monégasque s'approche de moi, accompagné du britannique arborant fièrement l'uniforme McLaren. "Charlotte, je te présente Lando." dit Charles avec une franche cordialité. "Lando, voici Charlotte, ma meilleure amie."

Nos mains se serrent, et je remarque que Lando semble subitement figé, son regard plongé dans le mien.

"Est-ce qu'on se connaît ?" demande-t-il, perplexe. Je secoue la tête en signe de négation. "Pourtant, tes yeux... j'ai l'impression de les avoir déjà vus." ajoute-t-il, cherchant des réponses dans mon regard.

Charles, avec sa délicatesse habituelle, intervient en expliquant : "C'est... hum, la sœur de Jules." Son visage trahit à peine la tristesse qu'il ressent.

"Tu es la sœur de Jules ?" demande Lando, sa voix empreinte d'une sincère curiosité. J'acquiesce d'un signe de tête, n'ayant pas le courage de répondre verbalement. "C'est dingue, vous avez exactement les mêmes yeux" Un sourire chaleureux s'installe sur mon visage, réellement touchée par ses mots.

***

La course vient de débuter, et mon anxiété atteint des sommets. La peur m'envahit, une peur viscérale que l'horreur se reproduise. C'est comme si je devais revivre cet enfer, comme si le passé refusait de me lâcher. Mes mains tremblent violemment, et même assise, je sens que mes jambes vont céder sous le poids de cette terreur.

Lorsqu'on me tend un casque pour écouter les conversations radios, je le repousse poliment. J'ai trop peur d'entendre à nouveau ces sons, ces mots, qui sont ancrés dans ma mémoire. Ses cris déchirants, ses appels à l'aide... tout cela résonne encore en moi. La peur me paralyse, et je sens que mon souffle se fait court.

La course s'intensifie sur la piste, chaque moteur hurlant comme un écho sinistre de ce que j'ai vécu il y a sept ans. Les souvenirs du passé me submergent, me laissant impuissante face à la terreur qui m'envahit. Mes mains tremblent toujours, et je suis incapable de les apaiser, même en les serrant l'une contre l'autre.

Au 27e tour, l'impensable se produit. Le pilote de l'équipe Haas perd brusquement le contrôle de sa monoplace. L'impact est d'une violence inouïe, et lorsque sa voiture heurte les barrières Tecpro, elle se sépare en deux, comme si la mort en personne avait tranché sa destinée. Un cri d'horreur silencieux retentit dans l'écurie, et je suis tétanisée, pétrifiée par l'image de ce désastre.

Les secondes qui suivent semblent durer une éternité. Alors que la voiture de sécurité dirige la course, je reste immobile, incapable de détourner le regard de cette vision d'horreur. Les souvenirs du tragique accident de 2015 surgissent comme un cauchemar sans fin. Ses cris de douleur, ses hurlements... tout cela résonne de nouveau en moi, ravivant la douleur et la terreur.

Le cœur à 300 à l'heure Où les histoires vivent. Découvrez maintenant