Le cœur à 300 à l'heure

Chapitre 7 :

Charlotte;
Montréal, 14h00, vendredi 17 juin 2022

J'atteins les portes du paddock et extrais fébrilement mon pass de mon sac. La main tremblante, je le scanne, passe les portiques, et m'arrête une seconde, cherchant à apaiser les battements frénétiques de mon cœur. Tout va bien se passer, je me répète en inspirant profondément.

Je pénètre dans le bâtiment, à la recherche de l'écurie de mon meilleur ami. Soudain, sans intention, je percute quelqu'un. "Tu déconnes, j'espère?" La voix du britannique me fait relever la tête, croisant son regard. "Je t'invite à venir voir la course, et tu supportes l'équipe adverse?" lance-t-il en pointant du doigt mon t-shirt rouge. "Je reviens tout de suite," ajoute-t-il avant de disparaître dans une petite pièce.

Il réapparaît avec un t-shirt orange à la main et me le tend. "Aujourd'hui, tu es pour McLaren," décrète-t-il avec un sourire. Les battements de mon cœur s'intensifient, mais il n'y a aucune peur cette fois-ci.

Le bras chaleureux du pilote viens se poser sur mon épaule, m'escortant avec une assurance rassurante jusqu'à son écurie. Malgré cette proximité, le stress semble s'accrocher à moi comme une ombre. Une fois sur place, il prend l'initiative de me présenter minutieusement à divers membres de l'équipe. Chaque introduction, bien que sympathique, est ponctuée par le battement rapide de mon cœur, signe évident de mon anxiété. Il s'éclipse ensuite momentanément pour discuter avec l'un de ses collègues, me laissant seule au milieu de toute cette foule, ne faisant qu'amplifier mon stresse.

Je m'écarte discrètement de tout ce monde, cherchant refuge dans un coin tranquille. Là, je m'assois pour retrouver mon calme. Malgré ma détermination à surmonter la peur, celle-ci persiste, provoquant des larmes que j'essaie de retenir tout en luttant pour contrôler ma respiration. Cependant, je répète en moi-même : "Je vais y arriver, je vais y arriver."

Quelqu'un s'approche de moi, s'accroupit et pose réconfortamment ses mains sur mes genoux. En relevant légèrement la tête, je croise le regard de Daniel.

"Est-ce que tu veux que je te ramène à l'hôtel Cha'?" me demande-t-il avec un sourire sincère.

"Non, je vais le faire. Je peux y arriver. Je ne vais pas avoir peur des circuits toute ma vie," je réponds en essuyant rapidement mes larmes, m'efforçant de sourire.

"C'est comme tu veux, mais ne te sens pas obligé de faire quoi que ce soit," ajoute le pilote en se levant, m'embrassant légèrement la joue avant de rejoindre son coéquipier.

Lando;
Montréal, 15h00, dimanche 19 juin 2022

Alors que je parcours le circuit, chaque virage amplifie la déception qui s'installe en moi. Mon cœur bat avec le poids de la sous-performance, et chaque position perdue me pèse comme une défaite personnelle. 15ème place, et je m'en veux profondément.

Le drapeau à damiers agit comme une cruelle confirmation de ma piètre performance. Je ressens un mélange d'amertume, de frustration et d'autodépréciation. Comment ai-je pu être aussi loin du podium ? La rage intérieure se mêle à la tristesse.

Quand je sors de la monoplace, le poids de ma déception me pousse à éviter les regards. Je me dirige vers ma cabine, l'envie de fuir cette réalité pesante. À l'intérieur, la vue depuis ma fenêtre offre une perspective cruelle sur la joie des autres, notamment celle de la brune célébrant la réussite de son meilleur ami. Un pincement au cœur, j'aurais aimé être à la place du pilote.

La solitude de ma cabine reflète la solitude de ma défaite. Chaque détail, chaque son, semble amplifié. La brume des émotions négatives envahit mon esprit, et je m'enfonce dans une réflexion douloureuse. Je me déteste pour ne pas avoir été à la hauteur, et l'image de Charlotte dans les bras du pilote monégasque résonne comme une cruelle ironie de ce que j'aurais voulu ressentir.