Dear fucking Christmas

samedi 2 décembre 2023

sauvegardé automatiquement à 5 h 42

Programme de ma journée de l'enfer :

trajet maison - gare avec Rémy : 6 h 15

train Lorraine - CDG airport : 6 h 38 arrivée 8 h 12

vol CDG à Dublin avec Aer lingus - 10 h 5-10 h 55 (1 h 50 de vol)

bus 736 (Kenneally's) vers Tramore à 12 h 30, arrivée à Waterford à 15 h 40

bus 40 (expressway) vers Cork à 16:10, arrivée à 16:50

⁂

Rémy étant Rémy, il est déjà là. Avec son anxiété, je peux compter sur lui pour être en avance n'importe où, mais du coup on est comme deux cons sur mon canapé pendant que les dessins animés défilent sur Gulli. Rémy a un café à la main (il doit en être à son troisième, le connaissant), et mon énorme valise trône dans l'entrée. On est dans l'attente, mais pas trop.

J'ai hyper mal dormi. L'excitation ? L'angoisse ? Je ne sais pas. Je dors toujours mal avant de voyager, et je sens que somnoler dans les transports ne va pas être évident. Du coup, je me suis levée une demi-heure plus tôt que prévu et finalement j'ai bouclé mes affaires avec beaucoup trop d'avance.

Je déteste ces moments, entre deux attentes. J'ai l'impression d'attendre de devoir attendre et tout mon corps vibre d'impatience.

Insupportable.

sauvegardé automatiquement à 6 h 50

Je suis dans le train.

J'ai demandé à Rémy s'il m'en voulait que je parte pour Noël. Il arrêtait pas de faire des petits commentaires passifs agressifs du genre : « Tu aurais pu t'arranger avec une de tes collègues ou je sais pas quoi. »

Rémy est fonctionnaire (il est prof de math). Pour lui, quand t'es salarié dans une grosse boîte, tu peux tout faire. Du télétravail à volonté, et tutti quanti. Il s'imagine que je peux prendre des vacances quand je veux, et autant que je veux.

Je sais pas s'il est naïf car il est le plus jeune, ou si c'est de la jalousie, mais je m'en tape, son attitude m'a gonflée, donc je l'ai confronté. C'est déjà assez relou et culpabilisant de subir mon père, j'ai pas envie de me déchirer avec lui non plus. Je suis proche de Rémy. J'adore Hugo aussi, mais il est aussi beaucoup plus vieux que nous, et c'est un papa. Il a des problèmes de daron. Je détesterai vraiment partir en Irlande en étant en froid avec mon frère et en me demandant s'il m'en veut.

Comme Rémy déteste les conflits, il a grimacé et il m'a dit que j'allais juste grave lui manquer. J'avoue, j'ai eu une boule dans la gorge, et lui, il gardait les yeux rivés sur la route en faisant bien attention à ne pas me regarder.

Rémy a aussi précisé : « En fait, j'ai peur de me retrouver entre papa et Hugo sans toi. Si je pouvais, moi aussi je partirais. Mais je pourrais jamais laisser papa tout seul. »

J'ai soupiré.

Franchement comment je pouvais répondre à ça ?

Est-ce que ça fait de moi une personne horrible d'abandonner ma famille pendant les fêtes ? Ce n'est pas comme si je ne comptais jamais revenir de toute façon. Je ne pars qu'un mois.

Honnêtement... je pensais pas que quitter ma famille serait aussi difficile.

sauvegardé automatiquement à 8 h 57

J'ai somnolé dans le train, mais je suis quand même épuisée. Heureusement, Starbucks existe, et ils ont complètement refait le duty free de Charles de Gaulle, c'est une dinguerie. C'est très chic et art déco, on ressent bien le charme à la française.