Chapitre 20 :

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Charlotte;
Belgique, 14h50, dimanche 28 août

La tension monte alors que la course s'apprête à commencer. J'ai réussi à m'en sortir lors des essais et des qualifications, mais aujourd'hui, l'enjeu est différent. Une seule petite erreur de ma part pourrait bouleverser la course de Charles.

Les 20 pilotes sont alignés sur la grille, les lumières s'éteignent, signe du début imminent de la course.

Au fil de la course, je transmets les instructions au monégasque et je me débrouille plutôt bien. Charles m'adresse des compliments à la radio, mais je reste concentrée, consciente que la moindre erreur peut tout changer.

"Tu fais du bon boulot, chacha", me dit-il.

"Je te remercie, mais recentre-toi", je réponds.

"Copy that", réplique-t-il.

La tension dans l'air est palpable pendant la course, chaque instant crucial. Après quelques tours, le drame frappe violemment. La McLaren de Lando dévie du circuit à une vitesse vertigineuse, percutant les barrières Tecpro avec une violence à couper le souffle. À 170 km/h, sa voiture s'embrase, créant une scène de chaos.

Mes mains, tremblent légèrement alors que mes yeux sont rivés sur le moniteur qui diffuse la catastrophe en direct. Le spectre de l'inquiétude plane dans mes pensées. Après quelques instants, j'arrive à reprendre mes esprits, la gorge nouée, et je n'ai d'autre choix que d'informer Charles de la situation.

"Norris vient de..." Ma voix s'étrangle une seconde, les yeux fixés sur l'écran qui montre la voiture en flammes. "Sortir de la piste..." je souffle, une certaine désolation teintant mes paroles.

"Est-ce qu'il va bien?" Charles presse, l'inquiétude palpable dans sa voix. "Charlotte, est ce qu'il va bien ?" Mes pensées tourbillonnent, confrontées à l'incertitude du moment. "Je... je ne sais pas, Charles. Sa voiture est en feu."

Mes yeux refusent de se détourner de cette vision d'horreur, de la fumée épaisse s'élevant du véhicule en détresse. Malgré l'urgence, je me tourne vers un autre ingénieur, les yeux implorants. "Je t'en supplie, va te renseigner." Celui-ci acquiesce d'un hochement de tête et s'éloigne rapidement, laissant derrière lui une atmosphère chargée d'angoisse et d'incertitude sur le sort tragique du britannique.

Le drapeau rouge s'abat brusquement, comme une claque qui fait vaciller mes dernières réserves. Dans un geste presque mécanique, je retire rapidement mon casque, laissant l'air ambiant me frapper de plein fouet. La piste est en suspens, mais pour moi, c'est le moment de rupture.

Précipitamment, je me dirige vers les toilettes, refuge temporaire où l'angoisse peut se libérer. Mes pas sont précipités, le bruit du paddock s'estompe alors que je m'enfonce dans cette enclave solitaire. Une fois à l'intérieur, le poids écrasant des dernières secondes s'abat sur moi. Je m'agenouille devant la cuvette, et le vomissement devient le déversoir de toutes les émotions refoulées.

Les larmes coulent librement sur mes joues, mêlant leur salinité à celle des souvenirs douloureux. La douleur dans ma gorge est le reflet physique de l'impact psychologique de ce que je viens de vivre. Trop épuisée pour me relever, mes jambes flageolent comme si elles ne supportaient plus le poids de l'incertitude.

Mon esprit, cependant, refuse de me calmer. Les images de la voiture en feu hantent chaque recoin de ma conscience, une boucle répétitive de terreur visuelle. Les flammes, le chaos, tout se répètent inlassablement.

Après quelques instants solitaires, une main chaleureuse se pose délicatement sur mon épaule. Je relève les yeux, flous de larmes, pour voir Charles. Il a pris le temps de me rejoindre, délaissant l'urgence de la piste pour s'assurer que je vais bien.

Le cœur à 300 à l'heure Où les histoires vivent. Découvrez maintenant